Guerre en ukraineLa guerre «défie toute raison», déplore l’ONU
L’invasion de l’Ukraine par la Russie «éloigne» l’humanité de la lutte «pour sa survie» menacée par le changement climatique, a mis en garde le chef des droits de l’homme de l’organisation.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie «éloigne» l’humanité de la lutte «pour sa survie» menacée par le changement climatique, a mis en garde vendredi le chef des droits de l’homme de l’ONU, Volker Türk. «Au moment où l’humanité est confrontée à des défis existentiels écrasants, cette guerre destructrice nous éloigne de la tâche qui consiste à bâtir des solutions pour assurer notre survie», a lancé M. Türk devant le Conseil des droits de l’homme, en conclusion d’un discours où il a également dénoncé des violations des droits humains «scandaleusement routinières» dans ce conflit déclenché par la Russie.
«Cette guerre défie toute raison. Cette folie doit cesser et la paix doit être trouvée, conformément à la Charte des Nations Unies et au droit international», a exhorté M. Türk. Partout en Ukraine, «les gens sont confrontés à des souffrances et à des pertes massives, à des privations, à des déplacements et à des destructions», a rappelé le Haut-Commissaire aux droits de l’homme.
Dommages collatéraux
M. Türk a aussi souligné les effets persistants et profonds sur le reste du monde, même dans des pays qui ne prennent part au conflit d’aucune manière. La guerre déclenchée par Moscou en février 2022 a aggravé encore une crise alimentaire qui frappait déjà des dizaines de pays dans le monde, en faisant grimper les prix des produits alimentaires mais aussi de l’énergie. Selon M. Türk elle a précipité 71 millions de personnes dans la pauvreté et en affecte 1,6 milliard d’autres.
Plus de 8400 civils tués
Les services de M. Türk - qui utilisent une méthodologie extrêmement rigoureuse pour établir les bilans humains - ont dénombré «8400 civils tués et plus de 14000 civils blessés» depuis le 24 février 2022, début de l’offensive russe. «Ces chiffres ne sont que le sommet de l’iceberg», a reconnu M. Türk, le bilan réel étant beaucoup plus élevé. Il a souligné que «la plupart des victimes résultent de l’utilisation par les forces russes d’armes explosives à large impact dans des quartiers résidentiels».
Il a résumé devant le Conseil, un rapport établi par la mission de surveillance des droits de l’homme des Nations unies en Ukraine, dont les conclusions avaient été dévoilées dès le 25 mars à Kiev, par la cheffe de la mission Matilda Bogner. Le rapport accusait notamment les forces russes et ukrainiennes d’avoir commis des exécutions sommaires de prisonniers de guerre pendant l’invasion russe de l’Ukraine.
Kiev avait alors jugé inacceptable «de mettre sur un même plan la victime et l’agresseur». Plus de 400 prisonniers de guerre, des deux côtés, ont été interrogés par la mission, a expliqué M. Türk vendredi. «L’Ukraine – à son crédit – a fourni un accès libre et confidentiel aux lieux d’internement. La Fédération de Russie, cependant, ne nous a pas donné accès, malgré de multiples demandes, ce qui signifie que les entretiens avec les prisonniers de guerre ukrainiens n’ont pu avoir lieu qu’après leur libération», a souligné le responsable onusien. «Ce manque d’accès signifie également que les nombres de cas ne doivent pas être comparés entre eux», a-t-il dit.