Santé – Le syndrome des ovaires polykystiques, mal connu, mal nommé

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SantéLe syndrome des ovaires polykystiques, mal connu, mal nommé

Il s’agit d’une des principales causes d’infertilité chez la femme mais ses mécanismes restent encore peu connus.

Ovaries Woman holding screen with drawing of ovaries (Photo by COLLANGES / IMAGE POINT FR / IMAGE POINT FR / BSIP via AFP)

Ovaries
Woman holding screen with drawing of ovaries (Photo by COLLANGES / IMAGE POINT FR / IMAGE POINT FR / BSIP via AFP)

BSIP via AFP

Le syndrome des ovaires polykystiques est un trouble hormonal qui touche de nombreuses femmes et affecte notamment leur fertilité. Mais il reste mal compris, au point que son propre nom donne une fausse idée de sa nature. «Le syndrome des ovaires polykystiques est considéré comme le trouble endocrinien le plus répandu dans le monde chez les femmes en âge de procréer», résumait en 2015 la principale fédération des endocrinologues américains.

Il est difficile de déterminer la fréquence exacte de ce trouble mais les estimations tournent autour d’un dixième des femmes en âge d’avoir un enfant. A cause d’une production trop élevée d’hormones mâles – les androgènes – les ovaires subissent une accumulation de follicules qui perturbent l’ovulation. Il ne s’agit donc pas de kystes, contrairement à ce que laisse penser le nom du syndrome. Le trouble est aussi connu comme syndrome de Stein-Leventhal, du nom du chirurgien qui l’a décrit pour la première fois dans les années 1930.

Mécanismes mal définis

Les effets sont très variés. Les patientes ont généralement un cycle menstruel perturbé et peuvent avoir du mal à avoir un enfant. Ce syndrome est l’une des principales causes d’infertilité. Beaucoup de patientes souffrent aussi d’un hirsutisme, c’est-à-dire d’une pilosité excessive, liée au taux élevé d’androgènes. A eux trois, ces éléments – présence de follicules dans les ovaires; surproduction d’androgènes caractérisée notamment par un hirsutisme; troubles des cycles ou de la fertilité – permettent d’établir un diagnostic: il suffit que deux d’entre eux soient présents. Ce tableau clinique variable explique en partie pourquoi le SOPK reste difficile à diagnostiquer et peu connu du grand public. D’autant que de nombreuses manifestations cliniques ne font pas partie des critères diagnostics au sens strict, mais sont souvent observées chez les patientes: acné, surpoids, perte de cheveux...

Les mécanismes de ce syndrome restent aussi mal définis. On doit, par exemple, encore déterminer si les perturbations hormonales prennent leur source dans les ovaires, dans le système nerveux central ou les deux. D’importantes avancées ont toutefois été réalisées dans les années 2010. Le chercheur Paolo Giacobini a ainsi, à partir de travaux sur des souris puis plus récemment chez l’humain, ouvert la voie vers une meilleure compréhension des mécanismes de transmission héréditaire du SOPK. L’exposition du foetus à des hormones mâles pendant la grossesse semble ainsi favoriser l’apparition du syndrome à l’âge adulte. A long terme, ces recherches donnent des pistes de réflexion vers un traitement qui ciblerait ce syndrome à la racine.

Pour l’heure, toutefois, on en est loin et les seuls traitements ne visent qu’à répondre aux symptômes. Ainsi, on prescrit fréquemment des pilules contraceptives pour lutter contre l’hirsutisme ou d’autres symptômes liés à l’hyperandrogénie. Des polémiques ont toutefois frappé certains de ces traitements au cours des dernières années. Un anti-androgène, l’Androcur, a été mis en cause pour sa capacité à provoquer des tumeurs bénignes mais handicapantes au cerveau. En France, les autorités sanitaires ont restreint son utilisation.

(AFP)

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