Un vaccin anticancer personnalisé injecté à Liverpool

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MédecineUn vaccin personnalisé contre le cancer injecté à Liverpool

Un homme atteint de tumeurs à la tête et au cou a reçu un traitement adapté à son seul système immunitaire. L’essai se prolongera sur 30 autres patients.

Michel Pralong
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Michel Pralong
Le vaccin imite une cellule cancéreuse du patient afin d’aider son système immunitaire à les reconnaître et les attaquer.

Le vaccin imite une cellule cancéreuse du patient afin d’aider son système immunitaire à les reconnaître et les attaquer.

Getty Images/iStockphoto

Graham Boothe, dont le cancer de la tête et du cou est revenu quatre fois depuis son premier diagnostic en 2011, est devenu au début du mois le premier Britannique à se faire injecter un vaccin personnalisé contre cette maladie. Le produit est en effet adapté à son seul système immunitaire et il est conçu pour le faire réagir pour lutter contre les cellules cancéreuses.

Le grand défi du cancer, c’est que les cellules atteintes parviennent à se camoufler, échappant ainsi aux attaques du système immunitaire. Une équipe de l’EPFL vient d’ailleurs récemment de découvrir une explication à ce camouflage et un éventuel moyen de le contourner. Qui pourrait, pourquoi pas, se combiner avec la technique utilisée par les scientifiques du Clatterbridge Cancer Center de Liverpool. Le vaccin personnalisé mis au point par ces derniers imite en effet les cellules cancéreuses du patient. En faisant ainsi, elles entraînent le système immunitaire à les repérer pour qu’il puisse ensuite attaquer celles qui se camouflaient. Le docteur Christian Ottensmeier, oncologue médical consultant au Clatterbridge Center, voit cela comme entraîner des «chiens renifleurs», explique-t-il à la chaîne ITV.

Peu de risques d’effets secondaires

L’avantage de ce traitement, selon lui, c’est qu’il présente peu de risques d’avoir des effets collatéraux et d’endommager des cellules saines, comme c’est le cas avec d’autres traitements anticancéreux. «Si cela réussit, il y aura peu d’effets secondaires, voire aucun, car il est tellement ciblé que seuls les cellules touchées par le cancer réveilleront le système immunitaire». Là encore, cela rejoint une autre étude, réalisée par des chercheurs de Genève et Munich, qui ont trouvé un moyen de transporter le médicament jusqu’aux cellules concernées et rien qu’à elles.

Pour Graham Boothe, cet essai représente un grand espoir. Son cancer apparu en 2011 était revenu en 2016, 2019 et deux fois en 2021. Une grande partie de sa mâchoire a déjà dû être enlevée et il a subi une chimiothérapie et une radiothérapie. Si son cancer revient une fois encore, les médecins lui ont dit qu’ils ne pourraient plus faire grand-chose. «J’espère désormais un avenir meilleur, a confié ce père de famille. Qu’il ne revienne plus jamais signifierait beaucoup pour ma famille qui est proche de moi, ma fille, tout le monde. Maintenant que cette méthode a été mise au point, elle ouvre des portes. Et j’espère qu’elle en ouvrira à d’autres personnes».

Les équipes du centre de Liverpool sont optimistes, convaincues que leur vaccin a du potentiel. Elles vont élargir leur essai à 30 personnes qui viennent de terminer un traitement pour un cancer avancé de la tête et du cou. Il s’agira de voir dans quelle mesure le vaccin déclenche une réponse immunitaire chez les patients et si cela réduit le taux de récidive. L’essai sera mené à Liverpool mais également à l’hôpital universitaire de Southampton.

Produire le vaccin personnalisé plus vite

La moitié des patients recevront leur vaccin immédiatement après avoir terminé leur traitement initial. L’autre moitié ne le recevra pas, à moins que son cancer ne revienne. Il lui sera alors injecté en plus du traitement standard en cas de récidive, selon les chercheurs. Le défi principal est de parvenir à réduire le temps nécessaire pour produire un vaccin sur mesure pour chaque patient afin que celui-ci puisse être traité plus rapidement.

Plusieurs essais de vaccins personnalisés ont déjà été menés dans le monde, notamment un contre le cancer du cerveau en 2018 aux HUG et un autre contre un cancer ORL à Toulouse en 2021. Des recherches qui, avec celle menée pour améliorer l’immunothérapie et diminuer le nombre de personnes qui n’y sont pas sensibles, donnent de l’espoir dans cette longue lutte contre le cancer.

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