SerbieUne experte de l’ONU appelle la Serbie à faire cesser les discours haineux
Selon Irene Khan, qui s’est rendue en Serbie après les deux fusillades ayant fait 18 morts en mai, «le climat actuel du discours politique en Serbie est profondément inquiétant».
Une experte de l’ONU s’est alarmée lundi de la montée des discours haineux en Serbie après les deux tueries qui ont ébranlé le petit pays des Balkans début mai, appelant les autorités à prendre des mesures immédiates.
Des fusillades traumatisantes
«Ces fusillades ont traumatisé le pays tout entier», a déclaré la Rapporteure spéciale des Nations Unies sur la liberté d’opinion et d’expression, Irene Khan, dans un communiqué.
«Il est inadmissible d’utiliser cette tragédie comme une nouvelle occasion d’attiser la haine, de diaboliser et de vilipender les médias indépendants, les défenseurs des droits humains, les opposants politiques et tous ceux qui critiquent le gouvernement», a ajouté l’experte, qui est mandatée par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU mais ne parle pas au nom des Nations Unies.
Le discours politique en Serbie est «profondément inquiétant»
Ces deux fusillades, qui ont fait 18 morts au début du mois de mai, ont provoqué d’importantes manifestations à Belgrade. Les gens ont manifesté d’abord en signe de deuil mais la protestation s’est muée en vaste mouvement de colère contre le pouvoir du président Aleksandar Vucic.
Les manifestants réclament aussi la révocation des licences des télévisions proches du gouvernement qui publient des contenus violents et accusent le gouvernement d’avoir instauré ou toléré un «climat de violence» en Serbie. Dès le début, le chef de l’Etat serbe a accusé l’opposition d’«abuser» de la situation «à des fins politiques».
«Plutôt que de promouvoir la justice et le principe de responsabilité, les discours récents – y compris ceux des membres du gouvernement – semblent avoir encouragé le harcèlement et même les attaques physiques contre les politiciens, les journalistes et les activistes de l’opposition», a dénoncé Mme Khan.
Selon l’experte, qui s’est rendue en Serbie en avril, «le climat actuel du discours politique en Serbie est profondément inquiétant». «Le gouvernement serbe doit immédiatement enquêter et sanctionner les intimidations, les menaces et les incitations à la violence, en particulier de la part des représentants du gouvernement, et veiller à ce que toutes les institutions et tous les organes de l’État suivent les directives des Nations Unies sur la lutte contre le discours de haine tout en défendant la liberté d’expression», a-t-elle demandé.