Hockey sur glace«Si la personne qui a la double casquette n’a plus envie de continuer, ça ne jouera pas»
Entraîneur principal et directeur sportif de FR Gottéron, Christian Dubé n’a pas encore décidé s’il souhaitait prolonger l’aventure avec les Dragons. Le Canadien, sous contrat jusqu’en 2025, a dressé «un demi-bilan».
- par
- Chris Geiger Fribourg
Huit jours après son élimination prématurée face à Lugano en préplay-off de National League, FR Gottéron a tenu vendredi sa traditionnelle conférence de presse de fin de saison. Aucune annonce fracassante n’a été faite par les dirigeants fribourgeois, qui souhaitent s’accorder un délai de réflexion.
Le dossier prioritaire concerne Christian Dubé, sous contrat jusqu’en 2025 avec les Dragons. Le club et celui qui occupe les fonctions d’entraîneur en chef de la première équipe et de directeur sportif n’ont pas encore décidé s’ils allaient poursuivre leur collaboration. Interview du principal intéressé.
Christian Dubé, FR Gottéron a convié la presse ce vendredi pour dresser le bilan de cette saison 2022-2023. Avec quelques jours de recul, quel sentiment prédomine?
Précisons déjà qu’il s’agit d’un demi-bilan, car on n’a pas fini nos séances à l’interne. Mais c’est sûr que c’est une grosse déception et qu’il y a beaucoup d’amertume. Je pense qu’on avait une équipe pour bien faire. Je m’attendais à ce qu’on soit capable de tirer notre épingle du jeu lors des gros matches. Ça n’a malheureusement pas été le cas. À nous d’analyser la chose afin de comprendre ce qu’on a fait faux et d’en tirer les conclusions. Au final, c’est peut-être une bonne chose car on n’aurait pas eu ces discussions aujourd’hui si on avait terminé sixième.
Au terme des 52 matches de la saison régulière, il a manqué deux points aux Dragons pour figurer du bon côté de la barre. Est-ce difficile à digérer?
Oui, même si on dit toujours qu’on a ce qu’on mérite. Il y a eu plusieurs matches où l’équipe ne s’est pas présentée et on savait que ceux-ci allaient nous manquer à la fin. C’est de notre faute. C’est à nous d’analyser et de faire mieux à l’avenir. Mais c’est vrai que si on écoute ce qu’il se dit présentement, tout est mauvais. Il ne nous a toutefois manqué que deux points pour terminer sixième. Ça ne doit donc pas être si mauvais que ça. Depuis trois ans, on est sur une pente ascendante, malgré notre budget qui se situe au milieu de la Ligue. On a joué sans notre gardien numéro un (ndlr: Reto Berra) durant les trois quarts de la saison régulière. Vous pouvez dire ce que vous voulez: dans une équipe de hockey, la pierre angulaire est le gardien. Connor (Hughes) a été incroyable, même si ça a été compliqué au mois de janvier. Marcus (Sörensen) s’est, lui, blessé en préparation et a raté trois mois de compétition. Forcément, ça change les choses. Ce ne sont pas des excuses, mais des réalités. Ces constats expliquent, en partie, qu’il nous a manqué quelque chose à la fin.
Quelles sont les pistes pour faire évoluer Gottéron dans le bon sens? Il se murmure qu’un nouvel adjoint pourrait intégrer votre staff technique…
On réfléchit effectivement à plein de choses. À continuer, à arrêter, à recevoir de l’aide au sein du staff. Il va aussi falloir voir si c’est possible et réalisable car on a un budget à respecter. Pour l’heure, l’engagement d’une personne supplémentaire n’entre pas dans le budget. À voir si cela est possible et si c’est vraiment la voie à prendre.
Que pourrait amener cet éventuel futur entraîneur-assistant au groupe?
