FormationUne commission du National lance sa solution pour pallier le manque de profs
Elle a déposé une motion pour permettre aux titulaires d’une maturité professionnelle d’être admis sans examen dans les HEP afin de suivre une formation à l’enseignement primaire.
- par
- Christine Talos
On le sait, la Suisse fait face à une pénurie d’enseignants. Selon l’Office fédéral de la statistique, il faudrait que leur nombre croisse d’environ 6% jusqu’en 2031 pour faire face à la hausse démographique. En tenant compte des départs et retraites, cela signifie qu’il faudrait recruter jusqu’à 76’000 nouvelles personnes. Du coup, la Commission de la science, de l’éducation et de la culture du National a décidé de réagir et de proposer ses solutions.
Elle a en effet décidé vendredi par 15 voix contre 8 et 2 abstentions de déposer une motion pour que le Conseil fédéral introduise la possibilité pour les titulaires d’une maturité professionnelle d’être admis sans examen aux hautes écoles pédagogiques. Contrairement aux titulaires d’une maturité gymnasiale qui n’ont pas besoin d’un tel examen préalable.
Rendre la maturité professionnelle plus attrayante
«Il n’est pas justifié d’exiger un examen d’admission de la part des titulaires d’une maturité professionnelle qui veulent entrer dans une HEP pour y suivre une formation d’enseignant du niveau primaire», souligne la commission. «L’objectif de la maturité professionnelle est d’offrir de nouvelles perspectives aux apprentis et aux jeunes professionnels. Mais elle ne sera attrayante pour ses titulaires que si les écoles supérieures leur ouvrent leurs portes sans condition supplémentaire», estime-t-elle.
Selon elle, «en obligeant les titulaires d’une maturité professionnelle à passer un examen d’admission, on n’apprécie pas à sa juste valeur l’expérience du futur enseignant dans un autre domaine. Or, nous avons absolument besoin de ces personnes en raison de la pénurie d’enseignants», insiste la commission. «Faire une maturité professionnelle durant ou après un apprentissage requiert un important investissement de la part des apprentis. Les obliger ensuite à suivre un cours préparatoire et à passer l’examen d’admission est, pour eux, une perte de temps inutile», ajoute-t-elle encore.
«On en est presque à proposer un poste d’enseignant au premier venu»
La commission relève enfin le paradoxe actuel pour faire face à la pénurie. «On souhaite engager des étudiants et des personnes retraitées. On en est presque à proposer un poste d’enseignant au premier venu», relève-t-elle. «Il est incompréhensible que des personnes très bien formées, titulaires d’une maturité professionnelle, doivent faire face à des obstacles inutiles pour accéder aux hautes écoles pédagogiques».
À noter qu’une minorité de droite de la commission a toutefois rejeté cette motion, estimant que selon l’orientation de leur maturité professionnelle, les titulaires ne disposent pas tous des compétences générales nécessaires pour suivre une formation dans une HEP.