Etude sur la pollutionLes voitures allemandes font du parc suisse l’un des pires d’Europe
Selon une étude de Greenpeace, les pires voitures en termes de pollution sont allemandes. Mais les Suisses en sont friands. Ce qui fait que notre parc automobile est l’un des plus mauvais pour le climat en Europe.
- par
- Christine Talos
Depuis quelques années, la tendance est aux gros SUV à l’image de la Hyundai Tucson (à gauche). Les petites voitures comme la Skoda Fabia (à droite) disparaissent de plus en plus des ventes.
GreenpeaceLa Suisse dispose d’un des parcs de voitures neuves les plus nocifs pour le climat en Europe. C’est ce qu’annonce Greenpeace Suisse en se référant à l’étude «Size Matters», commandée par Greenpeace Allemagne en marge de l’ouverture du salon de l’automobile IAA de Munich qui débute le 5 septembre. L’enquête a dressé le bilan environnemental des trente marques de voitures les plus vendues sur notre continent.
Ce sont surtout les grosses cylindrées allemandes qui ont un bilan catastrophique, selon l’ONG. «En comparaison européenne, les marques VW, Audi, BMW, Mercedes-Benz et Porsche obtiennent des résultats particulièrement mauvais en matière de consommation d’énergie, de matières premières et d’espace», écrit l’ONG dans un communiqué. Un discours qui étonne Jean-Bernard Menoud, directeur général du groupe Dimab, concessionnaire automobile romand. «La technologie des voitures allemandes en termes de filtrage des particules et d’économie de carburant est très avancée. Ce ne sont pas du tout les plus polluantes sur le marché», avance l’homme.
Les Porsche sont considérées comme les pires voitures en termes de nocivité globale pour le climat, suivies par les Jeep et les Land Rover. Les Mercedes-Benz, BMW, Audi ou VW sont également dans le top 10 de ce classement sur l’écart moyen par rapport aux modèles les plus efficaces.
GreenpeaceCes marques sont très prisées des automobilistes suisses. D’ailleurs, sept des 15 modèles de voitures les plus vendus entre janvier et juillet de cette année proviennent d’Allemagne. Ces voitures contribuent au fait que le parc automobile suisse est l’un des pires d’Europe en termes de poids, de cylindrée et de chevaux, selon Greenpeace. Michael Baumann, responsable des relations publiques pour l’e-mobilité chez Amag, plus grand concessionnaire de Suisse, souhaite cependant modérer ce constat: «Si vous regardez le top 10 des voitures les plus vendues en 2022, vous verrez qu’il comprend principalement des voitures de taille moyenne comme la Skoda Octavia ou la VW Golf. De plus, certaines voitures électriques comme la Skoda Enyaq figurent dans la liste.»
«Dans notre pays, les importateurs continuent de réaliser des profits avec des voitures géantes, lourdes et surmotorisées, comme si le réchauffement climatique n’existait pas», critique Georg Klingler, expert climat et énergie au sein de l’ONG Suisse. Jean-Bernard Menoud se défend de son côté en invoquant la loi de l’offre et de la demande: «Le client suisse aime avoir une belle voiture. Mais si nous, concessionnaires, n’en avons pas, alors on ne vend pas, c’est simple.»
Face aux émissions beaucoup trop élevées du parc automobile suisse, Greenpeace Suisse s’oppose à l’extension du réseau routier votée en mai dernier par le National. «De nouvelles routes sont un mauvais signal», estime l’expert. Pour rappel, la Chambre du peuple avait accepté fin mai un montant de 4 milliards pour des projets dès 2023 et pour l’entretien des routes de 2024 à 2027. Côté romand, seul l’axe Le Vengeron (GE) - Coppet (VD) - Nyon (VD) figurait parmi les projets retenus. En février le Conseil fédéral avait demandé en tout près de 12 milliards de francs pour améliorer et entretenir le réseau des routes nationales en Suisse d’ici à 2030. Le Conseil des États doit encore se prononcer.