Qatar 2022La FIFA accusée de «promesses climatiques déloyales»
Sur plainte de l’Alliance climatique Suisse, la Commission pour la Loyauté (CSL) a ouvert une procédure pour déterminer si la FIFA a vendu la Coupe du monde 2022 comme «trop écologique».

La FIFA est accusée de de «greenwashing climatique».
AFPLa FIFA a-t-elle triché et vendu le tournoi au Qatar comme étant plus respectueux de l'environnement qu'il ne l'était en réalité? C'est la question que la Commission suisse pour la loyauté (CSL) est en train de clarifier, rapporte le SonntagsBlick du jour.
À l’origine de la procédure: une plainte de l'Alliance climatique Suisse –association faîtière regroupant 130 organisations dont Greenpeace, Pro Natura et le WWF – qui accuse l’instance de «greenwashing climatique». Soit de méthodes de relations publiques qui font miroiter au public une image respectueuse de l'environnement qui repose sur des bases insuffisantes (lire encadré).
Si le lancement de cette plainte avait déjà été annoncé en novembre, l’ouverture de la procédure a été confirmée au journal zurichois par Reto Inglin, secrétaire juridique de la CSL.
Prévenir au lieu de faire du greenwashing
La Commission Suisse pour la Loyauté, fondation indépendante de la branche de la communication pour l'autocontrôle, a des principes clairs en ce qui concerne les affirmations environnementales dans la publicité. Mais ses jugements ne sont pas juridiquement applicables. Les organismes réprimandés appliquent toutefois le plus souvent ses recommandations de leur propre chef.
«Nous aimerions que la FIFA investisse ses ressources dans la prévention des émissions plutôt que dans le greenwashing», explique Christian Lüthi, directeur de l’Alliance pour le climat. Cela en commençant à communiquer correctement l'impact de ses activités sur le climat. Le directeur se dit confiant «que la commission condamnera les violations de l’organisme basé à Zurich en matière de publicité et enverra ainsi un signal clair à l'association mondiale du football.»
La FIFA a déjà rejeté ces accusations à plusieurs reprises et n’a pas répondu aux sollicitations du SonntagsBlick.
«Entièrement neutre pour le climat»
Ces derniers mois, des recherches menées par divers médias, des climatologues et des défenseurs de l'environnement avaient déjà conclu que l'affirmation de la FIFA concernant le climat était fausse. Elle aurait ainsi dissimulé le véritable bilan CO2 avec des certificats établis par l'Etat du Qatar. Cela à l’aide de données basées sur une comptabilité douteuse des émissions et sur des programmes de compensation de qualité également douteux, rappelle le journal zurichois.
Sur son site Internet, elle fait notamment la promotion de la Coupe du monde comme étant le premier tournoi «entièrement neutre pour le climat». Une affirmation surprenante, sachant, entre autres, que le méga-événement a eu lieu dans d'immenses stades climatisés et construits dans le désert. De plus, pour supporter leurs équipes en direct, des dizaines de milliers de spectateurs ont dû parcourir la moitié du globe.
Sous pression de la part de pays européens
La FIFA est également sous pression dans d'autres pays en raison de ses promesses climatiques controversées, rappelle le SonntagsBlick. Il y a quelques semaines, c’est la Centrale allemande des consommateurs qui a mis en demeure l’instance en lui écrivant directement pour «écoblanchiment» et a exigé la suppression de déclarations publicitaires «trompeuses». Notre affaire à tous, ONG française, a déposé plainte auprès du Jury de Déontologie Publicitaire pour greenwashing à son encontre. Des plaintes similaires ont été lancées encore en Grande-Bretagne, en Belgique et aux Pays-Bas.