Hockey sur glace: Chris DiDomenico, un dernier voyage entre génie et folie

L’aventure en play-off de FR Gottéron a pris fin au moment où Chris DiDomenico a laissé traîner sa jambe contre le genou du capitaine du ZSC, Patrick Geering. On jouait la 26e minute de l’acte IV lorsque le meilleur joueur des Dragons a finalement craqué, à son neuvième match de play-off. Il avait auparavant été irréprochable. 

Le saltimbanque canadien, qui avait avant cela survolé les play-off de manière spectaculaire (15 points en 9 matches), était le dernier espoir des Dragons dans cette série. 

On doit bien sûr lui reprocher d’avoir laissé tomber ses coéquipiers alors qu’ils avaient plus que jamais besoin de son génie technique et de son leadership pour s’en sortir. DiDomenico, qui en voulait trop et qui, pour finir, en a trop fait, n’a pas d’excuse sur ce coup-là. 

Le top scorer des Dragons a commis une faute de frustration et de fatigue qu’il n’avait certainement pas le droit de commettre alors que la saison de son club était en jeu. Lui-même semblait s’en vouloir terriblement lorsque la sanction est tombée: il est d’ailleurs revenu sur la glace pour s’excuser auprès de Patrick Geering, avant de filer aux vestiaires sous les huées d’un Hallenstadion déchaîné. 

La dernière sortie de Chris DiDomenico sous le maillot de FR Gottéron – il jouera à Berne dès la saison prochaine – a été dramatique. Mais pouvait-il vraiment en être autrement? Ciblé par les Zurichois depuis le début de la série, surutilisé et pressé comme un citron par le coach Christian Dubé depuis le début des play-off, DiDomenico était, jeudi, au bout de ses forces et de sa lucidité. Les premiers signes d’usure physique et mentale étaient déjà apparus mardi pendant l’acte III, en deuxième partie de soirée. 

Cela faisait depuis le premier match des séries éliminatoires, le 25 mars contre Lausanne, que tout le monde se demandait à quel moment le volcanique DiDomenico exploserait en plein vol. C’est arrivé jeudi lors du match que Gottéron, mené 3-0 dans la série, ne pouvait pas perdre s’il voulait continuer de croire à l’infime possibilité de se hisser en finale. 

C’était écrit d’avance: Chris DiDomenico ne pouvait pas quitter FR Gottéron autrement que sur un ultime coup de sang ou un incroyable coup d’éclat qui aurait peut-être permis aux Dragons d’aller au bout de leur rêve. Malheureusement pour Gottéron, la première possibilité s’est concrétisée.

En misant sur un joueur d’une telle rareté qui navigue sans cesse entre génie et coups de folie, Gottéron a toutefois pris le risque de jouer avec le feu dès le départ. Cela ne s’est pas bien terminé, mais le jeu en valait la chandelle: «DiDo», quel joueur!