Wimbledon: Surexposée et éliminée, Emma Raducanu a perdu sa flamme 

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WimbledonSurexposée et éliminée, Emma Raducanu a perdu sa flamme

Douze mois après son éclosion, la superstar anglaise multiplie les sponsors mais ne gagne plus. Elle n’avait pas les armes pour inquiéter Caroline Garcia (3-6, 3-6).

Mathieu Aeschmann Londres
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Mathieu Aeschmann Londres
Emma Raducanu a beau tout faire pour retrouver son rythme, ses coups ont perdu leur tranchant.

Emma Raducanu a beau tout faire pour retrouver son rythme, ses coups ont perdu leur tranchant.

AFP

À la sortie du métro, station Wimbledon, Emma Raducanu accueille les pèlerins. La championne de l’US Open s’étale sur les façades des immeubles pour la banque HSBC. On la retrouve à l’entrée du bureau de tabac, via le géant de la téléphonie Vodafone puis au détour de tous les journaux ou magazines. La championne de l’US Open n’a rien volé. Son été 2021 en apesanteur l’a propulsée «personnalité sportive de l’année» (BBC). Tout le monde l’adore: le public, les marques et, depuis quelques mois, ses adversaires. Car Emma Raducanu ne gagne plus. Mardi sur le Centre Court, Caroline Garcia n’avait qu’à faire attention de ne pas s’autodétruire. Elle l’a balayée 6-3, 6-3.

Qu’est-il arrivé à la coqueluche du public anglais? Depuis la tribune de presse du Centre Court, un constat s’impose. Sa balle ne sort plus de la raquette. On schématise, certes. Mais la réalité demeure. La jeune anglaise étale une attitude impeccable, elle se bat et semble plutôt affûtée malgré sa blessure au dos contractée il y a trois semaines à Nottingham. Par contre, elle a perdu son relâchement et le formidable timing qui l’avait portée vers son triomphe new-yorkais. Appliqué, propre techniquement, le tennis d’Emma Raducanu ne brille plus. Il est vide.

Faut-il mettre en relation cette perte de repères sportifs avec les gains financiers qu’elle accumule hors du court? L’association est tentante. D’autant plus que la liste de ses sponsors s’allonge chaque semaine: HSBC, Dior, Vodafone, Tiffany & Co (elle portait pour 40 000 francs de bijoux sur le court), Evian, British Airways, SportsDirect, Porsche. La liste donne le tournis.

Se recentrer sur le jeu

Née à Toronto d’une mère chinoise, Emma Raducanu possède le potentiel d’imposer sa marque sur tous les marchés. Elle ne s’en prive pas. Mais à quel prix? «L’équilibre est dur à trouver mais il faut savoir dire stop, précise Régis Brunet, agent pionnier du tennis chez IMG, dans L’Équipe. Se dire que ma carrière, c’est d’être sur le court, et pas d’être entourée de VIP pour faire des photos. Se dire que le tennis est ma priorité, c’est un signe de personnalité, un signe de championne.»

Et l’homme qui avait fait signer son premier contrat à Roger Federer de proposer une analogie éclairante. «Regardez Swiatek: elle est sûre de ne pas avoir trop de sponsors! Elle se protège tellement. Elle met sa casquette tout le temps, même quand elle reçoit les coupes les plus prestigieuses. (…) Si c’est volontaire, c’est formidablement bien fait. Si elle veut rester anonyme, elle s’y prend parfaitement. On voit là des stratégies différentes sur les façons de se servir de sa notoriété.» Demain Iga Swiatek jouera pour une 37e victoire d’affilée. En 2022, Emma Raducanu n’a remporté que huit matches. 

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