Le Rhin, champion des microplastiques en Suisse

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EnvironnementLe Rhin, champion des microplastiques en Suisse

Des scientifiques du Laboratoire fédéral d’essai ont calculé la concentration de ces polluants dans nos eaux. La moitié qui y arrive reste dans le pays.

Comm/M.P.
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Quinze tonnes de ces petites particules de plastique finissent dans les rivières et les lacs suisses chaque année.

Quinze tonnes de ces petites particules de plastique finissent dans les rivières et les lacs suisses chaque année.

Empa/Bernd Nowack

Chaque année, 14’000 tonnes de plastique sont déversées dans les sols et les eaux suisses. Une partie se trouve sous forme de microplastiques, qui ont une taille de moins de 5 mm. Ils proviennent de nombreuses sources, comme les cosmétiques ou les vêtements en fibres synthétiques. L’abrasion et la décomposition de morceaux de plastique plus gros, appelés macroplastiques, produisent également des microparticules de plastique.

En raison de leur petite taille, les microplastiques se retrouvent particulièrement facilement dans les eaux. Environ quinze tonnes de ces petites particules finissent chaque année dans les rivières et les lacs suisses. Mesurer leur concentration dans l’eau n’est pas facile, car ces minuscules morceaux de plastique sont souvent difficiles à distinguer des particules d’origine naturelle et leur quantité varie fortement en fonction du moment et du lieu de la mesure, ainsi que de la méthode de mesure utilisée.

Les chercheurs du Laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche (Empa) David Mennekes et Bernd Nowack ont développé, sur mandat de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), un modèle qui permet de prédire cette concentration de microplastiques dans les eaux à l’échelle nationale. Ils se sont basés sur un modèle développé en 2020, qui montre où et en quelles quantités les sept plastiques les plus courants sont libérés dans l’environnement sous forme de macro et microplastiques: polyéthylène (LD-PE et HD-PE), polypropylène, polystyrène et polystyrène expansé, PVC et PET, tels qu’ils sont utilisés dans les emballages, les textiles, les matériaux d’isolation et les films agricoles. «Après avoir pu montrer où et combien de plastique se retrouve dans l’environnement, l’étape suivante logique était de montrer leur concentration», explique Bernd Nowack.

Forte pollution en aval des grandes villes

Selon le nouveau modèle, environ la moitié des microplastiques qui parviennent dans les eaux suisses restent dans le pays. Environ un tiers de la quantité totale se dépose dans les lacs, le reste dans les rivières. La répartition exacte des microplastiques est toutefois parfois complexe: une rivière plus longue ne retient pas automatiquement plus de particules qu’une rivière plus courte. C’est plutôt le bassin-versant, les barrages et les lacs qui déterminent la quantité de microplastiques qui reste dans la rivière et la quantité qui est transportée plus loin.

Sans surprise, la pollution est particulièrement élevée en aval des grandes villes. C’est le Rhin, près de Bâle, qui contient le plus de microplastiques: le fleuve en transporte environ quatre tonnes et demie par an en direction de l’Allemagne. Cela est également dû à l’Aar qui, avec ses affluents Reuss et Limmat, draine trois des plus grandes villes de Suisse avant de se jeter dans le Rhin: Berne, Zurich et Lucerne.

«Les mesures ne sont possibles que ponctuellement. En revanche, notre modèle nous permet de calculer la pollution par les microplastiques dans tout le pays, résume Bernd Nowack. Il permet en outre d’évaluer l’effet qu’auraient des changements de comportement ou des mesures gouvernementales sur les concentrations de microplastiques». Les scientifiques ont publié leurs résultats la semaine dernière dans la nouvelle revue «Nature Water».

Un modèle pour les macroplastiques

Le modèle peut également être appliqué à d’autres pays et territoires. En attendant, Bernd Nowack et David Mennekes se concentrent sur la Suisse. Ils travaillent déjà sur un modèle comparable afin de pouvoir prédire la quantité de macroplastiques (comme les bouteilles en PET et les sacs en plastique) dans les eaux. Dans une prochaine étape, les concentrations de plastique modélisées pourraient également être utilisées pour évaluer le risque pour l’environnement dans les différentes régions.

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