Tué par la police à Morges (VD)Deux ans après la mort de Nzoy, une mobilisation est organisée mercredi
Le collectif Silure appelle au rassemblement ce 30 août à Morges pour que «ce crime ne tombe pas dans l’oubli».
- par
- Evelyne Emeri
Il avait 37 ans. Il était Zurichois. Il était noir. Il était très croyant et avait développé un profond mal-être depuis début 2021. Né et élevé à Zurich, il était le fils d’un Suisse blanc et d’une Sud-Africaine noire. «Nzoy» était le surnom qu’il s’était choisi. Le 30 août 2021 sur la voie 4 de la gare de Morges, le trentenaire est tombé sous les balles de la Police Région Morges (PRM). Il est environ 18h, deux patrouilles – quatre collègues (une femme et trois hommes) – se sont déplacées, alertées par des témoins qui décrivent un individu «perturbé et agité, en train de prier» sur un des quais. L’attaquant avance vers eux. Il les fait même reculer. Deux policiers sortent leurs armes et font les sommations d’usage: «Stop. Police».
Trois tirs par le même agent
Trois coups de feu sont tirés par le même agent. Le Ministère public et la police cantonale vaudoise le confirmeront deux jours après la mort du Zurichois. Dans ce même communiqué, justice et forces de l’ordre affirmeront que les policiers de la PRM ont répliqué parce que leur vie était en danger; que Nzoy avait effectivement un couteau dans ses mains de 26 cm de long, doté d’une lame de 13 cm; qu’il souffrait de problèmes d’ordre psychologique; qu’il était connu des services de police du canton de Zurich sans préciser la nature de ses délits; qu’enfin, aucun lien avec une présumée radicalisation n’avait pu être établi. Au lendemain du drame, le Commandant de la PRM, Clément Leu, se confiait au matin.ch et soutenait ses troupes.
Commémoration dès 18h
Ce mercredi 30 août, cela fera tout juste deux ans que l’assaillant confus s’est écroulé en gare de Morges. Nzoy était arrivé en train depuis Zurich via Genève vers 16h45. Selon des témoins, il aurait cheminé sur les voies de circulation des trains puis sur le quai maudit avant d’être abattu. «Pour que ce crime ne tombe pas dans l’oubli et pour réclamer la vérité», le collectif Silure, relayé par Renversé, lance un appel au rassemblement à la gare de Morges précisément à 18h, l’heure à laquelle le Zurichois a été visé et tué en août 2021. Constitué en 2017, le collectif politique autonome vise à rassembler et soutenir des luttes anti-capitalistes et contre tous les systèmes d’oppression.
Dans sa dernière communication, le Silure fait allusion au récent procès de Mike Ben Peter, mort à Lausanne en 2018 lors d’une intervention policière. Les six agents prévenus ont tous été acquittés en juin dernier: «Après le procès tronqué pour Mike en juin dernier, on ne peut pas laisser la situation se répéter à nouveau avec Nzoy!» Plus loin: «Le 30 août 2021, Nzoy se fait tirer dessus à trois reprises par un policier. Les trois autres policiers prenant part à l’intervention lui passent ensuite les menottes alors qu’il est au sol en train de mourir, au lieu de lui administrer les premiers secours. En 2023, on ne sait toujours pas si et quand le policier qui a tiré sera jugé. On ne sait pas non plus si les trois autres policiers seront mis en cause pour leur omission de prêter secours comme l’avait demandé la famille de Nzoy, en entamant les procédures nécessaires il y a plus d’un an et demi».