FranceLe lourd passé du djihadiste qui a tenté de tuer Yvan Colonna
Pluie de coups, trachée longuement écrasée: l’agression de l’indépendantiste corse a été ultra-violente.
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Yvan Colonna avait été arrêté en 2003. Il est désormais dans le coma, entre la vie et la mort.
AFPL’agression par un codétenu de l’indépendantiste corse Yvan Colonna perpétrée mercredi dans la prison d’Arles a été particulièrement violente. Et l’agresseur désormais poursuivi pour tentative d’assassinat a un lourd passé. Quant à Yvan Colonna, condamné à la perpétuité pour l’assassinat du préfet Claude Erignac, en 1998, il serait toujours dans le coma, entre la vie et la mort.
«Le Monde» détaille l’agression, «glaçante», qui a eu lieu mercredi matin vers 10 h 15. La scène a été entièrement filmée par les caméras de vidéosurveillance, est-il précisé. Condamné pour des faits de djihadisme, Franck Elong Abé, 36 ans, est accompagné par des surveillants dans la salle de musculation de la prison. Il doit y faire le ménage. Mais à peine la porte refermée, il se jette sur Yvan Colonna, 61 ans.
«Il saute à pieds joints sur le dos de son codétenu, le roue de coups de poing avant de lui écraser la trachée pendant plus d’une minute avec son pied. Après quoi, il couvre la tête de sa victime d’un sac en plastique», relate le quotidien français.
Dans le coma à Marseille
Un surveillant a par la suite retrouvé Yvan Colonna inanimé, en arrêt cardiaque et respiratoire. Il a pratiqué un massage cardiaque puis le Corse a été hospitalisé à Marseille, en état de «coma post-anoxique». Il s’agit d’un coma consécutif à une privation d’oxygène dans le cerveau. Si Yvan Colonna survit, il risque d’avoir des séquelles cérébrales.
«Il reconnaît être l’agresseur», a déclaré à l’AFP Me Benoît David, l’avocat de Franck Elong Abé. «Il est très taiseux. Il ne s’explique pas vraiment sur son geste. Il dit qu’il n’y avait pas d’animosité particulière avec Yvan Colonna ni aucun autre détenu.»
On ne sait donc pas pour l’instant ce qui a déclenché cette supposée «tentative d’assassinat», d’autant que le Corse était présenté comme un détenu modèle. Par contre le passé de son agresseur est connu.
Franck Elong Abé est né au Cameroun mais a passé la majeure partie de sa jeunesse en Normandie. Il était connu de la police dès ses 16 ans, a connu la prison dès ses 20 ans et a été condamné à de multiples reprises.
Arrêté en Afghanistan
Puis l’homme s’est radicalisé et avait gagné l’Afghanistan. Là, en 2012, il a été interpellé par des troupes américaines. Il a été placé dans la sinistre prison de Bagram, surnommée le «Guantánamo de l’Orient» , rappelle «Le Monde». Des actes de torture avaient été commis par les Américains dans cette prison, mais on ne sait pas ce que Franck Elong Abé a pu y subir. Il y est resté deux ans.
Livré à la France, il a écopé de neuf ans de prison en 2015 pour «association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un acte de terrorisme». Mais cette peine a ensuite été prolongée car sa détention a été marquée par des épisodes violents.
En mars 2015, Franck Elong Abé a été condamné à quatre ans de prison supplémentaires pour une tentative d’évasion qualifiée à l’époque de «bizarre mais violente». Elle avait rapidement tourné court. Après une tentative de suicide, l’homme avait été placé dans l’unité hospitalière de surveillance aménagée de Lille-Seclin, dans le Nord. Là, il avait brièvement pris en otage une infirmière de 27 ans, menaçant de lui enfoncer un poinçon artisanal dans la gorge. Mais des infirmiers avaient heureusement rapidement réussi à le calmer.
Pas d’évaluation de sa radicalisation
En été 2019, à la prison de Condé-sur-Sarthe, dans l’Orne, il a provoqué 14 incidents en moins de six semaines. Il avait alors multiplié les tentatives d’incendie et de dégradations, manifestement pour obtenir un transfert dans une autre prison. Il avait au final écopé de neuf mois de prison supplémentaires. Il souffrirait de troubles psychologiques.
Le «Monde» note encore qu’étrangement, Franck Elong Abé n’est jamais passé par un quartier d’évaluation de la radicalisation. Et précise que ce type de «faveur» est habituellement réservé aux prisonniers considérés comme irrécupérables car trop dangereux ou à ceux qui ont une tendance très affirmée au prosélytisme auprès d’autres détenus.