AviationLe retard du futur long-courrier de Boeing 777X exaspère Emirates
Principal client du constructeur, la compagnie aérienne dubaïote a commandé 115 exemplaires du plus grand biréacteur au monde. Mais les livraisons ont été repoussées à fin 2023.
Le retard dans la certification du futur avion long-courrier 777X coûte des milliards à Boeing et exaspère son principal client, Emirates, la compagnie aérienne de Dubaï. Mais l’avionneur américain parie toujours sur son succès avec la croissance à terme du trafic aérien.
Le plus grand biréacteur du monde, pour de longs mois encore en phase d’essai, a été présenté pour la première fois hors des États-Unis cette semaine, à l’occasion du salon aéronautique de Dubaï, aux Émirats arabes unis, le premier d’ampleur depuis la pandémie.
Sa présentation à Dubaï ne doit rien au hasard: c’est le fief de son principal client, la compagnie Emirates qui en a commandé 115 exemplaires. La région du Golfe, avec les commandes de Qatar Airways et Etihad, représente les deux-tiers des 320 commandes passées depuis le lancement du programme en 2013. Mais depuis, les premières livraisons ont été repoussées à plusieurs reprises et sont attendues dans deux ans.
Des délais qui coûtent des millions de dollars
«Boeing a repoussé la certification à juillet 2023, alors que nous devions en prendre livraison en juin 2020. Personne ne sait s’ils y parviendront ou non», a affirmé dans une froide colère, le président d’Emirates, Tim Clark, devant quelques journalistes.
Ces retards coûtent des millions à la compagnie dubaïote, la contraignant à moderniser des appareils plus anciens en attendant les 777X. «Pour restaurer notre réseau, nous avons besoin de tous nos avions et nous ne pouvons pas permettre aux constructeurs de nous ralentir», s’est-il exaspéré.
À Dubaï, Boeing cherche à rassurer sur l’avancée des essais en vue de l’obtention du précieux sésame permettant son exploitation commerciale. «Nous en sommes à 600 vols d’essai, soit 1700 heures de vol, et ses performances sont au rendez-vous», assure le directeur commercial de l’avionneur, Ihssane Mounir.
Moins gourmand en carburant
Doté d’ailes composites dont les extrémités sont repliables, de nouveaux moteurs, le 777X sera décliné en deux variantes, le 777-8 et le 777-9, ainsi qu’une version cargo dont le lancement doit être officialisé prochainement. Boeing promet aussi une réduction d’environ 20% de la consommation de carburant et donc des émissions de CO2 par rapport à la génération précédente.
Son arrivée sur le marché fin 2023 arrivera finalement au moment opportun, alors que le trafic aérien mondial, particulièrement sur les longues distances, s’est effondré avec le Covid, veut-on croire chez Boeing. «Nous nous attendons à une reprise en trois étapes, la demande pour les long-courriers étant la dernière à repartir» et à retrouver son niveau d’avant-crise «vers 2024», explique Tom Sanderson, directeur du marketing des produits de l’avionneur.
Cela correspondra selon lui au début d’une «vague de remplacements» d’avions gros-porteurs, de loin les plus lucratifs pour les avionneurs. Boeing estime qu’il faudra près de 7700 nouveaux gros-porteurs d’ici 2040.