TennisAntoine Bellier: «Je ne veux pas m’arrêter là»
Vainqueur de son premier tournoi Challenger, au Mexique, le Genevois a bondi de 178 places à l’ATP. Un moment certes important, mais qu’il considère seulement comme une étape.
- par
- Brice Cheneval
Antoine Bellier s’est offert un joli cadeau de Pâques. Et celui-ci n’est pas en chocolat. Dimanche, le Genevois a remporté le Challenger de San Luis Potosi (Mexique). Son tout premier titre estampillé ATP. Et quel titre! Vainqueur en finale de l’Argentin Renzo Olivo (6-7 [2/7] 6-4 7-5), il a conclu de la plus belle des manières une semaine absolument dingue. Parti du premier tour des qualifications avec le matricule 488 au classement mondial, il a renversé à chaque fois des adversaires hiérarchiquement supérieurs. Et presque systématiquement en trois sets, six fois sur sept. Au total, son temps passé sur le court s’élève à 12h49. La victoire de la résilience.
Calvin Hemery (350e) est le premier à avoir baissé pavillon. Le Français a été imité ensuite par l’Australien Akira Santillan (355e), le Roumain Filip Cristian Jianu (308e), l’Italien Federico Gaio (186e) et le Slovaque Andrej Martin (133e). Ultime rempart avant l’opposition avec Renzo Olivo (192e), le Zurichois Marc-Andrea Hüsler (140e) s’est aussi incliné alors qu’il restait sur huit succès de suite et un sacre au Challenger de Mexico City. Personne ne s’est montré en mesure de l’évincer.
À la faveur de cet exploit retentissant, Antoine Bellier a réalisé la plus grande performance de sa carrière professionnelle. Peut-elle constituer un déclic? «C’est juste un point de passage parmi les objectifs que je me suis fixés, tempère l’intéressé au téléphone juste avant de se rendre à Aguascalientes, toujours au Mexique, où il enchaîne un nouveau tournoi cette semaine. C’est encourageant, cela montre qu’on travaille dans la bonne direction.»
Remise en question
À San Luis Potosi, Bellier s’est brillamment accommodé aux conditions de jeu, sur terre battue et à 1860 mètres d’altitude. Mais son succès ne peut être résumé à cela. Le Genevois récolte les fruits du changement d’encadrement opéré il y a maintenant un an et demi. Basé à l’Élite Tennis Center de Cannes, où Daniil Medvedev a éclos, il progresse sous la coupe de Jean-René Lisnard. À ses côtés, il a franchi un cap sur le plan tennistique.
«Depuis décembre, nous avons procédé à une évolution dans mon jeu, raconte-t-il. L’idée, c’était que je sois plus agressif, que je monte davantage au filet. Nous avons eu une discussion très franche. Jean-René m’a dit: «Soit tu ne changes rien et tu resteras coincé autour des places 500, soit tu prends des risques.» Tout est parti d’une remise en question.»
Antoine Bellier a démarré sa saison en trombe en atteignant la finale du tournoi Future de Manacor (Espagne), là même où il s’était imposé l’an dernier. Dans les faits, les modifications souhaitées par son entraîneur mettent du temps à s’implanter. Le Suisse de 25 ans doit se faire violence, mais le travail paye doucement. «Au début, je me posais pas mal de questions sur ce nouveau style, qui demande beaucoup de concentration. La moindre erreur est sanctionnée. Ça commence à devenir de plus en plus naturel.» En février, il pointe une première fois le bout de son nez lors du deuxième Challenger de Bengaluru (Inde), où il va jusqu’en quart de finale. Deux mois plus tard, son parcours à San Luis Potosi fait office de confirmation.
À l’ATP, il apparaît désormais en 310e position, soit un bond de 178 rangs en une semaine. Tout simplement le meilleur classement de sa carrière. De quoi lui ouvrir plus facilement l’accès à certains tournois et modifier ses perspectives. Toutefois, il ne s’en formalise pas: «Je ne veux pas m’arrêter là. Avec l’exigence qu’on a, on peut aller encore plus haut. Il s’agit d'élever encore d’un cran le niveau moyen physique, technique et mental.»
À court terme, Bellier ambitionne d’entrer dans le top 250 et disputer les qualifications des Grands Chelems. L’appétit vient en mangeant!