Médias: Rupert Murdoch lâche les rênes de son empire à son fils Lachlan

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MédiasRupert Murdoch lâche les rênes de son empire à son fils Lachlan

Le magnat des médias a désigné son fils aîné pour reprendre la tête de son empire médiatique conservateur, qui comprend notamment la chaîne américaine Fox News.

Rupert Murdoch et son fils Lachlan.

Rupert Murdoch et son fils Lachlan.

AFP

À 92 ans, le redouté magnat des médias Rupert Murdoch, qui a influé sur la vie politique au Royaume-Uni et aux États-Unis, va lâcher les rênes de son empire médiatique conservateur et passer la main à son fils aîné Lachlan à la tête du groupe de médias News Corp et de Fox Corporation.

À l’antenne de la chaîne d’info Fox News, le communiqué des deux sociétés annonçant la nouvelle a été lu sobrement par un journaliste, qui a salué l’«empreinte indélébile» de son patron sur le «paysage médiatique mondial».

Rupert Murdoch laisse un héritage controversé, accusé d’avoir, via ses journaux et ses télévisions, favorisé la montée des populismes dans les pays anglo-saxons, symbolisés par le Brexit au Royaume-Uni et l’ascension de Donald Trump à la présidence des États-Unis en 2016.

Dans une note à ses «collègues» de Fox, Rupert Murdoch leur assure que «la bataille pour la liberté d’expression, et en fin de compte, la liberté de pensée, n’a jamais été plus intense».

Président «émérite»

Dans son style habituel, le patriarche fustige «les bureaucraties», «les élites (qui) méprisent ouvertement ceux qui ne font pas partie de leur classe déconnectée», ainsi que «la plupart des médias (qui) sont de mèche avec ces élites, colportant des récits politiques plutôt que de rechercher la vérité».

La chaîne américaine Fox News, née en 1996 pour concurrencer CNN, a au contraire été accusée de nourrir la désinformation sur les vaccins anti-Covid et les allégations d’élection présidentielle supposément truquée en 2020 aux États-Unis au détriment de Donald Trump.

Cette couverture médiatique lui a valu une addition très salée. Fox News a accepté en avril de verser la somme de 787,5 millions de dollars au fabricant de machines de vote électronique Dominion Voting Systems, au centre des théories du complot des trumpistes sur le scrutin de 2020, et dont la chaîne s’était fait l’écho.

Rupert Murdoch quittera la présidence des conseils d’administration de Fox Corporation, maison mère de Fox News, et du groupe mondial News Corp, pour devenir président «émérite», à compter de la prochaine assemblée générale des actionnaires des deux sociétés mi-novembre.

Sans véritable surprise, il passe la main à son fils Lachlan, 52 ans, déjà président de Fox Corporation et favori pour prendre le relais parmi ses frères et sœurs – James, Prudence et Elisabeth- dans une course à l’héritage qui a inspiré la série télévisée américaine à succès «Succession». Mais l’adoubement de Lachlan Murdoch n’éteint pas les questions sur l’orientation de l’empire après la mort de Rupert Murdoch, car ses quatre enfants auront alors les mêmes droits de vote au sein du groupe.

Empire aminci

Dans l’immédiat, Lachlan Murdoch va diriger un empire qui avait été redimensionné par la vente en 2017 du groupe de divertissement 21st Century Fox et de son vaste catalogue de films à Disney. Rupert Murdoch se met en retrait à un moment-clé, à un an de l’élection présidentielle américaine de 2024, pour laquelle Donald Trump est une nouvelle fois le grand favori de la primaire républicaine.

Après le règlement à l’amiable avec Dominion Voting Systems, Fox News reste poursuivie pour diffamation par une autre société informatique, Smartmatic, qui réclame 2,7 milliards de dollars de réparation.

«Des questions restent ouvertes sur comment Fox va aborder sa programmation et sa couverture du cycle électoral de 2024, une année qui verra les dollars des publicités politiques couler à flots», note l’analyste du cabinet Third Bridge Jamie Lumley.

Dans la foulée de l’affaire Dominion, Fox News avait perdu l’un de ses présentateurs vedette, le sulfureux Tucker Carlson, dont le départ s’est soldé par une perte d’audience. Jusqu’à présent, Lachlan Murdoch n’a jamais donné de signe d’une intention d’atténuer la ligne conservatrice de Fox News.

Son père, patron de presse le plus puissant et le plus connu du monde, parti d’un simple quotidien d’Adelaïde, dans son Australie natale au début des années 1950, a construit un empire mondial et ses journaux et chaînes de télévision ont eu une influence considérable au Royaume-Uni puis aux États-Unis.

«Il a causé d’énormes dégâts au monde démocratique et en particulier aux États-Unis», a déclaré vendredi l’ancien ancien Premier ministre conservateur australien Malcolm Turnbull, évincé en 2018 par l’aile conservatrice du parti. Les médias de Murdoch ont également été les plus véhéments pour «nier la réalité du réchauffement climatique et retarder les mesures pour y remédier», a-t-il ajouté à la chaîne publique australienne ABC.

(AFP)

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