RapportL’ONU dénonce les violences continues contre les humanitaires
Depuis janvier, 62 travailleurs humanitaires ont été tués dans des zones de conflit, 84 ont été blessés et 34 enlevés. La Journée mondiale de l’aide humanitaire est le 19 août.
Soixante-deux travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde depuis le début de l’année, a dénoncé jeudi l’ONU qui se prépare à commémorer, 20 ans après, l’anniversaire de l’attentat sanglant commis contre son quartier général à Bagdad.
Chaque année, l’ONU célèbre la Journée mondiale de l’aide humanitaire le 19 août, date de cet attentat suicide en 2003 qui avait tué 22 personnes dont Sergio Vieira de Mello, représentant spécial de l’ONU en Irak, et blessé quelque 150 travailleurs humanitaires locaux et étrangers.
Outre les 62 travailleurs humanitaires tués depuis janvier dans des zones de conflit, 84 ont été blessés et 34 enlevés, selon la base de données Aid Worker Security Database compilée par la société britannique de consultants Humanitarian Outcomes. En 2022, 116 travailleurs humanitaires avaient été tués.
La Soudan du Sud, le plus dangereux
Depuis plusieurs années, le Soudan du Sud s’inscrit en tête des endroits les plus dangereux pour les humanitaires. Au 10 août, 40 attaques contre eux, ayant fait 22 morts, étaient comptabilisées, a indiqué l’agence humanitaire des Nations unies (OCHA).
Le Soudan vient juste après, avec 17 attaques contre des humanitaires ayant fait 19 morts depuis janvier. Des chiffres aussi élevés n’avaient pas été enregistrés dans ce pays depuis le conflit du Darfour entre 2006 et 2009. Parmi les autres pays où des travailleurs humanitaires ont perdu la vie figurent la Centrafrique, le Mali, la Somalie, l’Ukraine et le Yémen.
«Les risques auxquels nous sommes confrontés dépassent l’entendement», déplore un rapport publié par des ONG, dont Médecins du Monde, Action contre la faim (ACF) et Handicap International. Ce rapport, réalisé avec l’aide de l’Union européenne, comprend des recommandations pour garantir le respect du droit humanitaire, dont un meilleur partage de données entre ONG et groupes de travail dirigés par l’ONU.
«Asymétrique»
Chaque année, plus de 90% des personnes tuées dans les attaques contre des humanitaires sont des employés locaux, souligne l’International NGO Safety Organization (Inso). «La guerre moderne et la nature asymétrique des conflits ont contribué à cette violence», estime le rapport. Or les ONG rencontrent des difficultés à faire financer les coûts liés à la sécurité. «Les bailleurs se doivent de mieux prendre en charge les coûts liés à la sécurité de nos employés», plaide dans ce rapport Frédéric Penard, directeur général d’ACF.
La Journée mondiale de l’aide humanitaire et l’attentat en 2003 du Canal Hotel, où était installé le siège de l’ONU dans la capitale irakienne, «seront toujours un moment d’émotions mêlées et encore vives pour moi et nombre d’autres personnes», a observé le patron des Affaires humanitaires des Nations unies, Martin Griffiths.
«Chaque année, près de six fois plus de travailleurs humanitaires sont tués en faisant leur devoir par rapport à ceux qui sont morts en cette journée noire à Bagdad, et l’écrasante majorité sont des travailleurs humanitaires locaux», a-t-il souligné. «L’impunité pour ces crimes constitue une cicatrice sur notre conscience collective».
Avec un nombre croissant de conflits dans le monde, l’ONU indique qu’elle travaille à aider quelque 250 millions de personnes actuellement, dix fois plus qu’en 2003.