FootballLa Suisse sur le point de se faire chiper un buteur prolifique
Auteur d’un gros début de saison avec le Hertha Berlin en 2e division allemande, Haris Tabakovic est suivi par le staff de la Nati. Mais le nouveau sélectionneur de la Bosnie projette de le convoquer en novembre.
- par
- Brice Cheneval
Aucun attaquant suisse ne tourne mieux que Haris Tabakovic depuis le début de saison. Transféré cet été au Hertha Berlin, fraîchement relégué en 2e division allemande, le Soleurois de 29 ans n’a pas eu besoin de temps d’adaptation. Après 7 matches (championnat et Coupe confondus), il totalise déjà 8 buts. Indicateur de ses débuts canons, le magazine Kicker l’a placé trois fois dans le onze type du week-end en 2e Bundesliga, plus que tout autre joueur. «Il est à la fois le finisseur, le pivot et le leader du Hertha», décrit le bi-hebdomadaire sportif, à qui le principal intéressé a récemment déclaré: «J’ai le sentiment que ma meilleure période ne commence que maintenant».
Dans la hiérarchie des footballeurs helvétiques les plus célèbres, Haris Tabakovic se débat certainement à un rang obscur. Mais il ne constitue pas pour autant un inconnu aux yeux des observateurs attentifs. Formé à Young Boys avant de passer par Wil et Grasshopper, ancien international M21 prometteur (15 sélections, 6 buts), il flambait depuis trois ans en Autriche. D’abord en 2e division avec l’Austria Lustenau, puis dans l’élite sous le maillot de l’Austria Vienne (65 réalisations en 87 rencontres au total).
Ouvert aux deux sélections
Ses performances avaient fini par attirer l’attention du staff technique de l’équipe de Suisse. Au point qu’il a à plusieurs reprises reçu des pré-convocations, notamment lors de la dernière fenêtre internationale, où la Nati a affronté le Kosovo et Andorre dans le cadre des qualifications à l’Euro 2024. «Nous l’avons évidemment remarqué, indiquait Murat Yakin fin mai. Par ses buts, sa taille (ndlr: il mesure 1,94 m). Tant que nous avons à disposition les joueurs que nous connaissons, nous ne voulons pas trop changer. Ceci dit, nous ne sommes pas fermés à l’ajout de nouveaux.» Manière diplomatique d’indiquer que l’avant-centre né à Granges ne représente pas une option prioritaire, tout en évitant de lui fermer la porte.
En parallèle, Tabakovic figure dans le viseur de la Bosnie, pays d’origine de ses parents et dont il possède également la nationalité. Pour l’heure, aucune des deux sélections ne l’a convoqué et lui s’est gardé d’afficher une quelconque préférence. «J’ai deux passeports. La Suisse est ma maison. Mais j’ai toujours eu un lien avec la Bosnie, il y a deux cœurs qui battent dans ma poitrine, déclarait-il encore mi-septembre dans les colonnes de Kicker. J’ai toujours dit que j'étais ouvert aux deux sélections.»
Barré par la concurrence
Sa bonne passe en Allemagne a-t-elle fait évoluer la situation? Côté bosnien, il semblerait que oui. Zvjezdan Misimović, l’actuel directeur technique de l’équipe nationale, affirmait début août «être en contact» avec Tabakovic, ajoutant: «Il veut jouer pour la Bosnie». Le média Sportske est allé plus loin cette semaine en précisant que le nouveau sélectionneur - Savo Milošević, nommé ce mercredi - projetait de l’appeler pour la première fois en novembre. Milošević a confirmé l’information à demi-mot en conférence de presse: «Nous finalisons les papiers pour Haris Tabakovic. J’espère que nous pourrons compter sur lui lors de la prochaine pause internationale.»
La Suisse, elle, ne s’inquiète pas. Au sein de l’ASF, on assure ne pas avoir eu vent d’une position ferme et définitive de la part du joueur et que ce dernier est toujours dans le radar de Murat Yakin. À l’évidence, Haris Tabakovic suscite peu de débat parmi l’encadrement. Moins, en tout cas, que Michael Frey lorsque le Bernois brillait en Belgique avec le Royal Antwerp. Il faut dire que la concurrence est rude: Zeki Amdouni, Cedric Itten, Noah Okafor et Andi Zeqiri partent avec une longueur d’avance à la pointe de l’attaque. Dans ce domaine, la Bosnie offre davantage de possibilités, même si l’iconique Edin Dzeko et Ermedin Demirovic forment une paire solide.
Paradoxalement, la Suisse peine à peser offensivement (les 17 buts inscrits en 6 matches depuis le début de la campagne qualificative pour l’Euro sont à pondérer au vu de la faiblesse de la poule). Haris Tabakovic pourrait-il aider à gommer ces lacunes? Aux dernières nouvelles, ce n’était pas l’avis de Murat Yakin. Et si la Bosnie venait à passer la seconde, la question ne se posera plus.