Tensions à Taïwan«Après Poutine vient Xi»
Une délégation de parlementaires allemands est arrivée lundi à Taïwan, une initiative vivement condamnée par Pékin en pleine tension avec Taipei.
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La délégation de parlementaires devrait rencontrer, lors de sa visite organisée de lundi à jeudi, des représentants du gouvernement et de l’opposition ainsi que des organisations de défense des droits humains, des représentants de l’économie et des militaires.
AFPUne délégation de parlementaires allemands est arrivée lundi, à Taïwan, une initiative vivement condamnée par Pékin en pleine tension avec Taipei, avant une visite ministérielle allemande prévue cette année.
Visite allemande à Taïwan
Johannes Vogel, du parti libéral FDP, membre de la coalition du chancelier Olaf Scholz, a posté sur Twitter une photo de lui et de sa collègue Marie-Agnes Strack-Zimmermann, à bord de «l’avion pour Taïwan», dont Pékin revendique la souveraineté.
Les députés entendent «manifester (leur) solidarité avec le peuple de Taïwan par ce voyage», avait indiqué jeudi, à l’AFP, Mme Strack-Zimmermann, présidente de la commission de la Défense du Bundestag.
Condamnation chinoise
Le ministère chinois des Affaires étrangères a rapidement condamné cette visite. «La cause profonde du problème de Taïwan est précisement que la loi de la jungle, l’hégémonisme, le colonialisme, le militarisme et le nationalisme étaient endémiques dans le monde, et la Chine en a profondément souffert», a déclaré le porte-parole du ministère, Wang Wenbin, lors d’une conférence de presse.
«L’Allemagne a (vécu) une leçon historique profonde et douloureuse sur ce sujet», a-t-il ajouté, apparemment en référence à la Seconde Guerre mondiale. «Nous exhortons ces politiciens allemands à respecter sincèrement le principe d’une seule Chine».
«Après Poutine vient Xi»
Ce voyage devrait être suivi au printemps d’une visite de la ministre allemande de l’Education, Bettina Stark-Watzinger, également du FDP. Il s’agirait de la première visite ministérielle allemande à Taïwan en 26 ans.
La délégation de parlementaires devrait rencontrer, lors de sa visite organisée de lundi à jeudi, des représentants du gouvernement et de l’opposition ainsi que des organisations de défense des droits humains, des représentants de l’économie et des militaires, avec qui ils discuteront de la «situation de menaces» actuelle, a indiqué avant le voyage Mme Strack-Zimmermann.
L’élu allemand estime qu’après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le président chinois Xi Jinping pourrait, comme son homologue russe Vladimir Poutine, être également tenté de déclencher une guerre. «Après Poutine vient Xi», a lancé M. Vogel. «Nous devons prendre ces autocrates au mot et au sérieux».
Dépendance allemande
Les parlementaires allemands s’inquiètent également d’une trop grande dépendance économique de l’Allemagne envers la Chine, son premier partenaire commercial en 2021. «Cela ne peut que nous être défavorable de nous rendre économiquement dépendants d’Etats dictatoriaux», a affirmé Mme Strack-Zimmermann, rappelant la récente expérience de Berlin avec les hydrocarbures russes.
Ces initiatives diplomatiques allemandes risquent de susciter des tensions avec Pékin, qui s’oppose aux visites de députés étrangers, qualifiées d’ingérence dans ses affaires intérieures.