Russie: Navalny dénonce l’arrestation «scandaleuse» de ses avocats

L’opposant russe emprisonné Alexeï Navalny a jugé mardi, «scandaleuse et illégale» l’arrestation de trois de ses avocats la semaine dernière, dernier exemple de l’accélération de la répression en Russie. «Hier, j’ai été informé que trois de mes avocats avaient été arrêtés. Évidemment, il s’agit de mesures scandaleuses et illégales», a dénoncé Alexeï Navalny, cité par le site d’informations indépendant Mediazona.

«Je considère tout cela (...) comme une convulsion de ce pouvoir odieux et une réaction qui montre à quel point mes actions et celles de mes collègues sont justes», a-t-il poursuivi. Il s’exprimait depuis sa prison par visioconférence lors d’une audience concernant un énième litige avec sa colonie pénitentiaire IK-6 de Melekhovo, qu’il accuse régulièrement de violations et poursuit en justice.

Trois avocats ayant défendu Alexeï Navalny, Vadim Kobzev, Igor Sergounine et Alexeï Liptser, ont fait l’objet de perquisitions, puis ont été arrêtés vendredi, pour des accusations d’«extrémisme» passible de lourdes peines de prison.

Les partisans du militant anticorruption dénoncent un moyen d’isoler encore plus Alexeï Navalny et un nouveau palier franchi dans la répression de l’opposition à Vladimir Poutine. «Quelles actions je peux entreprendre, quand je ne comprends même pas ce qui se passe avec mes avocats? Et que personne n’est autorisé à venir me voir? Et que je suis totalement isolé de toute information?», a lancé mardi Alexeï Navalny.

Lundi, un autre de ses avocats, Alexandre Fedoulov, n’a pas pu se rendre à l’une de ces audiences et a annoncé dans la soirée sur Instagram qu’il avait été contraint de quitter en urgence la Russie, après l’arrestation de ses collègues. Selon le journal indépendant «Novaïa Gazeta», une autre avocate réputée de Alexeï Navalny, Olga Mikhaïlova, a également dû fuir le pays.

Jusqu’à présent, les avocats de militants de l’opposition étaient rarement emprisonnés, bien que soumis à une surveillance et à des menaces croissantes. Ces deux dernières années, plusieurs d’entre eux ont quitté le pays pour éviter des poursuites.

Arrêté en janvier 2021, à son retour d’Allemagne, où il avait été hospitalisé après avoir été victime d’un empoisonnement en Russie, Alexeï Navalny a depuis été condamné à de lourdes peines, dont la dernière, en août, à 19 ans de prison pour «extrémisme». Il communique essentiellement via des messages transmis à ses avocats dans lesquels il a continué à dénoncer l’offensive en Ukraine et appelé les Russes à «résister».