Pakistan: L’ex-Premier ministre Imran Khan comparaît devant un tribunal

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PakistanL’ex-Premier ministre Imran Khan comparaît devant un tribunal

L’ex-Premier ministre pakistanais Imran Khan comparaît vendredi en justice après l’invalidation par la Cour suprême de son arrestation qui a déclenché des émeutes dans le pays.

Islamabad sous haute sécurité le 11 mai 2023.

Islamabad sous haute sécurité le 11 mai 2023.

AFP

Imran Khan avait été arrêté mardi alors qu’il était entendu par un tribunal d’Islamabad pour l’une des nombreuses affaires de corruption le visant, puis placé en détention provisoire le lendemain pour une durée de huit jours. Mais jeudi, la Cour suprême a invalidé son arrestation, après que celle-ci a déclenché de violentes manifestations dans tout le pays. La Cour l’a toutefois maintenu en détention jusqu’à l’audience de vendredi.

Des centaines de policiers ont été blessés et plus de 2000 protestataires arrêtés, principalement dans les provinces du Pendjab (centre-est) et du Khyber Pakhtunkhwa (nord-ouest), d’après la police. Au moins neuf personnes sont mortes dans des incidents liés aux manifestations, violemment réprimées par les forces de sécurité, selon la police et les hôpitaux.

Chose rare au Pakistan, des milliers de partisans du Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), la formation politique de Imran Khan, s’en sont pris aux symboles de l’armée, l’accusant d’avoir contribué à l’éviction de son leader, au pouvoir de 2018 à 2022.

Imran Khan a été destitué en avril dernier par une motion de censure après avoir perdu le soutien des militaires, qui l’avaient appuyé en sous-main lors de son accession au poste de Premier ministre. À 70 ans, il espère faire son retour rapidement, mais le ministre de l’Intérieur, Rana Sanaullah, a promis de l’arrêter de nouveau s’il est libéré vendredi.

Aggravation de la crise

L’arrestation d’Imran Khan, ancienne star du cricket, a marqué une aggravation spectaculaire de la crise causée par son renversement. Le gouvernement avait donné son feu vert mercredi à l’envoi de soldats dans la capitale et dans deux provinces, dont celle du Pendjab, la plus peuplée du Pakistan, pour rétablir le calme.

Et la police d’Islamabad a annoncé jeudi que des troupes avaient été positionnées dans la nuit dans la «zone rouge» de la capitale, qui abrite les principales institutions gouvernementales. Les autorités ont coupé l’internet mobile, restreint l’accès aux réseaux sociaux tels que Twitter, Facebook ou YouTube, et ordonné la fermeture des écoles dans le pays.

«Les gens devraient manifester, mais ça ne veut pas dire qu’il faut assiéger, incendier ou endommager les propriétés du gouvernement, ou s’attaquer aux pauvres en brûlant leurs voitures ou motos», a estimé un habitant de Peshawar, Syed Muzaffar Shah.

Par ailleurs, huit hauts responsables du PTI, accusés d’avoir orchestré les violences, ont été placés en détention, selon la police.

Depuis son éviction, Imran Khan a multiplié les manœuvres politiques pour obtenir la tenue d’élections anticipées avant la date limite d’octobre, dans un pays en proie à une grave crise économique. Il s’est aussi lancé dans des diatribes toujours plus virulentes à l’encontre de son successeur, Shehbaz Sharif, et de l’institution militaire.

L’influente armée

L’armée exerce une influence politique considérable au Pakistan. Elle a organisé au moins trois coups d’État depuis l’indépendance en 1947 et assumé le pouvoir pendant plus de trois décennies. Mais les critiques directes à son encontre sont rares, car considérées comme une ligne rouge à ne pas dépasser, au risque de se retrouver dans le viseur de l’appareil sécuritaire.

Dans ce contexte, la décision de la Cour suprême «apparaît comme seulement un répit, probablement dans le cadre des efforts déployés pour maîtriser une situation devenue explosive et réduire les tensions», a déclaré à l’AFP l’analyste Imtiaz Gul.

L’arrestation d’Imran Khan est intervenue peu après qu’il a renouvelé ce week-end ses accusations à l’encontre d’un officier supérieur, auquel il reproche d’avoir comploté pour l’assassiner en novembre lors d’un meeting électoral où il avait été blessé par balle à une jambe. Il n’a pas apporté la moindre preuve de ses allégations, qui ont été dénoncées comme «fabriquées de toutes pièces et malveillantes» par l’armée.

(AFP)

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