FranceIl écope de la perpétuité pour avoir tué une jeune femme
Jeudi, la justice française a condamné un étudiant algérien pour la mort d’une jeune femme et pour avoir fomenté, sans résultat, un attentat dans une église.
La réclusion criminelle à perpétuité a été confirmée jeudi à l’encontre de l’étudiant algérien Sid-Ahmed G., jugé en appel pour le meurtre d’une jeune femme et un attentat avorté contre une église de Villejuif (Val-de-Marne) en avril 2015.
L’étudiant de 30 ans, «en état de stress», selon la présidente de la Cour d’assises spéciale Emmanuelle Bessone, a refusé de se présenter à l’audience pour l’énoncé du verdict. Il a refusé de sortir de sa cellule du Palais de justice malgré la visite de ses avocats, obligeant la Cour d’assises spéciale de Paris à envoyer un huissier lui notifier son jugement.
«Cela démontre la lâcheté de cet individu qui s’est révélé finalement incapable d’affronter la famille d’Aurélie C.», a estimé Me Antoine Casubolo-Ferro, l’avocat de la jeune femme assassinée, interrogé par l’AFP. Mais la Cour s’est finalement montrée moins sévère que les réquisitions des avocats généraux du Parquet national antiterroriste (PNAT) qui avait réclamé la peine maximum prévue par la loi à l’encontre de l’accusé.
Perpétuité
Si Sid-Ahmed G. écope, comme en première instance, de la perpétuité, il n’est plus soumis à une peine de sûreté de 22 ans. En revanche, son interdiction de territoire à l’issue de son emprisonnement a été confirmée.
À l’ouverture de l’audience, Sid-Ahmed G. avait demandé «pardon» à la famille de la jeune femme, mère d’une petite fille de 4 ans à l’époque des faits. «Que vaut ce pardon alors qu’il s’obstine à ne pas reconnaître l’assassinat d’Aurélie?» a confié à l’AFP le père de la jeune femme, Jean-Luc Chatelain. Plusieurs avocats, y compris de la défense, ont critiqué l’attitude de Sid-Ahmed G., reconnu coupable de l’assassinat d’Aurélie Chatelain ainsi que de la tentative d’attentat contre une église de Villejuif.
Au cours de son procès en appel, Sid-Ahmed G. a reconnu s’être rendu en Syrie en octobre 2014 et février 2015 pour y rencontrer des cadres du groupe État islamique et prêter allégeance à l’organisation islamiste. Il a également admis qu’il comptait bien commettre un attentat meurtrier contre une église de Villejuif. Mais il a nié être l’assassin d’Aurélie C., une mère de famille de 32 ans, tuée sur un parking de Villejuif le 19 avril 2015. Au cours des audiences, il a simplement admis porter «une part de responsabilité» dans la mort de la jeune femme.
«Faire peur»
Comme en première instance, Sid-Ahmed G. a soutenu qu’un mystérieux complice, dont les enquêteurs n’ont trouvé aucune trace, avait tué Aurélie C. Seuls le sang et l’ADN de Sid-Ahmed G. ont été retrouvés sur la scène de crime, ont rappelé les enquêteurs au cours du procès.
Après l’assassinat, Sid-Ahmed G. s’était accidentellement blessé à la cuisse en remettant son arme à la ceinture. Cette blessure l’a contraint à renoncer à son projet d’attentat contre une église. Autre concession de l’étudiant algérien, il a admis pendant son procès en appel que son plan était bien de tuer des paroissiens dans cette église et pas seulement de leur «faire peur», comme il l’avait affirmé lors de son premier procès.
Des peines réduites
Les trois principaux coaccusés de Sid-Ahmed G. ont vu leurs peines réduites par rapport au jugement de première instance. Rabah B., considéré par l’accusation comme le «logisticien en chef» de l’opération, a été condamné à 25 ans de réclusion contre 30 ans en première instance. Comme Sid-Ahmed G. et les autres coaccusés, sa peine n’est pas assortie d’une période de sûreté.
Avant la sentence, il avait salué «le courage et la dignité» de la famille d’Aurélie C. «Je n’ai jamais voulu la mort de personne ni d’Aurélie C. ni de paroissiens», a-t-il dit. «Je ne suis pas complice d’un projet de tuerie», a-t-il soutenu tout en reconnaissant «un manque de discernement». Ami et «bras droit» de Rabah B., qu’il a accompagné lors de plusieurs déplacements en lien avec l’affaire, Farid B. a vu sa peine passer de 25 à 18 ans de prison.
Abdelkader J., contacté par Rabah B. pour fournir des gilets pare-balles et un véhicule volé qui a servi de «cache» pour les armes, a été condamné, pour association de malfaiteurs terroriste, à 13 ans de prison. En première instance, il avait écopé d’une peine de 15 ans de réclusion assortie d’une période de sûreté des deux tiers.
Délinquant multirécidiviste de son propre aveu, Abdelkader J. n’a eu de cesse de clamer qu’il n’était «pas un terroriste». La famille d’Aurélie C. a réconforté les accusés à l’issue de l’audience. Contrairement à Sid-Ahmed G., tous avaient exprimé de la compassion et condamné sans réserve le meurtre de la jeune femme.