Rugby: A Marseille, une greffe impossible pour le jeu à XV

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RugbyÀ Marseille, une greffe impossible pour le jeu à XV

La cité phocéenne est exclusivement une terre de football et la Coupe du monde de rugby n’y changera rien. Seul… le hockey y tient presque un second rôle crédible.

Robin Carrel Marseille
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Robin Carrel Marseille
Marseille, une ville de football plutôt que de rugby.

Marseille, une ville de football plutôt que de rugby.

RCA

Il ne suffit pas de placer quelques matches de rugby dans une ville de foot pour ne serait-ce qu’en bousculer la culture du ballon rond. Surtout à Marseille, où le football a toujours tout écrasé.

Plein d’autres sports ont tenté d’exister dans l’ombre de l’OM, mais ils ont presque tous dû s’avouer vaincus après quelques instants dans le ring. C’était Mike Tyson contre un enfant de 8 ans. Même d’autres équipes de ballon, comme l’Atlético de Marseille récemment, ont tenté le coup. En pure perte. Comme me l’a dit un homme en terrasse tout à l'heure: «Regarder autre chose? T’y es fou! Il y a seulement l’Ohème ici!»

Le Vieux-Port et la Bonne Mère surveillent des jeunes jouant au rugby dans une fan zone.

Le Vieux-Port et la Bonne Mère surveillent des jeunes jouant au rugby dans une fan zone.

RCA

Alors oui, il y a eu des coups d’éclat à grand renfort de grands moyens, comme le waterpolo, champion d’Europe en 2019 et 40 fois sacré au niveau national. Mais que ce soit au football américain (Marseille joue au niveau régional), au volley (en 2e division), au handball (l’OM Vitrolles a gagné la Coupe d’Europe en 1993, lui aussi), ou au basket (qui évolue en 4e division), c’est dur…

Au rugby, c’est encore plus compliqué. Le Marseille Rugby Méditerranée et le SMUC disputent le championnat de Fédérale 3, le 6e échelon national. Imaginez que le Servette Rugby Club, lui, joue en Fédérale 1!

Il y a quelques années, un projet avait bien été lancé pour tenter d’imposer le rugby à Marseille. Le club local Marseille Vitrolles, alors en 4e division, avait même fait signer la légende Jonah Lomu. Mais le Néo-Zélandais, décédé en 2015 à l’âge de 40 ans, n’était plus le même homme, à cause d’une maladie des reins qui a fini par avoir sa peau.

Jonah Lomu avec des maillots qu’il avait lui même payés.

Jonah Lomu avec des maillots qu’il avait lui même payés.

AFP

Ce week-end, alors que la Coupe du monde du jeu à XV a planté à deux reprises son grand chapiteau dans la cité phocéenne, c’est presque exclusivement le triangle Plage du Prado - Vélodrome - Vieux-Port qui est concerné. On croise bien un ou deux maillots de rugby dans une rue de traverse, mais les fans anglais, argentins, sud-africains ou écossais ont vite fait d’enfourcher une trottinette pour rejoindre les bars du centre et y retrouver une ambiance plus britannique.

Loger dans l’axe de la ville était honteusement cher et les moins fortunés ont été obligés d’aller voir ailleurs s’ils y étaient. Je ne vous raconte pas le chemin du retour pour ces gens-là, très bourrés, avec ces engins du diable à deux roues…

Un triangle pas tellement équilatéral.

Un triangle pas tellement équilatéral.

Google

Ailleurs, là où sont les «vraies gens», il faut trimer pour trouver une télévision allumée et y voir une sphère ovale dedans. Même le bistrot Le Trois Quarts, du nom des ailiers gauche et droit dans le jeu à XV, n’a pas daigné sortir le grand écran. En poussant un peu plus loin, sur la superbe place Jean-Jaurès, il faut dribbler une brocante et les tags à la gloire de l’Olympique de Marseille pour trouver enfin un débit de boissons qui permet de voir les Sud-Africains et les Écossais s’ébattre sur le pré, alors que ce match se déroule pourtant au Vélodrome, à trois bornes à vol d’oiseau. N’essayez même pas de demander aux gens d’ici pourquoi ils n’y sont pas. À plus de 100 euros la place tout en haut à gauche de l’enceinte du boulevard Michelet, la question était trop vite répondue.

Le bistrot Le Saxo a montré le match dans l’indifférence générale.

Le bistrot Le Saxo a montré le match dans l’indifférence générale.

RCA

Pourtant, un club d’une autre discipline que le foot a réussi un petit tour de force ce samedi. Une heure avant le début d’un Argentine-Angleterre horrible à regarder, un sport a frôlé les guichets fermés et il s’agit du hockey sur glace. Au Palais omnisports Marseille Grand-Est, à quelques centaines de mètres du Vélodrome, les Spartiates de Marseille ont joué leur premier match en Ligue Magnus, l’élite française, devant 5342 spectateurs, pour une patinoire de 5500 places, je crois. Les hommes de Luc Tardif et Jonathan Zwikel ont vaincu Gap (4-0), grâce à des buts de Fabien Colotti (13e et 25e), Nicolas Ruel (14e) et Lucas Colombin (30e).

Nul doute que le «POMGE» sera plein le 19 septembre prochain, pour ce qu’on appelle ici le «Glassico», à l’occasion de la réception de Cergy-Pontoise, club de la région parisienne. Bon, Marseille est monté en 1re division sur tapis vert, mais quand même, ça marche!

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