Un capitaine sur le départ: «C’est magnifique de finir avec La Chaux-de-Fonds de cette manière»

Une patinoire des Mélèzes en communion totale avec son équipe à la sirène finale. Définitivement battues par le HC Ajoie dans le barrage de promotion/relégation, les Abeilles méritaient mille fois l’hommage que leur a réservé le formidable public chaux-de-fonnier, lundi soir, au terme d’un acte VI cruellement perdu (2-3). Une quatrième défaite de rang synonyme de fin de saison et de réveil brutal.

Il n’a finalement manqué que 204 minuscules secondes aux hommes de Louis Matte pour continuer de rêver à un improbable retour dans l’élite, après 22 ans d’absence. Ne menaient-ils pas encore au score à l’entame des quatre dernières minutes de la rencontre? Mais Guillaume Asselin (57e, 2-2) puis Jérôme Leduc (58e, 2-3) ont renversé la table et assuré le maintien en National League, à la formation jurassienne, qui s’épargne presque miraculeusement un septième match de tous les dangers.

Sensationnelle – pour ne pas écrire surnaturelle – pour le HCA, cette fin de match a inversément été déchirante pour un HCC vaillant, résiliant et diablement dominateur. Malgré cet ultime sursaut d’orgueil et cette dose de panache qui la caractérise, La Chaux-de-Fonds a vu son incroyable aventure prendre fin lundi soir, à 22h20.

«Il y a beaucoup d’émotions, souffle Daniel Carbis, les yeux brillants. On a vraiment joué un très, très bon match. On était où on voulait être, mais on n’est pas parvenus à finir le travail. On a quelque peu perdu notre tête durant les cinq dernières minutes de la partie. Mais je reste très fier des gars. On a fait du bon job. On l’a presque fait. Il nous a simplement manqué de toutes petites choses.»

À commencer par une petite dose d’intelligence de jeu qui aurait dû amener le club neuchâtelois à fermer boutique dans le money-time. «À chaud, on est évidemment déçus, confirme Louis Matte. On méritait mieux, surtout ce soir (lundi). On a fait notre meilleur match de la série. On a perdu la concentration durant un peu plus d’une minute et on a encaissé deux buts.»

Ces fameux détails qui font la différence et qui rappellent pourquoi les Jurassiens évoluent à l’échelon supérieur. Mais l’entraîneur des Abeilles se veut surtout positif lorsqu’il regarde dans le rétroviseur. «Je n’aurais jamais cru vivre une telle première saison en tant que head coach, reconnaît-il. On a présenté du bon hockey. Cette belle équipe a été capable de réaliser de belles choses. On va digérer tout ça puis remobiliser tout le monde en vue du début de saison prochaine.»

Toujours dans le coup d’après, le technicien canadien assure que cette grosse désillusion va servir son groupe en vue du prochain championnat. «Pour monter à l’étage supérieur, on doit s'améliorer sur plein de petits détails, dit-il. Mais des fois, il vaut mieux faire un pas en arrière pour ensuite pouvoir mieux avancer. Il va falloir apprendre de tout ça pour revenir encore plus forts, la saison prochaine. Une chose est sûre, on a emmagasiné beaucoup d’expérience en vue du prochain exercice.»

Une cuvée 2023/2024 qui se disputera sans le capitaine Daniel Carbis, qui a décidé de rentrer dans «ses» Grisons d’origine pour des raisons personnelles. Visiblement touché et ému d’avoir livré son dernier match sous les couleurs chaux-de-fonnières, le binational helvético-écossais peut toutefois prendre congé des Mélèzes, avec le sentiment du devoir accompli.

«La seule chose que j’aurais pu rêver de mieux aurait été de quitter le club en l’amenant en National League, regrette celui qui avait rejoint la métropole horlogère en 2015. Ça aurait été parfait, mais je dois accepter cette fin. Dans quelques heures ou jours, la joie va venir car on a remporté le titre. Ça reste mon meilleur souvenir. C’est une énorme étape pour le club. C’est magnifique de finir avec La Chaux-de-Fonds de cette manière.»

Daniel Carbis et ses partenaires vont pouvoir fêter une dernière fois leur titre de champion de Swiss League, ainsi que leur incroyable parcours tout au long de l’année ce samedi, puisque le club a prévu une parade sur le Pod et une fête de fin de saison à la fan-zone des Mélèzes. 

«Il est temps de profiter de l’engouement de la finale qu’on n’a pas eu le temps de vivre, tonne Louis Matte. Quand on prendra un peu de recul, on appréciera davantage notre titre. On n’a pas eu beaucoup de temps pour l’apprécier car on a dû se remobiliser directement dans ce barrage. J’ai dit à mes gars qu’ils devaient être fiers de leur saison, que parfois il faut savoir perdre pour gagner plus. Personnellement, je signerais tout de suite pour me retrouver à la même place l’année prochaine… avec peut-être un finish différent.» 

Rendez-vous en avril 2024. Avec, cette fois, la promotion à la clé?