TennisRafael Nadal: «J’ai dû faire des injections avant chaque match»
L’homme aux quatorze sacres à Roland-Garros, qui souffre d’une blessure chronique au pied, a expliqué ce qu’il a fait endurer à son corps pendant la quinzaine. Et assuré que c’était la dernière fois.
- par
- Jérémy Santallo Paris
Il vient de remporter Roland-Garros pour la 14e fois mais on sent bien qu’avec ce pied – il est victime de ce que l'on appelle le syndrome de Muller-Weiss, une pathologie rare – qui le fait souffrir le martyre, ce nouveau sacre dans son jardin parisien a une saveur particulièrement différente cette année.
Applaudi par les journalistes lors de son arrivée en conférence de presse, vers 19 h 30, Rafael Nadal a commencé par rappeler à quel point il était heureux de voir cette coupe des Mousquetaires posée devant lui. «Je suis très ému. Cela signifie tout pour moi et dans un sens, c’est inattendu. Cela a été deux belles semaines, où je me suis amélioré tous les jours, a-t-il expliqué, avant d’avoir de jolis mots pour le finaliste, Casper Ruud. «C’est un joueur incroyable, qui progresse tous les jours. C’est probablement un moment difficile pour lui mais je suis sûr qu’il est fier, avec son équipe, de ce qu’il a accompli ici. J’aimerais le voir avec ce trophée dans le futur.»
Et puis très vite, les questions ont basculé sur son pied gauche. Le Majorquin avait demandé de ne plus être interrogé sur le sujet pendant la semaine et avait laissé entendre qu’il en dirait plus une fois la quinzaine terminée. Alors il s’est expliqué. «Si on prend les circonstances dans lesquelles j’ai évolué ici, je ne peux et ne veux pas continuer comme ça. J’ai joué après avoir reçu des injections dans les deux nerfs pour m’endormir le pied. Avant chaque match. Vous ne voulez pas savoir combien j’en ai fait, ni combien d’anti-inflammatoires j’ai avalé… Mais c’est comme ça que j’ai été capable de jouer. Parce que je n’avais aucune sensation, ni sensibilité au niveau du pied.»
Le recordman de titres en Grand Chelem (22) a ensuite souligné qu’il avait pris «un gros risque», comme celui de voir sa cheville se tordre en raison de son non-ressenti. «Roland-Garros, c’est Roland-Garros. C’était le seul moyen de me donner une chance de concourir ici donc je l’ai fait, a-t-il poursuivi, avant de se positionner sur une éventuelle participation à Wimbledon. J’irais si mon corps est prêt. Point. C’est un tournoi que je ne veux pas rater parce que je l’aime, que j’ai eu beaucoup d’émotions et de succès là-bas. Je ne peux pas vous dire avec certitudes si j’y serai. Si je veux le gagner? Bien sûr. Mais d’abord, il va falloir regarder si le nouveau traitement fonctionne.»
Dès la semaine prochaine, Rafael Nadal va utiliser la radiofréquence pour désensibiliser les deux nerfs et ainsi essayer de créer une longue période sans douleurs. «Si ça ne marche pas, alors ce sera une autre histoire. Et là, je devrais me demander si je suis prêt à faire quelque chose de plus lourd, sachant qu’une opération ne me garantit pas de pouvoir être compétitif à nouveau après. Cela prendrait beaucoup de temps pour revenir, a-t-il encore dit. Si je suis capable de jouer juste avec des anti-inflammatoires, je peux vivre avec. Avec des injections, non. Je ne veux pas me remettre dans cette situation. Cela peut arriver une fois mais ça ne peut pas être une philosophie de vie.»