République tchèqueL’ex-général Petr Pavel remporte la présidentielle
L’ancien haut gradé au sein de l’OTAN s’est imposé samedi lors du second tour, face à l’ex-Premier ministre milliardaire Andrej Babis.
![Petr Pavel récolterait 57% des voix. Petr Pavel récolterait 57% des voix.](https://media.lematin.ch/4/image/2023/11/08/66ced724-27a6-423d-956d-daf3b0dd68c4.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C2048%2C1365&fp-x=0.5&fp-y=0.5003663003663004&s=64af75a411c6d2e9099d951bf3eb1c89)
Petr Pavel récolterait 57% des voix.
AFPLe général Petr Pavel, ex-chef du Comité militaire de l’Otan et partisan de l’aide militaire à l’Ukraine, a été élu samedi à la présidence de la République tchèque, battant l’ancien Premier ministre Andrej Babis pour prendre la succession de Milos Zeman, qui avait entretenu des liens ambigus avec Moscou. Petr Pavel, un ancien parachutiste et général à la retraite de 61 ans qui menait dans les sondages d’opinion avant le vote, a remporté le second tour de l’élection avec plus de 57,4 % des voix contre 42,6 % pour Andrej Babis, selon des résultats partiels après comptage de 93% des bulletins.
Le taux de participation dans ce pays membre de l’UE et de l’OTAN de 10,5 millions de personnes a été de 70 % à la suite d’une campagne acrimonieuse marquée par la controverse, y compris sur l’Ukraine. Petr Pavel, 61 ans, remplacera à la tête de l’Etat Milos Zeman, un homme politique controversé, qui a entretenu des liens étroits avec Moscou avant de faire volte-face au moment de l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022.
Être «un président digne»
En votant vendredi dans le village de Cernoucek, dans le Nord, l’ancien général a déclaré qu’il voulait être «un président digne» d’un pays membre de l’UE et de l’OTAN, comptant 10,5 millions d’habitants. «Je ne vais pas lancer de promesses en l’air mais je décrirai la réalité telle qu’elle est», a-t-il ajouté. De son côté, Andrej Babis, 68 ans, dont la richesse et les soucis judiciaires ont fait un personnage clivant, a qualifié le vote de «référendum sur Babis», en déposant son bulletin à Pruhonice, au sud de Prague.
Au premier tour, pendant lequel huit candidats étaient en lice, Petr Pavel avait devancé Andrej Babis, obtenant 35,4% des suffrages contre 35%. Et il a depuis bénéficié du report des voix de certains concurrents éliminés. Si Andrej Babis peut compter sur un soutien stable des électeurs de son mouvement populiste de centre-gauche ANO, il a, selon des experts, découragé des électeurs avec des diatribes chaotiques pendant les débats.
Un canular l’a donné pour mort
La campagne entre les deux tours a été âpre, avec une vague de désinformation ayant largement pris pour cible Petr Pavel, et des menaces de mort ayant visé Andrej Babis et sa famille. Dans un canular lancé sur internet, puis relayé par SMS, on affirmait même que Petr Pavel était mort.
Bien que son rôle soit essentiellement honorifique en République tchèque, le chef de l’État nomme le gouvernement, choisit le gouverneur de la Banque centrale et les juges constitutionnels, et assure le commandement suprême des forces armées.
Ancien para contre milliardaire
Petr Pavel, 61 ans, est un héros de la guerre en ex-Yougoslavie au cours de laquelle il a notamment aidé à libérer des soldats français. Il est ensuite devenu chef de l’état-major tchèque et de celui du comité militaire de l’OTAN. Les deux rivaux avaient été membres du Parti communiste dans les années 1980, lorsque la Tchécoslovaquie était sous la tutelle politique de Moscou.
Andrej Babis, propriétaire du groupe agroalimentaire, chimique et médiatique Agrofert, est la cinquième fortune tchèque, selon le magazine «Forbes». Premier ministre de 2017 à 2021, il a créé la controverse la semaine dernière en déclarant qu’il n’enverrait pas de troupes tchèques si d’autres États membres de l’OTAN, la Pologne ou les Pays baltes, étaient attaqués. Des propos sur lesquels il est revenu par la suite mais qui ont suscité des critiques dans la région.