FranceUn sabotage de la fibre optique cause une perturbation géante d’Internet
Le web a subi des coupures ce mercredi dans plusieurs grandes villes françaises comme Grenoble et Strasbourg, suite à des actes de malveillance dont les auteurs sont encore inconnus.
Une enquête préliminaire a été ouverte mercredi après une vague d’actes de malveillance d’une ampleur sans précédent visant le réseau national français de fibre optique, a indiqué le parquet de Paris.
Incident sans précédent
La section cyber de ce parquet a ouvert une enquête des chefs de «détérioration de bien de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation», «entrave à un système de traitement automatisé de données» et «association de malfaiteurs», concernant ces incidents.
Ils ont entraîné mercredi des ralentissements et des coupures d’accès à internet dans plusieurs grandes villes françaises, dont Grenoble, Besançon, Reims et Strasbourg.
Les investigations, a précisé cette source, ont été confiées à la DGSI, le renseignement intérieur, et à la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ).
«Ce genre d’incident de cette ampleur, ça n’arrive jamais», a déclaré une source proche du dossier. «C’est la première fois, et on ne sait pas qui c’est, pour l’instant», a-t-elle poursuivi, indiquant que des dispositifs de surveillance avaient été mis en place pour éviter que cela n’arrive ailleurs. L’incident a été confirmé par le secrétaire d’État au numérique, Cédric O, sur Twitter.
Près de 10’000 pannes en 24 h
En fin de journée, le site Zone ADSL avait recensé 9741 pannes sur l’internet fixe en France ces dernières 24 heures, perturbant majoritairement les clients de l’opérateur Free et dans une moindre mesure SFR. A 18h, les connexions étaient «rétablies sur les zones touchées», a annoncé la fédération française des télécoms, au nom de l’ensemble des opérateurs.
«Les travaux de réparation sur les câbles sont néanmoins très lourds et se poursuivent toujours à l’heure actuelle», a-t-elle ajouté. «Les attaques ont eu lieu cette nuit à 04h00. Depuis ce matin, les équipes sont mobilisées», a déclaré à l’AFP l’opérateur Free.
Plusieurs de ses clients se sont plaints sur Twitter de n’avoir plus aucun débit internet via leur Freebox après une coupure survenue dans la nuit. «Trois des quatre artères de Free», appelées «backbone» «ont été vandalisées», ont indiqué d’autres sources. SFR a de son côté constaté «plusieurs coupures de fibre» autour de Lyon et en Ile-de-France, confirmant la piste du vandalisme.
Tous les opérateurs ne sont pas touchés par les coupures
Selon les premières constatations, ce sont des câbles «longue distance» interrégionaux en fibre optique qui passent le long des autoroutes, des voies ferrées et voies navigables, qui ont été sectionnés volontairement en plusieurs lieux, notamment la liaison Paris-Lyon et Paris-Strasbourg. En revanche, leur concurrent Bouygues Telecom «n’utilise pas les liens concernés par ces dysfonctionnements et les services mobiles et fixes sont assurés normalement», a déclaré le groupe à l’AFP. Orange n’est pas non plus concerné par les coupures, selon un de ses porte-parole.
Le «backbone» sert à interconnecter le trafic Internet entre différentes zones géographiques, grâce à des fibres à très haut débit. Une coupure peut toutefois être contournée grâce à l’interconnexion des réseaux et les opérateurs peuvent ainsi fournir un service dégradé.
Terrorisme numérique
«Est-ce qu’il s’agit d’un acte de terrorisme numérique? Peut-être. Il y a eu là un impact majeur car la coordination des attaques sur les câbles a été bien faite, par des gens qui inévitablement connaissent le réseau», estime Nicolas Guillaume, dirigeant de l’opérateur alternatif dédié aux professionnels Netalis. Celui-ci entend déposer une plainte.
En mars 2020, des câbles télécoms avaient été intentionnellement coupés en région parisienne, privant momentanément d’accès à Internet des dizaines de milliers d’abonnés d’Orange tandis que des centres de données voyaient leurs activités perturbées.