Inégalité de traitement: En Valais, les livres gratuits fâchent Payot et la Fnac

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Inégalité de traitementEn Valais, les livres gratuits fâchent Payot et la Fnac

Un livre acheté, un livre gratuit. Réservée à certaines librairies, l’opération défendue par Mathias Reynard fâche Payot et la Fnac, qui s’estiment victimes d’une inégalité de traitement.

Eric Felley
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Eric Felley
Le patron de Payot, Pascal Vandenberghe, a décidé de participer à l’opération et d’envoyer la facture au canton.

Le patron de Payot, Pascal Vandenberghe, a décidé de participer à l’opération et d’envoyer la facture au canton.

Lucien Fortunati/Tamedia

Un livre gratuit pour un livre acheté. Lancée lundi par le conseiller d’État valaisan en charge de la culture, Mathias Reynard, l’opération vise à donner en Valais un coup de pouces aux libraires indépendantes ayant siège dans le canton, qui ont souffert de la pandémie. Depuis mardi, les clients qui achètent un livre peuvent en obtenir un deuxième gratuitement à choisir uniquement parmi les auteures et auteurs valaisans. Un demi-million de francs est consacré à cette opération qui dure jusqu’à Noël.

Mais les librairies de Payot et de la Fnac, qui ne bénéficient pas de cette opération, dénoncent une inégalité de traitement. Dans «Le Nouvelliste» de jeudi, le patron de Payot, Pascal Vandenberghe, constate que dans le Haut-Valais, les trois librairies ZAP de Viège, Brigue et Zermatt, qui participent à l’action, sont détenues par le groupe zurichois Orell Füssli/Thalia, qui n’a pas le critère de libraire indépendante. Il dit avoir consulté un avocat pour faire parvenir une mise en demeure au canton afin qu’il «rectifie le tir» en intégrant Payot dans cette opération.

Exception dans le Haut-Valais

Répondant au quotidien valaisan, Mathias Reynard concède qu’il a fallu trouver une solution pour le Haut-Valais avec les librairies ZAP: «Sans passer par cet acteur du marché, le Haut-Valais n’aurait pas du tout bénéficié de nos mesures de soutien. Ce n’était pas souhaitable. Mais nous nous assurerons que la manne soit répartie équitablement.»

La Fnac Suisse, qui compte quatre enseignes en Valais (Conthey, Monthey, Sierre et Sion), a également le sentiment d’être injustement écartée. Elle a demandé au canton des explications qui se font attendre «Nous sommes surpris des propos et de l’attitude du conseiller d’État Mathias Reynard, écrit la Fnac, qui ne prend pas la peine de répondre à notre sollicitation et qu’un concurrent (Orell Füssli/Thalia) aux mêmes caractéristiques que la Fnac soit associé à cette opération».

Sierre n’a qu’une librairie

Enfin, le président de la ville de Sierre, Pierre Berthod, intervient aussi car sa ville compte une seule libraire, une succursale Payot. «Nous avons d’abord cru à une erreur, écrit-il, en ne voyant pas Payot dans la liste des librairies. Je salue le soutien apporté à la culture valaisanne ainsi que l’attitude proactive de l’État mais il y a clairement, en l’espèce, une inégalité de traitement».

Le département de Mathias Reynard justifie ses choix. «Nous avions une enveloppe limitée à disposition et, comme il s’agit d’argent public, il fallait le distribuer à ceux qui en avaient le plus besoin. Si nous avions appuyé les plus grands acteurs du marché, on nous aurait reproché de dilapider ces deniers.» En attendant, Pascal Vandenberghe a décidé de suivre l’opération dans ses deux librairies de Sion et Sierre et d’envoyer la facture au canton. Ici, le chef du Service de la culture, Alain Dubois, précise dans «Le Nouvelliste» qu’un avis de droit a été demandé pour tirer tout cela au clair.

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