TransportsLes chauffeurs de bus souffrent en Suisse, les trajets sont moins sûrs
Selon plusieurs syndicats, les conducteurs et conductrices de bus en Suisse signalent presque à l’unanimité des conditions de travail trop pénibles.
Seuls 3,9% des conducteurs et conductrices de bus n’ont aucun problème de santé. Selon une étude publiée samedi par Unisanté et les syndicats SEV, Syndicom et SSP, en moyenne, chaque conducteur déclare souffrir de quatre problèmes. Un conducteur sur deux ressent des douleurs musculaires de l’épaule ou du cou, une fatigue anormale et des maux de dos. Plus d’un sur trois a des troubles du sommeil, du stress, de l’irritabilité et des maux de tête.
Le nombre d’arrêts maladie a augmenté en 2022 et un conducteur sur deux a eu au moins un arrêt maladie en 2021. Ce n’est pas seulement la santé des conducteurs qui est en jeu, mais aussi leur sécurité et celle des usagers, s’inquiètent les auteurs de l’étude. Près d’un tiers des conducteurs ne se sentent pas toujours en pleine possession de ses moyens en prenant le volant. Fatigue et mal de tête ont un effet sur la fréquence des accidents, en hausse en 2018 et 2022 selon les syndicats.
Nocifs pour la santé
Les résultats du questionnaire montrent que les horaires coupés, menant à des journées d’une amplitude pouvant atteindre 10 heures, sont considérés par 80% des employés comme une situation «pénible» ou «très pénible». «L’enquête met en évidence les facteurs nocifs pour la santé du personnel roulant. Nous demandons aux entreprises d’actionner le levier au bon endroit pour protéger le personnel. La santé des conducteurs et conductrices est centrale», affirme Micha Amstad, secrétaire central du SSP pour les transports locaux.
Troisième étude
Cette étude donne pour la première fois un aperçu de la perception qu’ont les conducteurs de la gestion et de l’impact de la crise sanitaire provoquée par Covid-19 sur leur travail et leur santé. Plus de 40% des conducteurs de bus ont ressenti des effets de la pandémie, que ce soit en réduisant leur temps de repos ou en remplaçant des collègues à court terme.
Même si Syndicom souligne que des progrès ont été faits, notamment chez CarPostal, grâce à une nouvelle convention collective de travail (CCT), «les résultats de cette enquête sont inquiétants et demandent des réponses urgentes», notent les parties concernées. «La génération du babyboom part à la retraite ces 5-10 prochaines années et seule une meilleure attractivité de la branche permettra de la remplacer sereinement», peut-on lire dans un communiqué.