Nagorny Karabakh : Des milliers de réfugiés fuient «sous l’oeil complice» de Moscou 

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Nagorny KarabakhDes milliers de réfugiés fuient «sous l’œil complice» de Moscou

Des milliers d’habitants du Nagorny Karabakh cherchent à fuir leur région mardi pour passer en Arménie où au moins 13’000 d’entre eux ont déjà trouvé refuge selon Erevan. 

«Nous constatons avec beaucoup de préoccupation un départ massif des Arméniens qui s’effectue sous l'œil complice de la Russie», a déclaré le ministère français des Affaires étrangères. Moscou avait déployé en 2020 une force de maintien de la paix dans cette région sécessionniste. Paris tiendra «pleinement responsable l’Azerbaïdjan du sort de la population arménienne.»

Des milliers d’habitants du Nagorny Karabakh cherchent à fuir leur région mardi pour passer en Arménie où au moins 13’000 d’entre eux ont déjà trouvé refuge selon Erevan, une semaine après une offensive de l’Azerbaïdjan dans cette région sécessionniste du Caucase. Dans le flot de réfugiés arméniens, Bakou recherche de possibles auteurs de «crimes de guerre», a indiqué mardi une source gouvernementale azerbaïdjanaise à l’AFP.

Des réfugiés fuient le Nagorny-Karabakh, le 26 septembre 2023.

Des réfugiés fuient le Nagorny-Karabakh, le 26 septembre 2023. 

REUTERS

«L’Azerbaïdjan a l’intention d’amnistier les combattants arméniens qui ont déposé les armes au Karabakh. Mais ceux qui ont commis des crimes de guerre pendant les guerres au Karabakh doivent nous être remis», a indiqué cette source, en expliquant pourquoi les hommes en âge de combattre étaient filmés par une caméra au dernier point de contrôle avant de quitter l’enclave.

Explosion meurtrière

Lundi soir, en plein exode, un dépôt de carburant a explosé dans l’enclave majoritairement peuplée d’Arméniens, faisant au moins 20 morts et 280 blessés, ont annoncé mardi les autorités séparatistes, qui ont demandé une assistance extérieure urgente pour faire face à cette catastrophe. «Des dizaines de patients sont toujours dans un état critique», ont-elles indiqué dans un communiqué. Parmi les morts, treize n’ont pas été identifiés et les corps vont être soumis à des analyses médico-légales, selon la même source.

Mardi, le gouvernement arménien a annoncé avoir déjà accueilli plus de 13.000 réfugiés du Nagorny Karabakh, alors qu’un flot ininterrompu de véhicules transportant des familles et leurs affaires empilées sur les toits se pressait au dernier poste de contrôle azerbaïdjanais avant le territoire arménien, via le corridor de Latchine.

«Expulsés»

Certains passaient à pied. «Ils nous ont expulsés», a lancé un homme en passant devant les soldats azerbaïdjanais. Lundi, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev avait réaffirmé la promesse que les droits des Arméniens de l’enclave seraient «garantis».

Le chef de l’État s’exprimait au côté de son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, acteur clef dans la région, quelques jours seulement après la victoire des soldats azerbaïdjanais contre les troupes de la «république» autoproclamée du Nagorny Karabakh – rattaché en 1921 à l’Azerbaïdjan par le pouvoir soviétique.

Médiation de l’UE

L’Union européenne doit recevoir mardi à Bruxelles de hauts représentants de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan, deux anciennes républiques soviétiques qui se sont affrontées militairement au Nagorny Karabakh de 1988 à 1994 (30’000 morts) et à l’automne 2020 (6500 morts). Le bilan de l’invasion éclair de la semaine dernière est de 200 morts, selon la partie arménienne.

Immenses embouteillages

L’Azerbaïdjan s’est engagé à permettre aux rebelles qui rendraient leurs armes d’aller en Arménie. Beaucoup craignent que les Arméniens ne fuient massivement le Nagorny Karabakh, au moment où les forces azerbaïdjanaises resserrent leur emprise. Car outre l’angoisse qui règne parmi les quelque 120’000 habitants de la région, la situation humanitaire y demeure très tendue.

L’afflux en Arménie de réfugiés du Nagorny Karabakh a entraîné d’immenses embouteillages sur l’unique route reliant la «capitale» de la région sécessionniste, Stepanakert, à ce pays. Depuis dimanche soir, il a submergé la ville frontalière de Goris peuplée d’une vingtaine de milliers d’habitants, première étape pour la plupart des réfugiés. 

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(AFP)

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