FootballManuel Akanji et la vie derrière le «Mur des merveilles»
Le défenseur central a signé, le 1er septembre à Manchester City, où il a joué ses trois premiers matches. De quoi engranger de la confiance en vue des rencontres de l’équipe de Suisse.
- par
- Valentin Schnorhk Bad Ragaz
À croire ses dires, Manuel Akanji n’était pas très exigeant. La Premier League était-elle un objectif? «Pas forcément.» Un des plus gros clubs européens, alors? Réponse similaire: il entendait simplement progresser. Et pourtant, en quelques jours, le défenseur central de l’équipe de Suisse s’est retrouvé à Manchester City, le champion d’Angleterre en titre et un des grands favoris au titre suprême du football européen.
La trajectoire n’est, en soi, pas folle. Akanji avait depuis longtemps démontré ses qualités balle au pied, soit précisément ce que recherche Pep Guardiola pour les défenseurs centraux qu’il recrute. Aussi, ses qualités défensives en ont fait un leader à Dortmund. Alors, à 27 ans, il n’était pas complètement insensé de l’imaginer rejoindre un meilleur club. «Je voulais surtout franchir un palier», a répété l’international suisse mardi, en marge du rassemblement de l’équipe nationale à Bad Ragaz. En finalité, il a passé le «Wonderwall» («Mur des merveilles») d’un City cher aux frères Gallagher.
En un rien de temps. Du jour au lendemain, Akanji a balayé un interminable été à jouer les faire-valoir à Dortmund (il était laissé en tribunes, dans l’attente que sa situation soit éclaircie, lui qui était à un an de sa fin de contrat et que le club allemand voulait valoriser) pour se retrouver à City. C’était à la toute fin du mercato estival, le 1er septembre dernier. «Lorsque j’ai été mis au courant, j’y ai un peu réfléchi, parce que c’était une grosse progression, acquiesce-t-il. Mais beaucoup de joueurs voudraient jouer dans un si grand club, alors ça me rend très fier. Lorsque tout est devenu concret, j’étais vraiment content.»
Tout s’est enchaîné
Sans prendre le temps de vraiment comprendre. «Tout est allé très vite, une fois que les clubs se sont mis d’accord, détaille le Zurichois. Je me suis envolé pour Manchester, où j’ai passé ma visite médicale, puis suis rentré en Suisse pour la naissance de mon fils. Deux jours plus tard, je retournais à Manchester, d’abord pour effectuer un entraînement individuel. Le lundi, j’ai participé à la séance collective. Et le mardi j’étais sur le terrain pour la rencontre de Ligue des champions contre Séville.» Avec une victoire 4-0 à la clé.
Il a ensuite enchaîné, de nouveau en tant que titulaire, avec le succès 2-1 contre son ancien club de Dortmund la semaine dernière, avant de disputer son premier match de Premier League ce week-end contre Wolverhampton (victoire 3-0). Des débuts rêvés. «Je sais que ce ne sera pas facile, tempère-t-il. Je ne peux pas m’attendre à jouer 90 minutes à tous les matches, vu les si bons joueurs qu’il y a dans l’équipe. Mais je veux rendre les choix difficiles pour l’entraîneur et répondre présent sur le terrain quand il fait appel à moi.» Il faut dire que la concurrence est sévère: Rúben Dias et John Stones sont des routiniers, alors qu’Aymeric Laporte et Nathan Aké ont été blessés ces dernières semaines mais restent des éléments régulièrement alignés par Guardiola.
«Guardiola voit tout»
À City, Akanji entre ainsi dans une dimension supérieure. Avec un des techniciens les plus cotés au monde. «Il voit tout ce qu’il passe sur le terrain, relève le patron de la défense suisse. Il note plein de détails et cherche à aider le joueur à s’améliorer. Il y a bien sûr des choses que je peux utiliser et reproduire dans le cadre de l’équipe nationale.» Surtout, il va se confronter au championnat le plus relevé au monde.
Ses premières impressions? «Je crois que c’est un football un peu plus physique que la Bundesliga, avec un jeu un peu plus rapide, observe-t-il. Mais c’est difficile à dire, je n’ai disputé qu’un match. Alors pour le reste il faudra me reposer la question dans quelques semaines.» En espérant qu’il continue de jouer. Cela signifiera qu’il aura convaincu Guardiola. Et qu’il valait la peine d’être patient.
En attendant, Manuel Akanji peut profiter de l’équipe de Suisse pour souffler un petit peu, après trois semaines intenses. Mais pas trop: les dernières sorties de la sélection ont démontré qu’il était un indispensable leader de cette équipe nationale.