JuraDes étudiants au chevet de la Petite Gilberte de Courgenay
Pour des apprentis auteurs d’un parcours informatif, la mascotte des soldats est une personnalité jurassienne importante «dont on ne parle pas assez».
- par
- Vincent Donzé
Sommelière à l’Hôtel-Restaurant de la Gare de Courgenay tenu par ses parents pendant la Première Guerre mondiale, la Petite Gilberte est associée à l’histoire des troupes militaires stationnées dans le Jura, au point de faire de cet établissement un lieu de pèlerinage. Mais pour la nouvelle génération, incarnée par une classe de maturité de l’école professionnelle de Delémont, celle qui a accueilli des soldats suisses protégeant la frontière «est une personnalité jurassienne importante dont on ne parle pas assez».
Selon «Le Quotidien Jurassien», ils sont dix élèves de la division commerciale réunis derrière un parcours explicatif. Neuf panneaux informatifs seront répartis samedi prochain sur un tracé de 2,5 kilomètres, à travers le village de Courgenay, proche de Porrentruy.
L’Hôtel-Restaurant de la Gare à Courgenay est devenu légendaire pour sa serveuse qui connaissait «300’000 soldats et tous les officiers», selon la chanson que lui ont consacrée des soldats lucernois, que son petit frère Paul a retenue et que l’interprète Hanns In der Gand a popularisée.
En parlant suisse allemand à la suite d’un séjour d’une année comme fille de ménage, Gilberte Montavon a permis aux soldats de se sentir «presque comme chez eux» en Ajoie. Elle avait alors 18 ans et sa mémoire des noms, des visages et des histoires personnelles était source de réconfort.
Souris d’agneau
Dans le parking du restaurant qui fait de la souris d’agneau et du chapeau tartare ses spécialités, les plaques d’immatriculations sont souvent alémaniques. Pour ces fans, c’est un film de 1941 avec l’actrice Anne-Marie Blanc qui a popularisé ce pan d’histoire.
Au cinéma, ce personnage soutient le moral des soldats suisses mobilisés entre 1914 et 1918. Devenue un symbole de résistance et de cohésion pendant la Deuxième Guerre mondiale, Gilberte de Courgenay est aujourd’hui un pont entre Romands et Alémaniques.
En 2015, pour 930’000 francs, c’est un couple d’avocats alémaniques qui a acquis aux enchères le restaurant mythique de Courgenay, suite à la faillite d’une fondation. «Ce bâtiment est un monument identitaire pour les Romands et les Alémaniques. Nous souhaitons attribuer à cet hôtel la place qu’il mérite dans la mémoire suisse», disaient alors Evelyne et Bruno M. Bernasconi-Mamie.
Il y a trois ans, une sculpture en hêtre de l’artiste suisse Inigo Gheyselinck a été placée dans la salle à manger, après avoir fait la promotion du bois suisse lors d’un périple de deux ans. Remise à la République et Canton du Jura par la Confédération, elle «porte haut les couleurs de son district et du bois régional».
Ce don de la Confédération se veut «un bel hommage à l’histoire du XXe siècle et à celle des troupes militaires stationnées dans le Jura». Son bois provient d’une forêt de Courgenay.