Mondiaux de cyclismeDavid Lappartient: «Je suis très fier»
En ouverture des «Super Mondiaux» de Glasgow, les premiers de la sorte, le président de l'Union cycliste internationale (UCI) a balayé les grands sujets cyclistes du moment. Morceaux choisis.
- par
- Robin Carrel Glasgow
Sur les dix jours à venir
«C’est le plus grand événement cycliste de l’histoire. Tout était à guichets fermés pour le premier jour de compétitions. Enfin, les épreuves qui ne sont pas gratuites… C’est une grande célébration du vélo et je suis très fier de ce qui a été fait ici à Glasgow et à travers toute l’Écosse. 8000 athlètes en tout, 151 pays au congrès, ça n’était jamais arrivé et c’est bon pour la bicyclette. Je ressens pas mal d’émotions. Tous les participants, toutes les délégations sont très heureux d’être ici. D’habitude, ils se voient de loin et là, c’est une opportunité unique d’être une vraie équipe nationale. Il y aura d’ailleurs un classement des nations à la fin de ces onze jours.»
Le challenge organisationnel
«Le plus grand défi pour l’UCI, c’est de devoir utiliser toutes nos ressources au même moment. D’habitude, c’est un événement après l’autre. Le coordinateur du paracycling, de l’indoor et de la piste, par exemple, peut y aller une compétition à la fois d’habitude. Là, il doit tout faire en même temps! C’est un challenge aussi de tout produire au plus haut niveau de qualité pour la télévision. La piste, la route, ça a toujours été fait, mais là, pour satisfaire aux exigences de l'Eurovision, il faut le faire aussi pour le BMX et les autres disciplines. Ainsi, le coût des productions TV a plus que doublé par rapport à une année normale. Nous devions le faire, pour le bien des athlètes et de cet événement.»
Les visas refusés aux Érythréens
«Honnêtement, on pensait que c’était fait. On a parlé de la situation avec les autorités et on essaie de trouver des solutions. Biniam Girmay n’est pas venu, mais aussi parce qu’il est blessé. Il m’a écrit pour me dire que s’il était venu, c’était pour gagner et pas finir au milieu du peloton. Mais il est encore touché physiquement. Pour ses coéquipiers, en revanche, on ne sait pas exactement. Nous n’avons pas accès à ce niveau d’information. C’est confidentiel. Il y a tellement de fédérations… On en aide pas mal à faire les démarches. Mais c’est vrai qu’il pourrait y avoir quelques athlètes pour qui ce ne sera pas possible de venir.»
Sur les athlètes qui doublent ou triplent à Glasgow
«C’est super! C’était aussi un peu le but de ces Mondiaux… Car sinon, ça leur aurait été tout simplement été impossible (ndlr: Ganna, Trentin sur route et piste, van der Poel et Pidcock sur route et en VTT, notamment). On regarde aussi ça quand on fait l’agenda des événements. Nous voulions éviter des clashs, pour que ce genre de tentatives soient possibles, pour que des athlètes puissent pédaler dans deux ou trois disciplines. En 2027, il y aura aussi le gravel et ça va donner des idées à pas mal de monde. C’est aussi pour ça qu’on a placé la course en ligne sur route le premier dimanche. Ça ouvrait la porte à ceux qui voulaient tenter un coup.»
La dangerosité du circuit de dimanche
«Déjà, en premier lieu, on ne peut rien faire s'il pleut… De ce que j’ai vu, la pluie pourrait bien s’en mêler. Il y aura 150 km dans la campagne, puis dix tours de circuit à Glasgow. Il sera très technique, mais il en faut pour tout le monde. En 2018 aussi, c’était un peu ce genre de tracé et il avait beaucoup plu. Il y avait eu quelques chutes, mais pas tant que ça et aucune chez les favoris. Dimanche, les routes seront parfaitement sécurisées, il y aura des protections partout. C’est surtout la tension dans le peloton qui pourrait amener des difficultés. Mais le parcours est un défi et je ne pense pas que les coureurs arriveront ensemble à 200 dans la dernière boucle… Et puis les athlètes savent faire. Là, ce sera sécuritaire. Technique, c’est vrai, mais tout a été fait pour que ce soit le moins dangereux possible. C’est le sport aussi, ce genre de tracés! Certains coureurs m’ont dit que ce serait à leur avantage. On doit avoir des parcours pour tous les styles d’athlètes.»
Sur le futur
«Lors des prochains «Super Mondiaux» en Haute-Savoie en 2027, on montera à dix-neuf disciplines. On discutait pour vingt, mais ce sera bien dix-neuf, avec l’ajout de l’e-sport, de la piste pour les juniors, du pump track, de l’enduro, du gravel et du polo-bike. Ça reviendra aux dates normales, de mi-septembre à la fin du mois. Ce sera sans doute sur trois week-ends. Cette année, pour pouvoir satisfaire les diffuseurs en raison de la Coupe du monde de rugby, on a avancé de quelques semaines. Tout sera en Haute-Savoie. La course en ligne, elle, aura lieu à Sallanches, sur le même parcours qu’en 1980, quand Bernard Hinault avait gagné. Ce sera très dur, pour des purs grimpeurs. Les sprinters pourront rester à la maison… En 2028, les Mondiaux sur route auront lieu à Abou Dabi, sur un tracé tout plat. Cette fois, ce sera pour un sprinter. Il en faut pour tout le monde! (Ndlr: on le relance sur les Mondiaux de gravel de 2028 et le maillot arc-en-ciel qui sera remis en Arabie Saoudite et sur le fait que c’est assez savoureux) Oui, mais vous aurez remarqué que le maillot irisé n’a pas tout à fait les mêmes couleurs que celui auquel vous pensez (rires). Le sport, c’est aussi un partage des cultures, ça élargit des horizons et ça ouvre même peut-être un peu certains pays. C’est bien d’amener ce genre d’événements partout à travers la planète. Ce sera une première en Arabie Saoudite et on en a parlé. On croit vraiment que notre sport peut rapprocher les peuples et leurs cultures.»
Sur le bannissement des transgenres
«J’ai une explication en trois points. On a pris cette décision, mais je tiens à préciser que les droits des êtres humains, tous les êtres humains c’est quelque chose qu’on respecte et que nous supportons. On a eu ce débat à l’interne et il n’y a rien de politique là-dedans. Les transgenres sont plus que bienvenus dans le monde cycliste. Mais la question était de savoir comment on pouvait avoir des compétitions justes. On reconnaît les droits des transgenres, mais nous n’avons pas encore assez de données sur le sujet pour le moment. Nous contribuons financièrement, avec d’autres fédérations, pour avoir plus de datas. Pour l’heure, il faut faire avec ce qu’on a. Nous devons garantir l’égalité pour les compétitrices, en tant que fédération. On verra dans le futur, avec plus d’informations, si on décide de changer cette décision. Mais nous l’avons prise ainsi pour l’heure dans le but de protéger le cyclisme féminin.»