Étant donné que ça fait quand même quatre ans que je suis en poste, une certaine usure peut parfois s’installer. On ne change pas qui on est. C’est pourquoi je pense qu’une voix de plus pourrait aider, comme lorsque j’avais commencé avec Sean Simpson. En analysant la situation, on voit qu’il faudrait peut-être mettre en place de nouvelles choses. Est-ce un nouveau coach? Est-ce un nouveau directeur sportif? Est-ce un assistant-coach supplémentaire? Est-ce un coach mental? Plusieurs options et plusieurs chemins s’offrent à nous.
Justement, votre double casquette de directeur sportif et d’entraîneur principal de la première équipe revient sans cesse dans les discussions. Qu’en est-il concrètement?
Pour l’heure, tout est possible. On vient de terminer les entretiens individuels avec les joueurs. Je dois désormais rencontrer mon staff, le président ainsi que le CEO. Il y a encore plein de choses à faire, à analyser et à discuter.
Concernant votre avenir personnel, pensez-vous que la balle est dans votre camp ou dans celui des dirigeants?
Elle se situe des deux côtés. Si la personne qui a la double casquette n’a plus envie de continuer, ça ne jouera pas. Il faut donc qu’il y ait une envie de poursuivre l’aventure de mon côté. Puis il faut que je sache ce que pensent les dirigeants et les joueurs. Je suis actuellement en pleine réflexion par rapport à ça.
Cette envie est-elle toujours présente chez vous?
J’aurai toujours la flamme. Je suis dans les patinoires depuis que j’ai trois ans. Là, une semaine après l’élimination, c’est encore à chaud. Ça va me prendre trois à quatre semaines avant de retrouver une certaine normalité. Actuellement, j’enchaîne les séances et les entrevues. Ensuite, j’aurai besoin d’un temps de réflexion.
Quel est l’enseignement principal à retenir de cette saison ratée?
Qu’il faut avoir une certaine constance au sein de l’organisation et de l’équipe. On ne peut pas se contenter d’avoir une bonne saison, puis une mauvaise, puis une bonne à nouveau. Chacun doit se professionnaliser, se regarder dans le miroir et avoir cette envie de venir à la patinoire pour faire encore mieux. Je trouve qu’il règne une certaine satisfaction à tous les étages. Ce n’est pas acceptable pour moi. Tu ne peux pas avoir des coaching-staffs qui en veulent plus que les joueurs. Si tu veux avoir une certaine performance, tu dois venir à la patinoire et donner un minimum. Je crois qu’on doit mieux faire sur cet aspect dans le futur.
Le passage à six étrangers en National League a-t-il rendu les choses plus difficiles pour Gottéron?
La qualité de la Ligue et celle des matches étaient extraordinaires cette année. Ça a été compliqué à gérer, notamment pour les jeunes. Peu d’entre eux ont pu jouer dans la Ligue en raison du haut niveau. La hiérarchie a également évolué, surtout pour les joueurs suisses. Certains ont beaucoup moins joué cette saison. Il a fallu l’accepter. Toutes les équipes ont dû faire face à ce problème. En ce qui me concerne, je dois trouver une façon de mieux faire et un meilleur discours pour qu’on n’ait plus ces problèmes à l’avenir.
Tout au long de la saison régulière, vous avez éprouvé des difficultés à trouver vos trios offensifs. Comment l’expliquez-vous?
Globalement, tout le monde a sous-performé par rapport à la saison passée, pour différentes raisons. On a perdu notre leader offensif avec le départ de Chris DiDomenico à Berne. Ça a créé des changements au sein de nos lignes et on n’a jamais réussi à trouver la bonne alchimie entre les lignes. C’est ce qui m’a forcé à changer à plusieurs reprises celles-ci. Probablement trop souvent, je dois l’avouer. Mais quand il y a quelque chose qui ne fonctionne pas, j’ai beaucoup de peine à rester inactif. On a tous nos torts, moi le premier. Il aurait fallu avoir plus confiance et trouver les bonnes paires.