EspaceLa fusée indienne a réussi son alunissage près du pôle Sud
Quelques jours après l’échec de la mission russe, l’Inde a réussi son coup sur la Lune. Chandrayaan-3 lui permet d’intégrer le club des grandes puissances spatiales.
La fusée Chandrayaan-3 a réussi son alunissage près du pôle Sud, a annoncé, mercredi, l’Organisation indienne pour la recherche spatiale (ISRO). L’Inde intègre ainsi le club très fermé des grandes puissances spatiales, quelques jours après le crash d’une sonde russe dans la même région du pôle Sud, peu exploré.
La manœuvre de Chandrayaan-3, qui signifie «vaisseau lunaire» en sanskrit, s’est produite à 18h04 en Inde (14h34 en Suisse). «C’est un jour historique pour le secteur spatial indien», a écrit Narendra Modi sur le réseau social X (anciennement Twitter). Il est apparu souriant et brandissant un drapeau indien, en marge du sommet des puissances émergentes des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), réunies à Johannesburg.
Quatre ans après une tentative avortée, le pays le plus peuplé au monde a rejoint le club très restreint des nations qui sont parvenues à mener avec succès une telle opération, en effectuant pourtant nombre de ses programmes à des coûts bien moindres.
Félicitations russes
La Russie, héritière de l’URSS qui avait réalisé cette prouesse en 1976, vient pour sa part d’échouer dans une nouvelle tentative, sa sonde Luna-25 s’étant écrasée dans la même région. Avant l’Inde, seuls l’Union soviétique, les États-Unis et la Chine étaient déjà parvenus à procéder à un alunissage contrôlé.
L’agence spatiale russe Roscosmos a félicité l’Inde pour cet alunissage réussi. «L’exploration de la Lune est importante pour toute l’humanité. Dans l’avenir, elle pourrait devenir une plate-forme pour l’exploration de l’espace lointain», a-t-elle déclaré.
Mission «plus lente»
Cette nouvelle étape du programme indien, en plein essor, intervient quatre ans après un échec cuisant, l’équipe au sol ayant perdu le contact avec l’engin peu avant l’arrivée sur la Lune. Conçu par l’ISRO, Chandrayaan-3 comprend un module d’atterrissage baptisé Vikram, signifiant «vaillance» en sanskrit, et un robot mobile pour explorer la surface de la Lune.
Cette mission, lancée il y a six semaines, a été plus lente à atteindre la Lune que les missions habitées américaines Apollo des années 1960 et 1970, qui y étaient parvenues en quelques jours. La fusée indienne est en effet beaucoup moins puissante que Saturn V, celle du programme lunaire américain. Elle a dû effectuer cinq ou six orbites elliptiques autour de la Terre pour gagner en vitesse, avant d’être dirigée vers une trajectoire lunaire d’une durée d’un mois.
Vikram s’est détaché de son module de propulsion la semaine dernière et transmet des images de la surface de la Lune depuis son entrée en orbite lunaire, le 5 août. Une fois l’alunissage complet, un rover fonctionnant à l’énergie solaire explorera la surface et transmettra des données à la Terre pendant deux semaines.
À moindres coûts
Le programme aérospatial indien est doté d’un budget relativement modeste, mais qui a été considérablement augmenté depuis sa première tentative de placer une sonde en orbite autour de la Lune, en 2008. Cette mission indienne est d’un coût de 74,6 millions de dollars (65,6 millions de francs), selon les médias, bien inférieur à celui des autres pays. L’Inde parvient à maintenir des coûts bas en reproduisant et en adaptant la technologie spatiale existante à ses propres fins, notamment grâce à l’abondance d’ingénieurs hautement qualifiés, bien moins payés que leurs confrères étrangers.
Premier pays asiatique à placer un satellite en orbite autour de Mars en 2014, l’Inde devrait envoyer une mission habitée de trois jours en orbite terrestre d’ici à l’année prochaine.