Centres fédéraux d’asileLes requérants musulmans ont désormais leurs aumôniers
Après le succès d’un projet pilote, le Secrétariat d’État aux migrations instaure définitivement l’aumônerie musulmane dans les centres fédéraux pour requérants d’asile.
- par
- Christine Talos
Depuis le 1er janvier, les requérants qui séjournent dans les centres fédéraux pour requérants d’asile (CFA) peuvent faire appel s’ils le souhaitent à des aumôniers musulmans. Le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) a en effet décidé d’instaurer définitivement l’aumônerie musulmane dans les CFA.
Cette décision découle des résultats très positifs d’un projet pilote lancé en 2021 et qui s’est terminé fin 2022. «Deux évaluations approfondies, réalisées par le Centre suisse islam et société (CSIS) de l’Université de Fribourg, ont montré que ce service avait largement fait ses preuves», affirme mardi le SEM dans un communiqué.
Les aumôniers musulmans vont donc pouvoir œuvrer dans les centres au même titre que leurs homologues des Eglises nationales. «Les requérants font volontiers appel à eux, tandis que les professionnels actifs dans les CFA apprécient particulièrement leurs compétences religieuses, culturelles et linguistiques», précise le SEM. La démarche est soutenue justement par les églises nationales.
L’aumônerie musulmane sera financée sur le crédit d’exploitation des CFA à raison de 450’000 francs par an. Au total, le SEM emploie six aumôniers musulmans, dont une femme, dans les régions d’asile de Zurich, de Suisse romande et de Suisse orientale ainsi que dans la région du Tessin et en Suisse centrale.
Que font les aumôniers musulmans dans les CFA?
Un des éléments essentiels de l’aumônerie est de répondre au besoin de dialogue ou d’accompagnement d’une personne en difficulté, rappelle un rapport du Centre Suisse Islam et société de l’Uni de Fribourg paru début 2022. Et dans les CFA, les aumôniers peuvent souvent jouer un rôle de médiateur quand les demandeurs d’asile, après quelque temps, s’interrogent sur leur avenir en Suisse et craignent de devoir abandonner leur culture. Ils sont aussi particulièrement importants au moment où les souvenirs traumatisants des requérants refont surface et qu’ils réalisent qu’ils ne reverront sans doute jamais leur pays et leurs proches. L’aumônier est alors en mesure, par le dialogue et par sa présence, de soutenir ces personnes et de les aider à se reconstruire.