FootballAnalyse: Mais comment Zurich est-il leader de Super League?
Le FCZ reçoit Young Boys samedi (18 h) pour un choc au sommet. Champion de Suisse il y a deux ans, le club zurichois surperforme à nouveau. Décryptage.
- par
- Valentin Schnorhk
Le FC Zurich va-t-il remettre ça? La Super League est encore jeune de dix journées seulement, mais à trôner en tête du classement depuis le début du championnat, le club zurichois ravive déjà certains souvenirs d’il y a deux ans, lorsqu’il avait été sacré à la surprise générale. Et le match contre Young Boys samedi (18 h) au Wankdorf est l’occasion d’acter ce bon début de saison.
Surtout, une victoire dans ce duel au sommet donnerait encore plus de corps aux prestations zurichoises. Parce que la formation de Bo Henriksen peut compter sur une réussite totale. Les statistiques avancées assurent que le FCZ surperforme: il a inscrit 22 buts et en a concédé que 9, alors que les Expected Goals disent que les totaux auraient dû se monter à un peu plus de 16 buts marqués pour environ 14 encaissés. À l’exception d’un match (celui contre Servette à la 2e journée), Zurich a toujours été bien récompensé défensivement.
La prime, peut-être, d’une stabilité. Le onze aligné à chaque rencontre par l’entraîneur danois ne change que très peu. Des ajustements passagers, en cas de blessure, essentiellement. Peu de variances donc, mais une approche qui reste identique. Elle ressemble en partie à ce que Henriksen avait déjà mis en place en cours de saison passée, lorsqu’il avait remplacé Franco Foda après un début de saison catastrophique. Avec certains ajustements, notamment offensifs. Cela débouche sur une maîtrise qui paye, et qui se détaille.
Un football direct, mais organisé
Le football tel que conçu et mis en place par Henriksen est sans doute pragmatique. L’ancien entraîneur de Midtjylland reconnaît prendre en considération les statistiques avancées, afin de mettre en place le plan de jeu qui lui paraît le plus rationnel. Ainsi, la possession du ballon n’est pas une fin en soi. En tout cas pas. Sur le début de saison, le FCZ affiche une moyenne de 45,7% en la matière. Seuls Yverdon et GC s’en soucient moins que le leader.
Avec le ballon, Zurich a donc tendance à privilégier un football assez direct. Mais il est réfléchi et organisé pour être fonctionnel. Le système en 3-4-3 ou 3-4-1-2 s’ajuste ainsi de manière très fluide, avec certains joueurs qui se déplacent pour donner du sens à l’approche. Ainsi, à la construction, la ligne de trois tend à devenir une ligne de quatre: le central droit Kamberi offre de la largeur. Et côté gauche? Il n’est pas rare de voir l’un des deux milieux axiaux décrocher, en l’occurrence Ifeanyi Mathew.
En venant créer un surnombre côté gauche, le Nigérian permet d’effacer un peu plus facilement le pressing adverse, ou alors de faire sortir un joueur sur lui. Mais la filière courte tend à s’arrêter là: Mathew est notamment utilisé pour son habileté à allonger et, surtout, à chercher la profondeur dans laquelle les attaquants se projettent. Il est le deuxième joueur de Super League après Mergim Qarri (SLO) à avoir tenté le plus de passes en profondeur.
Cette quête des espaces dans le dos des défenses s’exprime notamment à la récupération du ballon, où Zurich essaie d’aller vite en misant sur la vitesse de Jonathan Okita, Daniel Afriyie ou Fabian Rohner. Mais sur les actions dans le camp adverse, face à une défense base, ces appels sont également valorisés. Surtout, Henriksen aime qu’ils soient effectués vers les zones d’assist préférentielles, à savoir les côtés de la surface de réparation. Les statistiques relèvent en effet que ces espaces sont les plus pertinents à exploiter lorsqu’il s’agit de centrer. Les extérieurs que sont Guerrero (remplacé par Conceiçao ces dernières semaines) ou Boranijasevic ont aussi tendance à les attaquer.
Un jeu de rotations
Dans le projet de jeu offensif zurichois, les deux extérieurs ont toujours occupé un rôle important. Par le passé, notamment lorsque le FCZ avait été champion avec André Breitenreiter, c’était principalement leur capacité à offrir de la largeur qui était mise en exergue. Cette saison, ils assument une fonction un peu plus variable. Si Boranijasevic est toujours capital dans le dernier tiers, notamment pour sa qualité de centre et, plus globalement, sa capacité à être décisif, son utilisation a été complexifiée à la construction.
Ainsi, il est très habituel de voir le Serbe prendre position dans le cœur du jeu. Cela permet déjà une chose: lorsque Mathew décroche à la relance, la présence de l’ancien joueur du LS offre un maillage plus serré du deuxième ballon, sachant que Zurich aime allonger. Autre objectif: offrir une certaine pénétration dans l’axe, mais surtout ouvrir le couloir à un des attaquants (Rohner, Marchesano ou Afriyie généralement).
Car ce FCZ se distingue notamment par son jeu de rotations. Elles existent aussi à gauche, même si le mouvement est moins systématique. Cela dépend essentiellement du besoin que peut avoir Okita (5 buts déjà) de s’excentrer. Alors Guerrero s’adapte et tend aussi à venir s’insérer à l’intérieur du jeu, où sa justesse technique peut également très bien s’exprimer. Tout cela permet à Zurich d’avoir du mouvement, tout en gardant son organisation.
La même recette défensive
Le modèle de jeu zurichois se complète aussi sans ballon. Légitime, quand on sait qu’on va l’avoir moins de la moitié du temps. Mais là, il y a une recette, éprouvée depuis la saison du titre, qui continue de fonctionner: l’idée de presser quand cela est possible, en s’orientant sur un marquage individuel dans le camp adverse. Seul le gardien est laissé libre au départ, jusqu’au moment où il tente une passe sur un côté. Alors, le FCZ a pour objectif d’y enfermer l’adversaire.
Mais la formation zurichoise n’est pas non plus un modèle d’intensité. Il faut surtout y voir une façon d’empêcher une première relance courte, et de miser sur des défenseurs efficaces dans le duel aérien, à commencer par le central croate Nikola Katic (72% de duels aériens remportés, seul le Lausannois Dussenne fait mieux en Super League). Le reste du temps, le FCZ a ainsi tendance a être un peu plus passif, ayant surtout pour idée de bloquer l’axe et de protéger le but. Cela marche: Zurich concède relativement peu de tirs. Du moins avant de défier YB au Wankdorf. Comme un révélateur.