CommentaireAprès le Covid, l’heure de l’analyse ou l’heure des comptes?
Alors que la pandémie touche à sa fin, certains rêveraient presque d’instaurer des tribunaux Covid-19… Il faudra faire un bilan, c’est certain, mais ce ne doit pas être l’occasion de prolonger les divisions.
- par
- Eric Felley
Voilà, c’est fait. La Suisse tourne une page de la pandémie Covid-19 après deux ans d’intenses débats sanitaires, économiques et politiques entre deux votations tendues. Ce n’est peut-être pas la dernière page, mais elle marque un tournant important. Dorénavant, le Covid-19 sera considéré comme une autre maladie, tout en gardant à l’esprit qu’un nouveau variant pourrait nous jouer un mauvais tour.
Des «bouquets de mesures»
La prochaine étape sera de porter un regard sur ce qui s’est passé durant ces deux années. Alain Berset a évoqué ce mercredi le temps de l’analyse: «Un travail qui prendra de plus en plus de place a-t-il dit. Nous allons devoir tirer un bilan.» Répondant à une question sur la pertinence de la task force ou du certificat, il a ajouté: «Il est relativement difficile de mesurer l’impact précis de chaque mesure, car souvent nous avons proposé des bouquets de mesures. Il est difficile d’établir l’effet de chacune, tant de pour-cent ici, tant de pour-cent là…»
Mesures «arbitraires et discriminatoires»
Aussitôt les annonces faites ce mardi, le PLR a envoyé un communiqué au ton comminatoire, comme quoi il était «impératif» de tirer les leçons de ce qu’il s’est passé ces deux dernières années: «Le Département fédéral de l’intérieur, avec le conseiller fédéral Alain Berset à sa tête, doit veiller à ce que les erreurs commises ces deux dernières années ne se reproduisent plus». De son côté l’UDC exige: «Une analyse complète de la politique Covid du Conseil fédéral en raison des dommages importants qu’elle a causée à la société et à l’économie à travers des mesures essentiellement arbitraires et discriminatoires». L’USAM exige, elle, une enquête sur la task force Covid
Reconnaissance pour Alain Berset
Durant ces deux années, les représentants de l’UDC, de l’USAM et parfois du PLR ont franchi la ligne rouge de l’indécence dans leurs attaques contre Alain Berset. Si on l’a senti parfois ébranlé, agacé et fatigué, le chef de la Santé a accompli un travail, qui mérite avant tout une bonne dose de reconnaissance. Cela aussi doit figurer au bilan. Mercredi, il a précisé que durant cette période, il avait porté à 85 reprises le dossier du Covid-19 sur la table du Conseil fédéral et 77 fois devant la presse pour en expliquer ses décisions. «Nous avons maintenu et développer des mesures aussi longtemps que c’était nécessaire pour protéger les gens de ce pays», a précisé le Fribourgeois, relevant au passage l’ampleur inédite de cette tâche.
Un antagonisme systémique
Alors, est-ce l’heure de l’analyse ou l’heure des comptes? La réponse vient du président et médecin Ignazio Cassis, qui a mis en perspective mercredi ce temps de pandémie. Selon un schéma typique, il provoque à tous les coups un antagonisme systémique dans la population partout et à toutes les époques. On retrouve «les mêmes patterns de comportement», observe le médecin tessinois, qui provoque des réactions anxieuses ou des frustrations. Souhaitons que le temps de l’analyse intègre ce paramètre historique et le recul nécessaire.
Ceux qui aspirent à régler des comptes ne feront que prolonger les effets néfastes de cette pandémie, qu’ils n’ont cessé de dénoncer.