Élections fédéralesL’UDC propose de supprimer le droit de demander l’asile en Suisse
Le parti a publié un papier de position sur l’asile, les frontières et les sans-papiers. Il reconnaît toutefois que certaines de ses exigences ont des limites.
- par
- Yannick Weber
En Suisse, on ne dit pas «grand remplacement», on dit «modification irréversible de la structure de la population». En tout cas, dans la langue de l’UDC. Le parti a présenté, mardi, un papier de position sur l’asile en Suisse et n’y va pas par quatre chemins. «Dans certains pays occidentaux, l’immigration a pris une ampleur telle qu’elle modifie la structure de la population», écrit l’UDC, chiffres de la natalité en Afrique et en Europe à l’appui.
Sa principale revendication: supprimer purement et simplement le droit de venir déposer une demande d’asile en Suisse. L’UDC veut créer des «centres d’accueil et de protection» suisses, mais à l’étranger, où les requérants devraient aller déposer leur demande, pour «couper l’herbe sous les pieds des passeurs». Il s’inspire de la volonté du Royaume-Uni d’expulser des migrants au Rwanda, peu importe d’ailleurs d’où ils viennent.
Les exigences et leurs limites
La Suisse devrait aussi reprendre le contrôle de ses frontières et créer des zones de transit où laisser les requérants qui, ainsi, «ne se trouveraient pas sur le territoire suisse et pourraient être directement renvoyés dans le pays depuis lequel ils voulaient entrer en Suisse en cas de décision négative». En parallèle, la Suisse devrait renvoyer immédiatement tout sans-papiers interpellé.
Mais l’UDC, dans son dossier, semble aussi consciente que ses revendications ont des limites. Sur la création des centres à l’étranger, son exigence concrète adressée au Conseil fédéral est que celui-ci «examine les scénarios» possibles. De la même manière, sur les sans-papiers ou les requérants d’asile dont la demande a été refusée, il reconnaît que le droit international empêche les renvois dans bien des cas. «Ils sont là, ils y restent», écrit l’UDC, dans une forme de constat amer.
Le Conseil fédéral ne suit pas
Ces revendications ne sont en tout cas pas à l’ordre du jour du Conseil fédéral. Il y a trois semaines, celui-ci a listé 23 objectifs qui le guideront pour la législature de 2023 à 2027. Parmi ceux-ci, «une politique cohérente en matière d’asile et d’intégration, saisir les chances qu’offre l’immigration et œuvrer en faveur d’une coopération internationale efficace». Le matin même où l’UDC tenait sa conférence de presse, le Secrétariat d’État aux migrations annonçait en outre rendre définitive la disponibilité d’une aumônerie musulmane dans les centres d’asile. Un projet de loi en consultation veut enfin améliorer la sécurité dans le domaine disciplinaire dans ces mêmes centres.
Année électorale bien lancée
L’UDC, à neuf mois des élections fédérales, reprend ses thèmes chers et son langage frontal dans l’espoir d’accoucher d’une victoire en octobre. «Les requérants d’asile tuent, violent et volent plus souvent que les autres», écrit-elle en titre d’un graphique, basé sur les chiffres de l’Office fédéral de la statistique. Le lien entre immigration et criminalité, qui a fait une partie de son succès dans les urnes, est bien présent. «Clans, gangs, criminels et terroristes: même en cas de délits graves, on ne parvient toujours pas à expulser systématiquement les criminels étrangers condamnés», dénonce-t-elle.