Qatar 2022Cette Suisse-là ne doit pas être bridée
C’est parce qu’elle a profité des espaces qui s’offraient à elle que l’équipe nationale a battu 3-2 la Serbie vendredi. En route pour les 8es de finale.
![Valentin Schnorhk Doha](https://image.lematin.ch/2024/11/12/874fbfd4-e16f-4b57-abe2-b3b12354b93b.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=crop&w=400&h=400&rect=0%2C662%2C2662%2C1497&fp-x=0.4838467317806161&fp-y=0.25125&crop=focalpoint&s=9d5df0eba056fcb256b1724824272a4a)
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Rendez-vous donc mardi à Lusail, sur les coups de 20 heures en Suisse, 22 heures au Qatar. Ce sera le Portugal en face, avec le souvenir de ce dernier duel à Genève en juin, lorsque la Suisse s’était imposée 1-0. Il est plus heureux que celui d’une semaine plus tôt, quand l’équipe nationale en avait pris quatre à Lisbonne. Mais la Ligue des nations n’est pas la Coupe du monde, et tout cela rend les choses bien différentes.
![L’équipe de Suisse peut célébrer sa qualification pour les 8es de finale de la Coupe du monde. L’équipe de Suisse peut célébrer sa qualification pour les 8es de finale de la Coupe du monde.](https://media.lematin.ch/4/image/2023/11/08/04303b7b-ab48-4ca8-9339-620c56376b26.jpeg?auto=format%2Ccompress%2Cenhance&fit=max&w=1200&h=1200&rect=0%2C0%2C2048%2C1365&fp-x=0.5&fp-y=0.5003663003663004&s=2683ee9e34e3c9712189b55d6e76e243)
L’équipe de Suisse peut célébrer sa qualification pour les 8es de finale de la Coupe du monde.
FreshfocusLa Suisse aura le mérite d’aborder ce 8e de finale avec une forme de confiance retrouvée dans le jeu. Même si la Serbie, de par son organisation défaillante, est une aubaine pour trouver des espaces et garnir sa production offensive. L’équipe nationale a eu le mérite d’en profiter. Cette victoire 3-2 permet d’entrevoir avec sérénité ce beau défi.
Les trois enseignements
Le strict minimum est atteint. Pour sa première grande compétition à la tête de l’équipe de Suisse, Murat Yakin a fait au moins aussi bien que ses prédécesseurs en atteignant les 8es de finale de la Coupe du monde. Mission accomplie, mais loin d’être terminée. L’équipe nationale a réalisé un premier exploit à l’Euro 2020, c’est un second qui est attendu d’elle. Après la France, le Portugal?
Peut-être est-il temps de mettre un terme aux approximations et aux idées parfois pompeuses: l’équipe de Suisse n’a jamais autant de contrôle que lorsque Granit Xhaka est proche de sa défense, en position de numéro 6. Le capitaine sait bien sûr faire d’autres choses, mais c’est en dictant le tempo que la sélection suisse trouve sa cohérence offensive. Il a fallu qu’elle soit menée 2-1 et que Xhaka prenne la direction du jeu pour qu’elle trouve une maîtrise dans ce match qui en manquait.
Si l’équipe de Suisse doit aller plus loin dans ce tournoi, elle doit assurément le faire en assumant ses ambitions. À savoir du jeu, des intentions offensives et de la projection. Que Yakin choisisse de surveiller son équilibre avec ce qui ressemble à un onze-type, soit. Mais qu’il ne le bride pas et fasse en sorte que la Suisse attaque le plus souvent en nombre, à l’instar des trois buts marqués, apparaît comme des essentiels. Le Portugal aime le contrôle, mais il reste parfois fragile défensivement. La Suisse aurait tort de ne pas en profiter.
Le meilleur Suisse: Xherdan Shaqiri
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Que voulez-vous y faire? L’homme des phases finales, c’est lui. L’homme qui ôte toutes les peurs, qui réveille tous ses talents quand on a besoin de lui. Le match qu’il réalise est celui d’un leader offensif, impliqué sur les trois buts: il marque, il fait le geste qui donne une autre tournure à l’action et est à l’avant-dernière passe.
Bien sûr, il y a quelques ombres au tableau: son occasion manquée, son manque de repli, sa mauvaise passe à l’origine du 2-1 serbe. Mais même quand on croit moins en lui, il rappelle sa fiabilité dans les moments décisifs. Il faut le lui reconnaître.
