VTTPeter Sagan: «Comme comparer une F1 et une voiture de rallye»
Le triple champion du monde slovaque va prendre le départ, ce vendredi, des Championnats du monde de vélo à assistance électrique aux Gets (Fr). Ça semble pas mal l’amuser.
- par
- Robin Carrel Les Gets
Le triple champion du monde vit une saison 2022 très difficile, au sein de sa nouvelle formation TotalEnergies. Alors pour reprendre goût à la bicyclette, celui qui a «fêté» son 3e Covid au mois de juin a décidé de participer aux Championnats du monde d’e-bike. Interview d’une star qui est presque étonnée d’être là, mais qui finalement prend pas mal de plaisir.
Peter, que faites-vous ici?
Je suis déjà content d’être là et je remercie mes sponsors pour ça. C’était à 100% une bonne idée de m’avoir invité, parce que ça me rend heureux de remonter sur un VTT. Et cette fois pas un vrai Mountain Bike, mais sur un vélo électrique. C’est quelque chose de très spécifique, comme discipline. Si quelqu’un pense que c’est facile et que l’engin aide beaucoup, il se trompe. C’est une épreuve sur laquelle on doit repousser bien davantage ses limites dans les montées et dans les descentes. C’est dur. Bien plus que ce à quoi je m’attendais.
Quel est votre but pour la course de vendredi?
Franchement, je suis plus ici pour les fans, vous savez. Et aussi pour promouvoir le e-bike et tous ces trucs. Je suis là tout à fait sérieusement, mais j’ai aussi envie de m’amuser. Pour la course, je ne m’attends pas à un gros résultat de ma part. Je vais essayer de faire de mon mieux et on verra ce que ça va donner à l’arrivée.
C’est quoi votre feeling sur cette machine? C’est quoi la différence avec ce que vous connaissez d’habitude?
En gros, c’est comme comparer une Formule 1 et une voiture de rallye. C’est tellement différent (rires)! Par exemple, l’effort sur un vélo de route, c’est partir pour 5 ou 6 heures et il n’y a pas grand-chose de technique lors d’une étape, finalement. C’est bien plus une question de puissance et de savoir jusqu’à quelle limite vous pouvez aller, combien de temps vous pouvez maintenir votre effort et votre manière de récupérer physiquement. Là, l’effort dure une cinquantaine de minutes ou une heure et tu es à fond du début à la fin. L’aspect technique aussi, quand tu es à quelque 180 battements du cœur par minute et que tu dois passer entre des cailloux en descente, c’est quelque chose de compliqué.
Si on vous avait dit, il y a cinq ans, que vous alliez participer à un Mondial d’e-bike, vous l’auriez cru?
Alors franchement, non, je n’y avais jamais pensé. Et même si vous m’aviez demandé ça en janvier, pas sûr que je vous aurais cru. J’aurais dit «non, moi je fais de la route!» Mais après, on m’a demandé si je voulais essayer et j’ai répondu «pourquoi pas, allons-y, faisons-le.» Il y a genre un mois, après le Tour de France, j’ai pris pas mal de bon temps. Je suis allé aux États-Unis, dans l’Utah, et je m’y suis concentré sur le VTT et le e-bike. Et puis voilà! Maintenant, je suis là.
C’est quoi le plus dur, avec ces vélos électriques?
Je crois que c’est, quand vous êtes déjà proche de votre limite dans les montées. Votre poids est aussi un facteur clé et moi, je suis un coureur un peu lourd… Donc un athlète qui pèse 55 kilos, comparé à moi qui en pèse 80, il va voler dans les montées avec ses 25 kilos de moins! Franchement, ce sport est dur, parce que tout va plus vite et il faut être prêt à tout. Un VTT normal demande moins de technique en fait, parce qu’il faut maîtriser les 25 ou 30 kilos de la machine électrique, là où un vélo normal n’en pèse que 8. Si quelqu’un pense que le moteur t’aide… En fait, il te pousse plus proche de la limite. Pire, j’ai atteint avec un e-bike le seuil le plus élevé de mes battements de mon cœur depuis 10 ans. J’étais à 190 par minute, là où je ne vais pas au-dessus de 180 lors des courses sur route.
Et l’impact sur le corps est aussi différent…
Oui, parce qu’on utilise tous les muscles ou presque! On a besoin des bras, du haut du corps, des hanches, des jambes, tout ça pour l’équilibre. Tu utilises tout ce que tu as pour gérer le e-bike. Ça, ça ne se voit pas dans les autres disciplines sur deux roues.
Avec la saison difficile que vous connaissez, vous aviez besoin de reprendre du plaisir sur une bicyclette?
Ah oui clairement. J’avais besoin de voir autre chose. Mais c’est aussi un bon entraînement pour moi pour la suite de la saison dans les pelotons. Franchement, c’est bien: enfin quelque chose de fun dans cette année 2022.
Du coup, quel est votre programme pour la suite?
Après la course de vendredi, je pars directement au Grand Prix de Plouay (ndlr: une semi-classique en Bretagne, prévue dimanche) y retrouver la route. Ensuite, je vais de nouveau passer un peu de temps en altitude dans l’Utah. Dans la foulée, je participerai aux classiques de Québec et de Montréal au Canada. De là, je mettrai le cap sur l’Australie, pour les Championnats du monde.
À quoi faudra-t-il s’attendre de votre part, aux Mondiaux (il y a déjà été sacré trois fois au cours de sa carrière)?
Lesquels? Celui de vendredi ou sur la route (rires)? J’essayerai d’y faire de mon mieux. Tout est possible… Je n’ai pas encore vu le parcours, mais j’ai encore plein de temps pour l’analyser, quand je serai là-bas.