Formule 1Les Ferrari ont progressé… Peut-être!
À Spa, Charles Leclerc signait le premier podium pour la Scuderia depuis le Grand Prix d’Autriche. Après deux Grand Prix à vide, Ferrari s’est retrouvée meilleure écurie derrière les Red Bull.
- par
- Luc Domenjoz
À Budapest, le dimanche précédent, et en Angleterre, deux semaines plus tôt, les deux Ferrari avaient montré pâle figure: 9e et 10e en Angleterre, 7e et 8e en Hongrie, la Scuderia se débattait avec des problèmes de dégradation des pneus qui rendaient ses monoplaces peu compétitives.
À Spa, dimanche, ce problème semble avoir été - en partie en tout cas – résolu: alors que la dégradation des gommes s’y est avérée nettement plus importante que prévu - obligeant beaucoup de pilotes à s’arrêter dès le 6e tour pour en changer -, les Ferrari sont revenues du Grand Prix de Belgique comme les meilleures voitures derrière les intouchables Red Bull de Max Verstappen et Sergio Perez.
«Notre rythme était meilleur que d’habitude ici», relevait Frédéric Vasseur, le patron de la Scuderia, dimanche soir, après la course. «Parfois, quand vous n’avez pas assez de performance, vous devez forcer votre talent, pousser la voiture au-delà de ses limites. Et vous détruisez vos pneus. Il est nettement plus facile d’adopter une bonne stratégie quand le rythme est là, vous n’avez alors plus qu’à gérer.»
Leclerc prudent
Ce nouveau podium n’a pas pour autant transporté Charles Leclerc de joie. Le Monégasque expliquait voir des signes d’amélioration, mais voulait rester prudent quant à la situation générale de Ferrari. «C’est probablement un peu tôt pour crier victoire, mais disons que voilà deux ou trois courses que nous gérons mieux nos pneus», admet-il.
«Aujourd’hui, on a fini loin des Red Bull, mais ce n’était pas à cause des pneus. Elles étaient juste tellement plus rapides. Cela dit, nous n’avons pas souffert de forte dégradation des gommes comme ce fut parfois le cas. On doit garder ce problème à l’œil: dans certaines conditions, on sort de leur fenêtre d’utilisation, et c’est la galère. Mais aujourd’hui, ma course a consisté à garder Lewis Hamilton derrière moi, on a juste calqué ma stratégie sur ce qu’il faisait. On a réagi à son changement de pneus un tour plus tard, et c’est aussi ce qu’ont fait les Red Bull ensuite… Lewis avait un bon rythme aujourd’hui, mais je savais que je pouvais le garder derrière moi.»
L’amour vache entre Max Verstappen et Gianpiero Lambiase
Le tandem entre le pilote Max Verstappen et l’ingénieur Gianpiero Lambiase fonctionne parfaitement. Le duo travaille ensemble depuis 2016, et s’ils ne sortent pas boire de verres ensemble (les ingénieurs n’en ont pas le temps, et les pilotes ne boivent pas d’alcool!), leur entente et leur complicité est parfaite.
Mais parfois, leur jeu peut surprendre. À Spa, alors qu’il était deuxième derrière Sergio Perez, Max Verstappen a eu la surprise de voir son équipier changer ses pneus en premier, profitant ainsi de «l’undercut» (tactique qui consiste à s’arrêter le premier pour bénéficier de l’avantage en performances offert par les gommes neuves).
Quand Max Verstappen a demandé à son ingénieur ce qui se passait, Gianpiero Lambiase a répondu: «Max, utilise ton cerveau!» «On le fait les deux ou quoi? (sous-entendu: les deux pilotes, ndla)», a rétorqué le champion du monde. «Max, suis mes instructions, s’il te plaît», a tranché Lambiase.
Trop vite
Un peu plus loin, après le deuxième changement de pneus du Néerlandais, les ingénieurs de Red Bull - grâce aux informations de télémétrie envoyée par la voiture - se sont rendu compte que le pilote avait trop attaqué en reprenant la piste, et qu’il avait déjà considérablement dégradé ses pneus tendres. «Max, tu as été trop vite, réfléchis un peu», a repris l’ingénieur. «On pourrait changer de pneus encore une fois, ça entraînerait un peu l’équipe», s’est alors moqué le pilote en réponse. «Non, nous ne ferons pas ça cette fois-ci, Max», a tranché Gianpiero Lambiase.
Après la course, Max Verstappen ne savait trop que penser de ces échanges. «Je sais que l’écurie n’aime pas trop faire un arrêt de plus, mais je l’ai dit pour les énerver un peu», s’amusait le vainqueur du jour. «Et quand il (Gianpiero Lambiase) a répondu qu’ils ne le feraient pas, ça me va. On se connaît très bien, lui et moi, nous avons une très bonne relation. Aujourd’hui, le ton de notre échange était plutôt… 50-50: 50% sérieux, 50% humoristique…».