InterviewMichaël Youn: «J’ai un grain de folie que je retrouve chez les Suisses»
L’un des artistes les plus déjantés de France était à Fribourg la semaine passée pour un concert en tant que Fatal Bazooka. L’occasion de lui demander qu’elle a été sa pire blague et pourquoi il aime autant notre pays.
- par
- Fabio Dell'Anna
Michaël Youn a endossé son costume de Fatal Bazooka, vendredi 27 octobre, pour faire vibrer Le plus grand Halloween de Suisse au Forum Fribourg. La foule était au rendez-vous pour chanter «Fous ta cagoule» ou encore l’emblématique «Mauvaise foi nocturne». Après une nuit pleine d’énergie, l’artiste de 49 ans prend encore le temps de nous rencontrer à 4 h 30 du matin.
Comment s’est passée votre performance à Fribourg?
C’était super. Je suis déjà venu une dizaine de fois dans le canton. J’ai un rapport très affectif avec votre pays. Je me suis produit en spectacle, je suis venu présenter des films et j’y viens aussi chanter. J’ai l’impression que j’ai un grain de folie que je retrouve chez les Suisses. On vous croit sages, car vous avez trouvé une belle harmonie dans vos différences entre régions et vos langues, mais vous êtes fous. Je vous trouve même très fous. J’ai toujours beaucoup de répondant ici. Quand je propose quelque chose, la balle me revient vite. Je prends beaucoup de plaisir à venir vous voir.
Fatal Bazooka a toujours un succès énorme comme on l’a pu voir. Comment est né le personnage?
D’une première expérience d’animateur radio à Skyrock en 1998. Je présentais les infos et je croisais les rappeurs qui rentraient dans le studio de Planète Rap, animé toujours aujourd’hui par Fred. J’étais admiratif et je ne pouvais m’empêcher d’avoir un regard un peu ironique sur ces gars qui passaient leurs interviews à faire des dédicaces. C’était nouveau pour moi. Même si je suis de la banlieue de Billancourt, je ne connais pas l’univers des quartiers. Cela m’a fasciné et j’ai eu envie de me plonger dedans. Puis avec «Morning Live», on a recréé cet univers radio pour un sketch et Fatal Bazooka était en interview. De là est né «Fous ta cagoule». On s’est dit quoi de plus rigolo que de mettre du rap hardcore sur un sujet qui ne l’est pas.
Vous avez l’intention de revenir à la musique?
On va refaire des sons avec mes amis quand on en aura envie, mais on va revenir.
Quel est le moment le plus fou que vous avez vécu en tant que Fatal Bazooka?
J’ai fait des concerts où il y avait des centaines de milliers de personnes. Je ne suis pas chanteur et les réactions sont dingues. Comme à Fribourg, je ne sais pas si vous avez vu, il y a une femme qui s’est ruée sur scène pour m’embrasser. Je regarde toujours ça avec beaucoup de tendresse. Ça me fait rire. J’ai l’impression d’être une rockstar, alors que ce n’est pas le cas.
Vous allez revenir sur M6 le jeudi 2 novembre avec le show le «Morning Night», inspiré du «Morning Live». Il faut s’attendre à quoi?
On retrouvera la bande à Fifi, Kev Adams, Virginie Hocq que j’aime beaucoup… Et il y aura surtout mes acolytes de toujours Vincent Desagnat et Benjamin Morgaine, avec qui on va faire des bêtises. Les tubes du grenier vont revenir, le célèbre mégaphone fera aussi sa réapparition. On a tourné des fausses pubs. On vous a préparé des jeux et des chansons débiles. Ça va être fou. Il s’agira d’ailleurs de la seule émission où les invités ont quelque chose à gagner. Le prix? Pendant une semaine, on peut mettre sa tête sur la façade de M6 avec le slogan de son choix. Le perdant aura son visage sur des paquets de saucisses qu’on vendra dans tous les hypermarchés de France. Peut-être en Suisse aussi, tiens.
Vingt-trois ans après le début du «Morning Live» vous prenez toujours autant de plaisir à la présentation d’un programme?
L’étoile et la lumière sont toujours allumées. Je m’éclate quand je suis avec mes copains. Après, c’est beaucoup de travail. L’époque a changé. On ne peut plus faire les choses aussi spontanément. Ce n’est peut-être pas plus mal. Il y a des choses que j’ai faites que je ne referais pas aujourd’hui. Je n’ai pas envie de faire du mal à des gens ou de froisser une communauté. Je n’ai pas envie de blesser la susceptibilité de certains pour en faire rires d’autres. Cela demande beaucoup de travail et de rigueur. Je suis assez perfectionniste. Là, j’ai tourné deux émissions et il m’a fallu six mois de travail.
Pouvez-vous nous raconter une blague qui a très mal tourné?
Il y en a une qui a tellement mal tourné que je ne peux pas la raconter. D’ailleurs, j’ai croisé quelqu’un à Fribourg qui est lié à cette histoire. J’ai fait une blague à une personne qui m’a cru. Elle m’a tellement cru qu’elle a fait appel à certaines personnes pour m’aider. Des gens auxquels il ne faut pas demander de service normalement…
Vous serez à l’affiche de «Superpapa» qui sera diffusé sur TF1 le 13 novembre. Comment était le tournage avec Jenifer?
Jenifer ne tourne pas beaucoup. Elle était hypertimide, mais elle avait envie d’apprendre. J’étais super content de pouvoir être son grand frère. C’était un tournage très harmonieux avec des ados. Voici l’histoire: j’entends les pensées de mon ado et de ses copains, et ça me rend complètement fou. Bon, ça n’empêche pas de tomber amoureux de Jenifer. Ce n’est pas difficile.
Vous avez d’ailleurs une ado à la maison, Seven, 15 ans. Que pense-t-elle?
Elle pense que je suis un super papa. C’est normal, c’est ma fille. Même si parfois j’ai l’impression parfois de comprendre à demi-mot tout ce qu’elle me raconte. (Rires.) Cela devrait être horrible d’avoir ce pouvoir de nos jours. Le film est pour les familles, donc les situations sont assez douces. Mais aujourd’hui, les pensées des ados entre le Covid, les réseaux sociaux, le conflit israélo-arabe… Cela ne doit pas être facile.
Et vous, que pensez-vous de votre fille?
Qu’elle est la plus merveilleuse de toutes les petites filles. Je l’aime et elle me manque.