Football: Analyse: A Winterthour, la discipline pour espoir

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FootballAnalyse: À Winterthour, la discipline pour espoir

La formation de Bruno Berner est la moins productive de Super League. Mais elle a quelques raisons de croire au maintien, à l’instar de son succès 1-0 contre Lugano dimanche.

Valentin Schnorhk
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Valentin Schnorhk

Servette préférerait sans doute se déplacer à Winterthour dans d’autres conditions. Il fera très froid, mercredi (20h30) à la Schützenwiese. Mais surtout, les adversaires des Grenat seront chauffés à bloc, mis en confiance par leur succès 1-0 de dimanche contre Lugano. Donnée pour la plus faible de la Super League, l’équipe de Bruno Berner est toujours totalement engagée dans la lutte pour le maintien à mi-saison.

Bruno Berner n’a aucun mal à faire passer son message auprès de son équipe.

Bruno Berner n’a aucun mal à faire passer son message auprès de son équipe.

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Un espoir qui est nourri par la densité de l’adversité, ainsi que par la discipline que la formation zurichoise est capable d’afficher sur le terrain. Cela offre quelques arguments pour rêver s’en sortir, sans passer par le barrage contre le 3e de Challenge League en échappant à la place de lanterne rouge.


Un plan toujours pensé pour défendre

Il n’y a pas de honte à l’affirmer: Winterthour est l’équipe la moins forte du championnat, à la somme de ses individualités. Collectivement aussi, elle n’a pas énormément de choses à offrir. Alors, depuis le début de saison, Bruno Berner est allé au plus simple: avant de penser à amasser des points, il vaut mieux commencer par adopter la meilleure stratégie possible pour en récolter au moins un à chaque match. Autrement dit, le technicien pense son équipe pour qu’elle défende le mieux possible. Et cela passe toujours par onze joueurs dédiés à la tâche.

Ainsi, Berner y est allé progressivement. À chaque fois en s’assurant que son équipe sera capable de s’animer défensivement de façon à compliquer la tâche de l’adversaire qui, par nature, a le ballon contre Winterthour (39% de possession en moyenne, pire score de Super League). L’ex-entraîneur de Kriens a donc utilisé plusieurs systèmes au cours de la saison: excepté les deux premières journées, il a opté pour un alignement à cinq défenseurs durant l’été. Avant de passer à quatre à la 9e journée, ce qui a coïncidé avec le premier succès de la saison, à Sion (3-1). Généralement en 4-4-1-1, voire en 4-4-2. Sauf dimanche, où Berner a tenté une nouveauté, avec un milieu en losange, qu’il a abandonné pour la dernière demi-heure, lorsqu’il a fallu tenir l’avantage.

Un bloc compact Le plus souvent cette saison, Winterthour s’est attelé à défendre de manière compacte et relativement basse dans le terrain. Ici, l’axe est parfaitement bouché par le 4-4-2 des Zurichois.

Un bloc compact
Le plus souvent cette saison, Winterthour s’est attelé à défendre de manière compacte et relativement basse dans le terrain. Ici, l’axe est parfaitement bouché par le 4-4-2 des Zurichois.

Au-delà du système, Winterthour a fait montre de sa discipline par l’animation défensive qu’il a presque toujours eue cette saison: un bloc souvent bas, qui ne se montre actif qu’à partir du moment où l’adversaire franchit la ligne médiane, et surtout compact. À savoir un axe toujours bien renforcé, et des prises à deux sur les côtés. Une façon de protéger au mieux la défense centrale, composée le plus souvent du capitaine Granit Lekaj et de Roy Gelmi ou de Yannick Schmid. Pas ce qui se fait de mieux en Super League, mais relativement solide dans la surface.

Ce portrait est celui du Winterthour de la majeure partie de la saison. Celui qui reste malgré tout la pire défense du championnat, en termes de buts concédés et d’Expected Goals accordés à l’adversaire. C’est aussi l’équipe la plus passive de Super League. Serait-ce pire en défendant autrement? Peut-être. Ou pas. Comme l’a démontré le match contre Lugano dimanche, où il y a eu rupture dans le projet.

Comme si Berner avait choisi de forcer un petit peu son destin et considérer que son équipe était capable de défendre plus haut. La victoire du week-end s’est ainsi construite sur une intention différente, avec l’utilisation du 4-3-1-2 (inspiré de Saint-Gall ou Lucerne) favorisant un certain pressing. Face aux Tessinois, l’équipe de Bruno Berner a ainsi été proactive, notamment en première période, avant de reculer quelque peu (mais en maintenant un bloc médian). Mais toujours avec la même discipline collective qui fait sa force.


Devant, Di Giusto pour y croire

Dans le projet mis en place jusque-là par Bruno Berner, il y a tout de même une faille: offensivement, tout est très pauvre. Avec seulement 15 buts marqués en 18 matches, Winterthour est l’équipe la moins menaçante du championnat. Les Expected Goals mettent en exergue ce manque de productivité (seulement 16,42 xG), au même titre que le nombre de tirs tentés (8,33 par match) ou encore les ballons touchés dans la surface adverse (12,83 par rencontre, seul GC fait légèrement pire). Bref, la formation zurichoise a d’évidentes limites.

Elles tiennent avant tout au modèle de jeu. Puisqu’il récupère la balle généralement proche de son but (plus de la moitié des récupérations le sont en zone 1), Winterthour part de très loin. Cela a le mérite de le rendre intéressant en transition, cette filière faisant partie du plan de jeu, avec plusieurs joueurs appelés à prendre la profondeur (Di Giusto, Burkart, Ramizi notamment). C’est ainsi que les Zurichois ont inscrit une grande partie de leurs buts.

Berner peut-il ajouter une corde à l’arc de son équipe? L’arrivée de Joaquin Ardaiz en provenance de Lucerne, lequel a été directement titularisé dimanche, a le potentiel d’étoffer l’approche offensive. Capable de garder des ballons et de jouer les duels, l’Uruguayen peut donner du corps à l’idée d’un Winterthour plus axial et qui peut par exemple exploiter les deuxièmes ballons. Berner l’a reconnu après le match dimanche: Ardaiz permet de gagner 20 mètres au reste de l’équipe.

Cela ne rendra pas forcément Winterthour beaucoup plus attractif, mais il y a au moins de quoi se rapprocher des buts adverses. Une idée pour miser encore plus sur les qualités de Matteo Di Giusto. L’ancien joueur de Vaduz (22 ans) est le meilleur buteur de la lanterne rouge, avec 4 buts, dont celui contre Lugano. Surtout, il est sans doute l’un des rares joueurs talentueux de l’effectif.

Capable d’évoluer à tous les postes offensifs, Di Giusto se signale surtout par son sens des appels et sa technique relativement fine. Capable d’être touché dans les pieds en départ de transition, mais également dans la profondeur, le joueur formé à Zurich rappelle un certain Mattia Bottani, pour son impact dans les 30 derniers mètres. Son sens du dribble (plus de quatre tentés par match) permet à Winterthour d’exister dans le camp adverse. Et même de remporter des matches.

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