Bataille rangée autour de trois heures de ménage à 50 francs

Un bon pour trois heures de ménages à 50 francs (au lieu de 134.70 francs). C’est l’annonce de la société de nettoyage Batmaid parue récemment sur le site QoQa, ch. L’offre est déjà épuisée, mais elle a fait réagir le socialiste vaudois Benoît Gaillard, candidat au Conseil national. «À quel moment ça vous paraît une bonne idée d’offrir du travail, fait par une femme, à un «prix cassé» ?» Un rapide calcul aboutit à une rémunération de 16.60 francs de l’heure tout compris. Que resterait-il en effet pour la femme de ménage dans un pareil contrat?

La société Batmaid a aussitôt réagi sur Twitter en précisant que cette offre n’impactait pas les salaires qui restaient pleinement versés. Mais Benoît Gaillard reste critique quant à la manière: «Merci pour cette clarification, même si ce n’était pas mon inquiétude. Je trouve cette promotion de mauvais goût et le symbole qu’elle véhicule sur ce que vaut la prestation est mauvais. À l’inverse, d’ailleurs, de vos efforts pour des salaires corrects et déclarés».

Le site QoQa est également intervenu pour clarifier: «Nous n’avons jamais précisé qu’il s’agit d’un travail de femmes. Contrairement à vous». Le socialiste ne s’en laisse pas conter: «On peut faire semblant que le nettoyage n’est pas une branche presque exclusivement féminine. On peut relever qu’il y a des hommes qui travaillent dans ce domaine évidemment. Ça ne change pas la réalité sociale concrète». Et d’ajouter: «Ça vous dérange peut-être, mais moi je ne trouve pas cool d’ancrer l’idée que le ménage coûte 17 francs de l’heure…»

Contacté par lematin.ch, le patron de Batmaid, Andreas Schollin-Borg, trouve ces critiques «aberrantes»: «Nous avons un budget marketing qui n’a aucun impact sur les salaires que nous versons, qui sont en moyenne de 4 à 7% plus élevés dans la branche en moyenne suisse. Nous sommes un des gros employeurs de Suisse avec quelque 4500 employés, nous sommes signataires de quatre CCT et nous sommes régulièrement contrôlés. Laisser entendre que nous versions des salaires de 16 ou 17 francs est fantaisiste et tout à fait impossible. Sur Genève par exemple, le salaire superbrut moyen est de 30.50 francs. Par ailleurs, nous poursuivons un but social qui est de lutter contre le travail au noir, qui représente encore 80% de l’activité dans cette branche».

Benoît Gaillard rétorque: «L’économie du low-cost a pu susciter de l’enthousiasme au début, mais on s’aperçoit maintenant des ravages qu’elle fait: ubérisation, pression sur les salaires. En l’occurrence cette promotion fait croire qu’on peut avoir trois heures de travail pour 50 francs. Je trouve que c’est malvenu dans une profession déjà mal payée – même si en l’occurrence les salaires sont maintenus, le message est mauvais».

Selon le site mon-ménage.ch, en Suisse, le salaire brut moyen pour une heure de ménage varie de 25 à 34 francs. Il n’existe pas de salaire minimum applicable à tous les cantons. Toutefois, il existe une base minimum pour le salaire horaire pour une personne non qualifiée sans expérience professionnelle de 19 fr. 20.