Tribunal cantonal vaudoisPrison à vie confirmée pour le double assassin de Payerne
La Cour d’appel a rejeté l’essentiel du recours de l’homme qui a vidé deux chargeurs sur sa femme et son fils en avril 2018. Les explications de la défense n’ont pas suffi à la convaincre d’une absence de préméditation.
Une préméditation claire, un mobile purement égoïste, une façon d’agir particulièrement odieuse et un comportement raisonné après les faits: pour la Cour du Tribunal cantonal vaudois appelée à juger en appel le double assassin de Payerne, qui avait tué sa femme et son fils de 31 balles sur leur palier en 2018, aucune raison de ne pas retenir l’assassinat de sang-froid plutôt que le meurtre. C’est ce qu’a expliqué la présidente Yasmina Bendani mardi matin. Cette dernière a confirmé la peine infligée par le Tribunal d’arrondissement de la Broye et du Nord vaudois, soit la prison à vie.
La version du tueur n’a pas pris
Pour les juges, qui ont repassé lundi en audience l’essentiel des faits de ce terrible 25 avril 2018, le récit contesté par l’appelant est le seul crédible. Tiago* remettait en question notamment le fait d’être allé chercher son arme chez lui avant de se rendre chez son ex-compagne, disant qu’il l’avait depuis longtemps avec lui pour se rendre au stand de tir. Il contestait aussi leur avoir rendu visite dans le but de les tuer, elle et leur fils aîné; il disait avoir voulu discuter, avant qu’un coup accidentel ne parte lorsque son fils lui a sauté dessus. Mais la version n’a pas convaincu.
Le portrait du tueur a également été noirci par la Cour. Celle-ci a rejeté plusieurs réquisitions de preuves de la défense qui aurait, selon les juges, adouci son profil. Pour ces derniers, toutefois, l’asymétrie dans la relation entre Tiago et son ex-compagne est accablante: il l’avait déjà frappée par le passé, elle l’avait quitté, il continuait à la solliciter, elle se montrait ferme mais conciliante et même encourageante pour que Tiago retrouve une vie normale. Mais ce dernier n’a pas accepté de perdre son rôle de chef de famille, et «a préféré la supprimer que de laisser son épouse refaire sa vie de son côté», a décrit la présidente de la Cour. Un tableau balayant l’image du couple mutuellement dysfonctionnel, peinte par les avocats de Tiago en première instance.
Carences réelles mais pleine responsabilité
Quant aux limitations intellectuelles du tueur, elles ont bien été prises en compte, a précisé la Cour, mais n’ont finalement rien changé au jugement. Sa responsabilité a été déclarée pleine et entière par plusieurs psychiatres, y compris par l’expert privé mandaté par les défenseurs de l’accusé. Celui-ci avançait une possible «absence de préméditation psychique», indépendamment de la «préméditation matérielle». Mais cet élément ne suffit pas, et il ne relève pas de la compétence de l’expert de déterminer cela, a tranché Yasmina Bendani.
Pour le double assassinat de sa femme et de son fils, Tiago écope donc, comme en première instance, de la peine maximale, soit la prison à vie et d’une expulsion du territoire suisse pour une durée de 15 ans. «Cette peine se justifie déjà pour un seul des deux assassinats», a asséné la présidente.
L’audience s’est donc achevée par un triste signe de la main du condamné à ses deux sœurs, choquées, présentes dans le public, ainsi que par l’expression du regret de ses avocats, Me Patrick Michod et Me Tracy Salamin, déçus que le récit «constant et crédible» de leur client n’ait pas été retenu. Ils attendront toutefois le jugement motivé avant d’envisager un éventuel recours au Tribunal fédéral.
*prénom d’emprunt