TennisDaniil Medvedev: «Aujourd’hui, le gamin a cessé de rêver»
Après sa défaite en finale contre Rafael Nadal, le Russe s’est exprimé en conférence de presse en revenant longuement sur ses rêves de gosse.


Daniil Medvedev lors de la conférence de presse après sa finale perdue contre Rafael Nadal.
AFPToujours à l’aise et surprenant dans ses interventions avec les médias et les journalistes, Daniil Medvedev n’a pas failli à sa réputation lors de la conférence de presse après le combat dont il est sorti perdant contre Rafael Nadal, nouveau recordman du nombre de titres en Grand Chelem.
Le Russe a commencé sa conférence de presse par un long monologue dans duquel il est revenu sur sa jeunesse et l’évolution de ses rêves. «À 12 ans, je m’entraînais, je jouais des tournois en Russie, je regardais bien sûr les Grands Chelems à la télé et je rêvais d’être là à mon tour», se remémore le No 2 mondial. Comme tous les joueurs talentueux de son âge, il est ensuite passé par la case des tournois internationaux et des Grands Chelems juniors. «Ce sont des grands moments pendant lesquels on se dit qu'on rêve de jouer ces Grands Chelems avec les meilleurs du monde», se souvient Medvedev.
Un enfant qui a cessé de rêver
Arrivé sur le circuit ATP, le vainqueur de l’US Open 2021 connaîtra quelques désillusions qui le feront douter. «Il y a eu des moments durant ma carrière où le gamin s'est demandé s'il devait continuer à rêver de ces grandes choses ou pas», raconte-t-il. À ce sujet, il repense à une anecdote en particulier : «Je me souviens ensuite d'avoir perdu contre Pierre-Hugues Herbert en 2019 après un match incroyable. Il avait super bien joué, c'est ce que j'aime dans le tennis. Je n'étais pas loin du top 10, je suis arrivé en salle de presse, j'étais un peu frustré à cause du public et de tout un tas de choses. J'avais envie de faire court et de ne répondre que par deux mots. Il y avait un journaliste italien qui me posait des questions auxquelles je répondais par deux mots, pas plus. Il y avait des Russes qui me demandaient des trucs. Encore une fois, le gamin que j'étais se demandait s'il devait encore rêver de grandes choses.»
Pendant cette passionnante et accrochée finale contre Nadal, Daniil Medvedev a compris que ses rêves étaient maintenant terminés sans savoir pourquoi c’est arrivé. «Je vous parle juste des moments où les enfants arrêtent de rêver et aujourd'hui, c'était mon cas. Je ne vais pas vous dire pourquoi. À partir de maintenant, je joue pour moi, ma famille, pour subvenir à ses besoins, pour les gens qui me font confiance, aussi pour les Russes, parce que je ressens beaucoup de soutien de leur part. Je vais vous le dire de cette façon : s'il y avait un tournoi sur dur à Moscou avant Roland-Garros ou Wimbledon, je le jouerais quitte à louper Roland-Garros ou Wimbledon. Le gamin a cessé de rêver», détaille le finaliste.
Déçu par le comportement du public
En ce qui concerne cette finale, Daniil Medvedev n’éprouve aucune déception sur le côté tennistique: «C'était un match énorme. Bien sûr, il y a quelques petits points, quelques détails où j'aurais pu mieux faire pour gagner. Mais c'est le tennis, c'est la vie», explique le Russe. Il est conscient d’avoir fait de son mieux et d’être tombé sur un Rafael Nadal exceptionnel à partir du troisième set. Il garde cependant la motivation et l’espoir pour le futur: «Je vais continuer à faire de mon mieux, oui je vais même travailler encore plus, pour être un champion de ces grands tournois.»
Ce sera compliqué de continuer le tennis dans ces conditions
Sa seule déception provient du comportement du public australien, acquis à la cause de l’Espagnol, durant cette rencontre. Sans répondre à la question, il cite un exemple pour illustrer sa frustration. «Avant le service de Rafa, même dans le cinquième, quand un spectateur criait, ce qui me surprenait, "Aller Daniil", mille personnes réclamaient le silence, mais avant mon service, je n'ai pas entendu ça. C'est décevant. C'est un manque de respect», regrette-t-il.
Le comportement du public lors du match est peut-être l’une des causes qui a provoqué et changé la vision que Medvedev a du tennis. «Je ne suis pas certain de vouloir continuer le tennis après 30 ans (il aura 26 ans dans quelques jours). On va voir ce que va me dire mon entourage, comment on va traverser ce moment tous ensemble, mais encore une fois, le gamin qui rêvait n'est plus en moi après cette journée. Ce sera compliqué de continuer le tennis dans ces conditions» a-t-il conclu.