Polémique BersetPropos sur la guerre: «Ce n’était pas le bon choix des mots»
Alain Berset regrette d’avoir utilisé l’expression «frénésie de guerre», mais il explique le contexte dans lequel il l’a utilisée. Il réaffirme que la Suisse est totalement du côté de l’Ukraine.
- par
- Eric Felley
Dans la «NZZ am Sonntag» de dimanche dernier, Alain Berset a donné une interview qui a suscité de nombreuses critiques en Suisse et à l’étranger. Il a dénoncé notamment la «frénésie de guerre» qui s’est emparée de ses contemporains et il a jouté: «Il faudra un jour négocier avec la Russie (…) Le plus tôt sera le mieux». Ses propos ont suscité lundi l’incompréhension du président du PLR, Thierry Burkart, de celui du Centre, Gerhard Pfister et même de Cédric Wermuth, coprésident du PS.
Interrogé mardi par le «Tages-Anzeiger», Alain Berset a finalement réagi à ces critiques: «Oui, les réactions m’ont montré que ce n’était pas le bon choix de mots. Mais il est clair que la réponse à cette brutale guerre d’agression ne peut être simplement le réarmement. La Suisse en particulier doit penser en termes de paix et de diplomatie. C’est la force de la Suisse». D’une manière générale, il précise sa pensée: «Je voulais décrire ce que je ressens depuis un certain temps. J’ai voyagé à l’étranger, rencontré beaucoup de gens à Davos et à New York et lu régulièrement des journaux internationaux. Ce faisant, j’ai eu l’impression que tout était simplement axé sur une logique de guerre».
«La Russie doit quitter le territoire ukrainien»
Concernant l’ouverture de négociations avec la Russie, il revient sur ses propos: «L’Ukraine doit se défendre avec toute sa force et son soutien, elle a parfaitement le droit de le faire face à l’incroyable agression de la Russie. Apparemment, l’impression est également apparue que l’Ukraine devait négocier immédiatement avec la Russie. C’est faux: les conditions pour cela ne sont pas réunies. Pour cela, la Russie doit arrêter la guerre, respecter le droit international et les droits de l’homme et quitter le territoire ukrainien, comme l’a demandé à nouveau le Conseil fédéral lors de sa dernière session».
«Nous pouvons faire encore plus»
Pour dissiper tout doute, il ajoute: «Le Conseil fédéral est entièrement du côté de l’Ukraine avec l’acceptation totale des sanctions, avec la conférence de reconstruction de Lugano, avec notre grande connaissance du déminage et notre aide humanitaire. C’est notre rôle et si on a besoin de nous, nous sommes disponibles. Nous sommes fortement impliqués ici. Et nous pouvons faire encore plus. C’était exactement la raison de ma conversation avec le président Zelensky il y a quelques jours».
Enfin, répondant au président du Centre, Gerhard Pfister, qui lui reproche d’avoir repris le «narratif» utilisé les sympathisants de la Russie, il dément: «Non! L’attaque russe est un mépris massif du droit international et cause des souffrances incommensurables. La Suisse l’a également condamné sans équivoque. Il n’y a pas de récit, il n’y a que cette position officielle suisse. Et c’est aussi ma conviction personnelle».