Le moins bon Suisse: Manuel Akanji
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Pas facile de remettre en cause un Suisse vendredi soir. Mais Manuel Akanji est «sur la photo de famille» des deux buts serbes. Trop passif face à la présence de Mitrovic sur le premier but, il défend trop loin de Vlahovic sur le deuxième.
Avec des circonstances atténuantes: il retrouve un poste à gauche de la défense centrale avec le retour de Fabian Schär. Et il doit former une paire qu’il n’a plus l’habitude de composer. Reste qu’il n’a pas eu le comportement attendu d’un leader. Sa façon de défendre le coup d’après plutôt que le duel lui coûte parfois cher.
La décla’
«Les buts encaissés étaient de notre faute, c’était un problème d’organisation, mais ils ne nous ont pas arrêtés de jouer de manière offensive»
Le fait tactique: la projection des milieux
Symptôme d’un jeu offensif qui n’inspirait pas tant de crainte à l’adversaire, le manque de profondeur de l’équipe de Suisse a été résorbé contre la Serbie vendredi. Sans doute que cela a aussi été permis par la déstructure de l’équipe de Dragan Stojkovic et à la difficulté qu’elle avait à défendre dans son dos. Rien de nouveau: c’était déjà le cas contre le Brésil et contre le Cameroun. Mais la Suisse n’avait d’autre choix de l’exploiter si elle entendait trouver des solutions.
Simple constat: elle y est parvenue. Grâce à ses latéraux, notamment, qui ont trouvé des espaces sur les ailes. Mais ça ne suffit pas à déséquilibrer un adversaire. C’est de l’intérieur que doit aussi venir cette projection. Elle est arrivée. Dès la première seconde de jeu, par Djibril Sow qui a plongé dans le dos de la défense pour offrir la triple situation helvétique dès le début de la rencontre. Le milieu de Francfort a remis ça plus d’une fois, avec une meilleure maîtrise du timing de ses courses que contre le Brésil.
Autre élément dévoué du milieu de terrain: Remo Freuler. Dès lors que l’organisation du jeu a été déléguée à Granit Xhaka, le joueur de Nottingham Forest a trouvé une certaine liberté qui lui a notamment permis d’inscrire le troisième but décisif. En arrivant au deuxième rideau sur la remise de Vargas, il a montré l’importance d’avoir un milieu mobile et surtout capable d’apporter le surnombre. Cela doit être reproduit mardi contre le Portugal.
La statistique
2, comme le nombre d’équipes européennes à s’être systématiquement qualifiées pour les 8es de finale d’un Euro ou d’une Coupe du monde depuis 2014. L’équipe de Suisse en fait partie, l’autre étant la France. Cela place une nation.
Le dossier à suivre
Granit Xhaka peut-il être «rattrapé par la patrouille»? Il y a un geste obscène, adressé à l’endroit du banc serbe. Est-il sanctionnable, d’une manière ou d’une autre? La FIFA se saisira-t-elle du dossier, pour éventuellement prendre une mesure à l’égard du capitaine de l’équipe de Suisse?
Il faut souhaiter que non, pour l’équipe nationale. Sauf qu’il y a des faits: un Granit Xhaka longtemps imperturbable, concentré uniquement sur le sportif. Et puis, tout est devenu un petit peu plus tendu une fois que le match a commencé à échapper aux Serbes. Plusieurs accrochages, plus ou moins virulents, où Xhaka n’était jamais très loin. Une annonce aussi par le speaker du stade, demandant de mettre fin aux slogans haineux, vraisemblablement scandés par une partie du public serbe. Difficile d’y être tout à fait insensible, sans doute.
Et puis, il y a un message, peut-être un peu plus subtile: en revêtant le maillot de son jeune coéquipier Ardon Jashari au moment des célébrations suisses, Xhaka aurait-il aussi fait référence à Adem Jashari, considéré comme un héros national au Kosovo, mais comme un criminel de guerre par les Serbes? «Rien de politique là-dedans, c’était une dédicace à Ardon», a-t-il balayé en substance. Plusieurs affaires à suivre. Avec attention: la Suisse a besoin de lui.
Une question pour penser l’avenir
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Murat Yakin est-il un sélectionneur suffisamment flexible pour évoluer durant un tournoi, au point de considérer la paire Akanji-Schär comme celle titulaire en défense centrale?