AntarctiqueL’Australie investit 575 millions pour contrer la Chine et la Russie
L’Antarctique suscite des convoitises. Canberra, qui en revendique 42%, lance un programme ambitieux pour y renforcer sa présence, étudier la toundra et damer le pion à Pékin et Moscou.
L’Australie a annoncé, mardi, un programme de 575 millions de dollars américains (528 millions de francs) pour renforcer sa présence et ses opérations de surveillance en Antarctique, face à l’intérêt croissant de la Chine vis-à-vis du pôle. Ce plan de financement sur dix ans donnera à l’Australie, selon son Premier ministre, Scott Morrison, «des yeux» sur le «continent blanc», en augmentant la capacité du pays à étudier et à surveiller la toundra gelée et les eaux environnantes à l’aide de drones, d’hélicoptères et de véhicules autonomes.
L’Australie a émis des revendications territoriales sur 42% de l’Antarctique, plus qu’aucun autre pays, mais n’a pas les capacités d’aller dans les coins les plus reculés du continent. Canberra craint que ce vide ne soit exploité par Pékin ou Moscou, tous deux de plus en plus actifs sur le continent.
Près de la moitié des nouveaux financements australiens sera consacrée à augmenter les capacités de déplacement à l’intérieur des terres, de cartographier l’est éloigné de l’Antarctique depuis les airs, à l’aide de drones et grâce à l’achat de quatre nouveaux hélicoptères de transport moyen.
Quelques projets environnementaux
Le programme comporte aussi des projets environnementaux, dont cinq millions de dollars (4,6 millions de francs) pour la recherche sur les effets du changement climatique sur les calottes glaciaires de l’Antarctique et pour aider les pays du Pacifique à surveiller la hausse du niveau des mers.
Scott Morrison a refusé de s’exprimer sur ses préoccupations concernant l’intérêt croissant de la Chine pour le continent austral, se contentant de dire: «Ils ne partagent pas les mêmes objectifs que l’Australie.» Avec deux stations ouvertes toute l’année en Antarctique, la Chine n’a cessé d’accroître ses dépenses dans la région.
Pékin reste derrière les États-Unis, qui maintiennent la plus grande présence en Antarctique, avec près de 1400 personnes dans leurs trois stations ouvertes toute l’année, avant la pandémie.
«Compétition géopolitique»
L’influent Institut australien pour la politique stratégique a récemment averti que l’Antarctique est devenu un lieu de «compétition géopolitique» et a recommandé plusieurs mesures pour y faire respecter l’interdiction des activités militaires et minières. L’auteur du rapport, Evan Bloom, expert polaire au Woodrow Wilson Center, a exhorté les États-Unis et l’Australie à «gérer soigneusement les relations avec les concurrents stratégiques», même si la Chine et la Russie sont «parfois insensibles aux appels au compromis». En matière de gestion de l’Antarctique, a-t-il insisté, la coopération demeure vitale.