États-UnisBiden accueille l’Asie du Sud-Est, des projets concrets à la clé face à Pékin
Les dirigeants des pays d’Asie du Sud-Est étaient accueillis jeudi à Washington pour afficher l’engagement concret des États-Unis dans cette région face aux appétits croissants de la Chine.
Avant l’invasion russe de l’Ukraine, le président américain avait défini sa première priorité sur la scène internationale: la compétition teintée de confrontation avec Pékin.
Le sommet avec l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean), qui s’ouvre jeudi par un dîner avant d’autres rencontres vendredi, doit permettre au démocrate, accaparé depuis des mois par le conflit russo-ukrainien, de remettre l’accent sur sa politique asiatique.
Son principal conseiller pour l’Asie, Kurt Campbell, a expliqué que les Etats-Unis entendaient évoquer avec l’Indonésie, la Thaïlande, Singapour, la Malaisie, les Philippines, le Vietnam, le Cambodge, le Laos et Brunei les domaines de coopération comme la lutte contre le Covid-19.
Nouvelles initiatives
La Maison Blanche a annoncé jeudi de nouvelles initiatives pour un montant global de 150 millions de dollars -- une somme modeste si on la compare au nouveau paquet de 40 milliards que le Congrès américain s’apprête à adopter pour aider Kiev.
Dans le détail, 60 millions sont consacrés à la sécurité maritime, notamment pour prévenir la pêche clandestine, a expliqué un responsable américain, alors que les eaux autour de la mer de Chine méridionale font l’objet de disputes croissantes entre Pékin et les pays riverains comme le Vietnam et les Philippines. Washington va aussi investir 40 millions dans les énergies propres, mais espère travailler avec le secteur privé pour atteindre les deux milliards dans ce domaine crucial.
A elles seules, ces initiatives ne permettront pas de rivaliser avec la Chine, qui a dépassé les Etats-Unis comme premier partenaire commercial de l’Asean.
Secteur privé
Mais les Américains misent aussi sur le secteur privé, et une initiative commerciale plus vaste, le Cadre économique pour l’Indo-Pacifique (Indo-Pacific Economic Framework, IPEF), annoncée fin 2021 par le secrétaire d’Etat Antony Blinken à Jakarta et que le président Biden doit lancer formellement la semaine prochaine lors d’un déplacement très attendu à Tokyo et Séoul.
Kurt Campbell a dit s’attendre à «un intérêt important» de certains pays de l’Asean pour cet IPEF. «Nous avons bon espoir de pouvoir avoir un lancement substantiel avec un panel très large d’acteurs potentiels», a-t-il assuré mercredi devant le cercle de réflexion United States Institute of Peace.
L’ancien président démocrate Barack Obama avait proposé un traité de libre-échange transpacifique (TPP), présenté à l’époque comme un instrument-clé pour que les Etats-Unis soient en première ligne dans cette région dont il avait, déjà, fait une priorité.
Mais son successeur républicain Donald Trump, dans son tournant souverainiste, avait tourné le dos à cet accord, qu’il jugeait défavorable aux travailleurs américains. Joe Biden, pourtant vice-président de l’ère Obama, a clairement fait comprendre qu’il n’avait aucune hâte de relancer de grands accords de libre-échange, à l’unisson avec une opinion plus protectionniste.
Pas de «nouvelle Guerre froide»
Selon des experts, l’IPEF prévoit d’engager formellement les Etats-Unis à travailler avec leurs partenaires sur des priorités économiques, comme l’amélioration des chaînes d’approvisionnement perturbées depuis la pandémie, la lutte anticorruption ou la promotion d’énergies propres. Mais contrairement aux accords commerciaux traditionnels, cette initiative ne garantira pas l’accès au marché des Etats-Unis, la première économie mondiale -- qui est d’ordinaire octroyé pour obtenir les concessions des autres pays.
Kurt Campbell a assuré que le président Biden n’entendait pas embarquer l’Asie «dans une nouvelle Guerre froide», et que les éventuelles ententes commerciales devraient répondre aux «besoins» des populations de la région.
Le sommet de Washington intervient aussi alors que les Etats-Unis n’ont cessé depuis plus d’un an d’accroître leur pression sur la Birmanie en riposte au coup d’Etat militaire de février 2021. La numéro deux de la diplomatie américaine Wendy Sherman a reçu jeudi des émissaires en exil de l’opposition démocratique birmane, mais le pays sera probablement représenté au sommet par une chaise symboliquement vide.