FootballKarlo Letica: «Il faut bien six mois pour s’adapter»
Le gardien du Lausanne-Sport est devenu un vrai mur, après un match difficile à Zurich en janvier (2-2). Le géant croate évoque sa carrière et son adaptation, avant le match à GC.
- par
- Robin Carrel
Quand Karlo Letica arrive vers vous, ce n’est pas son immense main qui enveloppe la vôtre qui fait la plus grosse impression, en premier. C’est son français! Arrivé à la fin du dernier mercato d’été à la Tuilière, le gardien globe-trotter de plus de deux mètres prend des cours de français très régulièrement et il n’hésite pas à utiliser la langue de Molière. Il y est meilleur que sa copine, mais «c’est parce que j’entends les gars parler dans le vestiaire et j’ai plus d’interactions avec des gens qu’elle», se marre-t-il.
Le géant croate s’est très vite imposé devant la cage vaudoise et il est devenu décisif des dernières semaines, après un match difficile fin janvier à Zurich (2-2). L’ancien gardien de l’Hajduk Split s’est posé quelques minutes pour parler de sa carrière, de son adaptation à la capitale olympique, mais aussi de son rapport à l’équipe nationale, sans oublier de nous parler de ces idoles devant les cages. Une belle découverte.
Comment jugez-vous votre saison jusqu’ici?
Ça s’est passé un peu comme je le pensais au début. Quand j’ai parlé avec le coach, la direction sportive et le staff qui ont choisi de m’amener ici, on avait décidé que je jouerai tout de suite. Je me suis vite adapté, dès les premiers matches. Après, le reste est arrivé assez naturellement. Mon adaptation au staff, à la Ligue, au pays… Ça n’a pas toujours été simple, quand tu ne connais pas la langue. Mais dans le vestiaire, il y a tellement de monde qui parle anglais et italien. Ça m’a aidé. Mais l’adaptation n’est jamais facile. Il faut bien six mois pour s’adapter.
Mais depuis votre départ de Split, vous êtes habitué à bouger tous les ans…
Ah ouais, j’ai voyagé (rires)! Mais moi je prends le problème dans l’autre sens, parce que je suis un gars qui s’adapte assez vite. Ça a été plus simple ici, grâce au vestiaire. Tu peux plus vite te connecter aux gars. Et quand tu es bon sur le terrain, ça joue pas mal et c’est plus simple. Si j’aimerais enfin me poser deux ou trois ans au même endroit? Bah, ce qu’il s’est passé plus tôt dans ma carrière… Quand j’étais au Club Bruges, il s’est passé une affaire, qui a fait parler et j’ai dû m’en aller. J’ai été prêté à la SPAL, en Serie A, puis à la Sampdoria. Ces prêts étaient fatigants et être toujours deuxième gardien… J’ai cherché à devenir la première option. Là, je suis parti en Roumanie, à Cluj et c’était spécial. Je n’ai pas tout compris. La deuxième saison dans ce pays, j’avais besoin d’enchaîner les matches, pour revenir à mon niveau. C’est très simple!
Vous avez passé quelques mois sans club aussi. Comment se sent-on pendant cette période?
C’était dur, franchement. Mais tout aussi compliqué que le temps que je passais à chercher la bonne équipe où signer. Un endroit où je pourrais progresser. J’ai signé au FC Hermannstadt (ndlr: dans la ville de Sibiu). Une ville sympa, fondée par des Allemands au début du millénaire, mais qui ne compte plus que 2% de germanophones aujourd’hui, je crois.
Et quand Lausanne vous a appelé, à la fin du dernier mercato d’été?
Oh c’est très différent. J’avais quelques autres offres et ça n’a pas pu se faire. Et puis je trouve que c’est difficile de partir de Roumanie. Je ne sais pas pourquoi. C’est une bonne Ligue et les gens ne se rendent pas compte de sa valeur. Ça a été compliqué de m’en aller. Après, quand je suis arrivé ici, ça a été un autre monde. Tout est différent. Entre l’est et l’ouest de l’Europe… Ici, tout est en ordre, ça file. J’en avais parlé avec un Suisse originaire des Balkans qui jouait en Roumanie et il ne m’avait dit que du bien de Lausanne.
En 2018, vous aviez été sorti de la sélection juste avant la Coupe du monde. L’équipe nationale, ça reste un but?
Oui. Et je pense que c’est la même chose pour tous les joueurs de foot. L’équipe nationale, c’est le sommet. Donc, clairement, j’ai envie d’y retourner. Quand tout se sera mis en place, ça viendra. C’est sûr. J’ai parlé quelques fois avec le coach des gardiens de la Croatie. Mais là, ils ont trois options solides. Moi, je veux franchir quelques pas dans ma carrière pour les obliger ensuite à m’appeler. Je le veux et je pense que je suis sur le bon chemin. Je donne 100% pour ça.
Quels ont été vos modèles, vos idoles devant les buts? Moi, en Croatie, c’était clairement Vedran Runje! Pas tout à fait le même format que vous…
C’est vrai, il n’était pas très grand, mais avec des jambes énormes! Incroyable. Il était coach des gardiens de la deuxième équipe de l’Hajduk Split, quand j’étais junior là-bas. Un super gars. J’adorais m’entraîner avec lui. Maintenant, il est au FC Porto, avec la une. Je suis un peu désolé pour lui, parce qu’il n’a eu qu’une vingtaine de sélections avec la Croatie. Mais c’était le meilleur gardien du pays longtemps. Marseille, Lens, Besiktas, Standard Liège…
Et votre favori?
À une période, quand j’étais jeune, mon préféré était Asmir Begović. Avec Stoke City, chaque fois qu’il jouait, l’équipe était très mauvaise. Mais grâce à lui, ils arrivaient toujours à 0-0 à la mi-temps. Et à la fin, soit ça restait comme ça, soit Stoke perdait 1-0 ou gagnait sur le même score. J’adorais le voir jouer. Après lui, il y a eu Keylor Navas. Pas le même gabarit que moi, de nouveau. Et puis il y a Manuel Neuer. Un extraterrestre. Son physique… Il est hors concours, lui. Il est comme un joueur, au niveau du gabarit. Il est plus fort, il va plus vite que tous les autres portiers. Il a un temps de réaction plus rapide que tout le monde. je dois aussi mentionner Petr Cech. A son époque à Chelsea. Et puis forcément Gianluigi Buffon. Il y a pas mal de différences entre tous ces hommes. Je n’ai pas souvent échangé des maillots avec des adversaires. Peut-être seulement deux ou trois fois. Mais quand j’ai pu avoir le sien! Il est dans ma maison, il est encadré et chaque fois que je le regarde, je me dis: «Waouw!»